L'extraordinaire exploit d'Apollo 11 a été qualifié de « miracle technique » par de nombreux observateurs ; ils considéraient comme téméraires certaines conditions de vol imposées par la limitation de la charge utile de la fusée. Certes, tout était archicontrôlé ; les organes essentiels étaient doublés ; les commandes automatiques et manuelles étaient interchangeables à tout instant. Mais, en fait, les impératifs du poids disponible faisaient encourir certains risques. Lorsque l'Aigle a atterri, le propergol qui restait dans ses réservoirs ne correspondait plus qu'à 45 secondes de vol supplémentaire. Or, un atterrissage tant soit peu brusque ne pouvait qu'endommager irrémédiablement un matériel très fragile, parce que très léger. On imagine aussi ce qui serait arrivé si le moteur de remontée avait refusé de s'allumer ou si une météorite avait perforé un réservoir...

« Apollo 12 » : mission parfaitement réussie

Le 14 novembre, lancement à Cap Kennedy d'Apollo 12, deuxième voyage sur la Lune. La mission est commandée par Charles Conrad, un vétéran (il a déjà participé aux vols Gemini 5 et Gemini 11, en août 1965 et septembre 1966), le pilote du CM est Richard F. Gordon (le compagnon de Conrad à bord de Gemini 11) ; enfin, un novice, Alan Bean, pilote le LM. Tous les trois sont des pilotes de l'aéronavale américaine.

Ce vol, dans ses grandes lignes, n'est qu'une répétition de celui d'Apollo 11. Toutefois, l'aller n'a pas lieu sur une orbite de retour naturel, mais sur une trajectoire hybride, n'entraînant pas un retour naturel de l'engin à la Terre en cas d'échec de la satellisation lunaire. En revanche, cette trajectoire est beaucoup plus courte que celle d'Apollo 11.

Le 19, à 7 h 54 mn, l'Intrepid (nom donné cette fois-ci au LM) atterrit « en plein dans la cible », suivant l'expression de Conrad, à 250 m de l'épave de la sonde automatique Surveyor 3, qui s'était posée là le 20 avril 1967. Au cours de leur première descente sur le sol lunaire, Conrad et Bean ont pour mission le prélèvement d'échantillons et l'installation d'une station scientifique comportant un sismomètre, un détecteur d'atmosphère, un magnétomètre, un détecteur de vent solaire et un émetteur de télémesure. Le lendemain, lors de leur seconde sortie, les cosmonautes étudient l'épave du Surveyor pour constater les effets de deux ans d'exposition en milieu lunaire. Ils procèdent à un démontage minutieux de quelques pièces qu'ils ramèneront sur la Terre.

Le décollage a lieu le 20, à 15 h 26 mn, et l'accostage du Yankee Clipper (nom du CSM) est réussi à 19 h 1 mn. Mais le retour ne sera véritablement entrepris que le lendemain, à 21 h 49 mn, le programme prévoyant cette fois un séjour de vingt-six heures sur orbite lunaire avec mission d'observation photographique et visuelle.

C'est le 24 novembre à 21 h 58 mn que la capsule amerrit, avec une grande précision, près du porte-avions Hornet, qui l'attend à quelque 650 km au sud-est de l'archipel des Samoa.

Une panne sans importance

Le lancement ayant eu lieu malgré des conditions météorologiques exécrables, une décharge électrique entre les nuages et l'engin avait privé brusquement les cosmonautes de courant électrique. Fort heureusement, à peine Conrad venait-il de signaler la panne, que sa voix se faisait entendre de nouveau pour annoncer le retour du courant. Hélas ! on ne peut pas compter toujours sur les miracles : la caméra de télévision en couleurs refusa obstinément de fonctionner sur le sol de la Lune, décevant les spécialistes de la NASA, qui tirent toujours un grand parti de ces images, et frustrant les téléspectateurs.

Une mission lunaire parfaitement réussie (presque une routine). Bien que les analyses faites et refaites lors du premier voyage n'aient pas révélé la moindre trace de microbe lunaire, l'équipage d'Apollo 12 s'est vu infliger à son tour la quarantaine. Un aspect des missions lunaires que les cosmonautes ne souhaitent pas voir devenir une habitude.

« Apollo 13 » : une tragédie évitée de justesse

Considéré comme un exploit fabuleux seulement quelques mois auparavant, le voyage sur la Lune semble être devenu une mission routinière. D'où l'indifférence qui préside au départ d'Apollo 13, le 11 avril 1970, avec Lovell (dont c'est le quatrième vol spatial), Swigert et Haise. Trois jours après, c'est le drame : des réservoirs d'oxygène ont fait explosion à l'intérieur du module de service et, faute de ce gaz, les piles à combustible n'alimentent plus le vaisseau en énergie électrique ni en eau. Or, à bord de l'engin, tous les services, de la mise à feu des moteurs au conditionnement de l'atmosphère, en passant par le contrôle de l'altitude, tous les services sont tributaires de l'énergie électrique.