Il s'agit, ensuite, de réformer la gestion des chemins de fer, en modifiant radicalement la convention qui lie l'État à la SNCF. L'État rembourserait exactement les charges qu'il impose à la SNCF. Celle-ci serait gérée « dans un esprit commercial et non plus selon des méthodes administratives ».

Il faut, enfin, que la SNCF poursuive et accentue l'effort de modernisation qu'elle a entrepris au cours des dernières années, c'est-à-dire qu'elle concentre son activité sur les secteurs où elle est la plus rentable : trains complets ou porte-cadres pour les marchandises, trains rapides pour les voyageurs.

La SNCF devenue concurrentielle, on pourrait laisser jouer la concurrence et, en particulier, libérer les routiers, les bateliers, ou les compagnies aériennes intérieures des contraintes qui leur sont imposées.

De proche en proche, on voit ainsi comment on passe de la réforme de la SNCF à une nouvelle coordination de l'ensemble des transports.

Cela au moment même où une autre société nationale de transport, Air France, enregistre à nouveau des pertes importantes : plus d'une vingtaine de millions, sans doute, en 1968. En 1967-68, alors que le trafic de la compagnie privée UTA s'est accru de 26 % et celui d'Air Inter de 15 %, le trafic d'Air France a diminué de 1 %.

C'est autour des questions d'équilibre financier et, par voie de conséquence, de restructuration et de coordination que s'oriente la politique des transports en France.

Distribution

Un signe de la mutation : les hypermarchés

La transformation des habitudes d'achat des Français, vite conquis par le libre-service et par les magasins de grande surface situés à la périphérie des villes, n'est plus à découvrir.

Nouvelles formules

Les premiers hypermarchés ont fait leur apparition il y a deux ans. Ces nouveaux venus, de plus en plus vastes (jusqu'à 15 000 m2 de surface de vente), seront 75 à la fin de l'année. Créés par des commerçants indépendants, par des chaînes volontaires de grossistes ou de détaillants, par des maisons à succursales, par des grands magasins et des magasins populaires, voire par des coopératives de consommation, ces magasins de grande surface ont donné naissance à des accords commerciaux de type nouveau, puisqu'ils sont parfois exploités en collaboration, suivant des formules variées, par deux ou plusieurs groupes appartenant à des secteurs différents de la distribution.

Le développement d'une autre forme de distribution sera à surveiller dans les années qui viennent : les centres commerciaux, qui réunissent dans une même enceinte grand magasin, supermarché, drugstore, boutiques spécialisées, centre de loisirs, restaurant, etc. Plusieurs projets sont déjà en cours de réalisation, dans le Midi et dans la région parisienne.

Autre preuve de l'évolution de l'appareil commercial français : pour la première fois depuis 1961, le nombre des établissements commerciaux a baissé en 1968 (— 3 736).

– Supermarché. Il vend, en libre-service, essentiellement des produits alimentaires, sur une surface de 400 m2 à 2 500 m2.

– Hypermarché. Il commercialise, également en libre-service, des marchandises de toutes sortes, en faisant une large part, jusqu'à 40 %. aux produits non alimentaires Il couvre plus de 2 500 m2 de surface de vente et offre à sa clientèle de grands parkings.

Le mécontentement

À la fin de 1968, le commerce, surtout à Paris, a connu une période d'activité intense, tout à fait inhabituelle ; après un rattrapage de consommation en septembre et en octobre, dû en grande partie à l'abstinence forcée de mai et juin et à l'intermède des vacances, on a assisté en novembre à une véritable frénésie d'achats.

La crainte d'une dévaluation du franc a amené les Parisiens à investir dans des biens semi-durables le surplus de disponibilités que leur avaient procuré les hausses de salaires consécutives aux accords de Grenelle. Ce rush fut particulièrement sensible dans les rayons de gros appareils ménagers (machines à laver, cuisinières), de radio-télévision, de meubles, de tapis. « Durant la deuxième quinzaine de novembre, nous avons vendu des chaînes à haute fidélité à la cadence où nous vendons habituellement des électrophones », déclara un commerçant spécialisé.