Quelques mois plus tard, en janvier, un autre Boeing 707 de la TWA est détourné entre Paris et Rome et contraint de poursuivre sa route jusqu'à Beyrouth. Mais, cette fois, le pirate de l'air est un Français, Christian Bellon, moniteur de gymnastique, qui déclare avoir agi par amour du Liban et par sympathie pour la cause palestinienne. Avant de mettre pied à terre au Liban, Christian Bellon tire des coups de feu dans le tableau de bord...

Cependant, c'est à bord d'un avion japonais qu'a été vécue, au début du mois d'avril, l'aventure la plus hallucinante et la plus angoissante. Neuf étudiants gauchistes brandissant des sabres de samouraï, montrant leurs poches bourrées d'explosifs, se sont emparés d'un appareil des Japan Air Lines à destination de Séoul, en exigeant qu'il se pose en Corée du Nord, où les jeunes maoïstes veulent se réfugier. Le Boeing se pose d'abord, néanmoins, sur l'aéroport de Séoul, décoré de drapeaux et de slogans communistes... pour faire croire aux pirates qu'il s'agit de celui de Pyongyang. Mais ces derniers éventent la ruse et menacent de tout faire sauter et de mourir avec les passagers si satisfaction ne leur est pas donnée. Vexées, les autorités de la Corée du Sud refusent de céder et de laisser l'appareil décoller. Une tragique attente de soixante-douze heures commence. À la fin, il est décidé que l'appareil sera conduit en Corée du Nord comme l'exigent les ravisseurs. Les passagers, qui n'ont guère mangé, bu ni dormi pendant soixante-douze heures et vécu, au nombre de quatre-vingt-dix-neuf, dans d'effrayantes conditions d'hygiène, sont autorisés à descendre. Pour remplacer ces otages, le vice-ministre nippon des Transports, Shinjuro Yamamura, a courageusement proposé de monter à bord.

La lutte contre la piraterie aérienne a été amorcée en 1963 par la convention de Tokyo, qui donne aux commandants de bord des pouvoirs de police, mais ne prévoit pas de mesures pénales. Le 30 mai 1970, le Parlement français adopte une loi réprimant le détournement d'avion, qui figure désormais dans la liste des crimes du code pénal. Des peines très lourdes sont prévues, allant jusqu'à la réclusion criminelle à perpétuité.

Un « éloquent » bilan

Pour les trois premiers mois de 1970, il y a eu 17 tentatives de détournement, dont 9 réussies. Cinq personnes ont été tuées. Pour la période allant de 1950 à 1969, on a relevé 164 tentatives, dont 144 réussies, soit en moyenne 16 par an. Ces 144 appareils étaient immatriculés dans 32 États différents. Durant la même période 29 personnes ont été tuées, dont 5 pirates, et 27 blessées, dont 3 pirates.

Le sous-marin « EURYDICE » perdu corps et biens

L'Eurydice (à bord de laquelle le général de Gaulle avait effectué une plongée en février 1968) a sombré en Méditerranée le 4 mars 1970, vers 7 h. 30 du matin, avec 57 hommes. À 7 h. 28, une explosion avait été détectée. Que s'est-il passé ?

Contrairement à ce qui s'était passé pour la Minerve, disparue en mer en janvier 1968 (Journal de l'année 1967-68), l'endroit du naufrage de l'Eurydice — au large de Saint-Tropez — était parfaitement localisé. Le gouvernement français a fait appel au bâtiment américain Mirzar, spécialisé dans la détection des épaves. Celui-ci devait réussir, grâce à une sonde, à photographier, par 900 m de fond, un débris métallique de 1,5 m sur 0,50 m du sous-marin.

La calomnie s'abat sur trois villes de France

La calomnie reste une arme redoutable. On l'a vu dans trois villes de province, Orléans, Amiens et Dinan, où certains commerçants ont été victimes d'une absurde et invraisemblable campagne de rumeurs les accusant de se livrer à la traite des Blanches.

Orléans

À Orléans, elle offre de nauséabonds relents d'antisémitisme : les boutiques de mode montrées du doigt appartiennent toutes à des juifs. De bouche à oreille, le bruit se répand que des jeunes filles ou des jeunes femmes, après avoir pénétré dans la cabine d'essayage, sont piquées et droguées, emmenées à travers des souterrains datant de Jeanne d'Arc jusqu'à la Loire et, de là, embarquées vers des pays lointains. Le plus sérieusement du monde, les colporteurs de ces nouvelles font le compte exact des malheureuses prises au piège : 60 adolescentes se sont volatilisées, oui, parfaitement. Que pareilles balivernes puissent trouver des gens pour les croire et les répéter est confondant.