Le commerce extérieur de la mécanique, qui s'était amélioré de 1966 (88 % de couverture des achats par les ventes) jusqu'au premier trimestre de 1968 (95 %), s'est considérablement détérioré depuis lors. Pour les douze mois de l'année 1968 le taux de couverture a été de 85 % (88,6 % pour 1967) et de 70 % si on ne tient compte que des pays hors zone franc.

Les exportations ont pourtant progressé de 11 % (par rapport à 1968) — elles représentent grosso modo le tiers de la production nationale des entreprises —, mais les importations ont augmenté plus encore : de 15,8 %. Au total, le déficit commercial pour les industries mécaniques est de l'ordre de 1,8 milliard de francs.

La dégradation du taux de couverture est sensible pour les machines et appareils de bureau (57 % contre 84 % en 1967), le machinisme agricole (51 % contre 60 %). Un net redressement, par contre, dans le matériel pour les industries textiles (162 % contre 106 %).

Afin, notamment, de faire meilleure figure à l'exportation, un certain nombre d'entreprises de la mécanique ont poursuivi leur mouvement de regroupement. Citons les rapprochements suivants : Stein et Roubaix et la firme américaine Midland-Ross (fours industriels) ; Siacky et Sculfort (machines-outils) ; Régie Renault associée au groupe Richier et Benoto (matériels de forage).

Enfin, de longs mois seront nécessaires pour mener à bonne fin la réforme des structures de l'organisation patronale de la mécanique.

Les 10 000 entreprises de cette branche sont actuellement regroupées en une fédération (président François Peugeot) par l'intermédiaire de 80 syndicats professionnels (décolletage, étamage, machines à écrire, machines-outils, etc.) qui ont été créés pendant la dernière guerre afin de faciliter la répartition des matières premières entre les firmes.

En deux temps

Nombre de ces syndicats sont inutiles et la Fédération des industries mécaniques tente d'en réduire le nombre en les rapprochant. Dans un deuxième temps, la Fédération de la mécanique et le syndicat de la construction électrique pourraient fusionner leurs services administratifs.

Automobile

La production devient « internationale »

Quatre semaines d'arrêt du travail n'ont pas empêché la production automobile française de progresser, en 1968, de 3 % par rapport à l'année précédente : 2 075 600 véhicules produits contre 2 009 673 en 1967.

Ces résultats ont été surtout obtenus grâce aux progrès enregistrés à l'exportation. Les immatriculations de véhicules français ont marqué le pas, progressant de 1 % seulement pour les voitures particulières et commerciales (1 230 200), mais de 10 % pour les véhicules utilitaires (151 600).

Les alliances

Après le passage, en 1963, du 4e constructeur français Simca sous la bannière étoilée de Chrysler, puis, en 1966, l'association de Renault et Peugeot, l'année 1968 a été marquée par un événement important : l'alliance de Fiat, principal constructeur italien, avec Citroën. L'accord conclu en octobre 1968, et longtemps retardé par le gouvernement français, prévoit une étroite coopération des deux firmes sur les plans de la recherche, des achats et des fabrications, ainsi qu'une prise de participation de 15 % de Fiat chez Citroën.

Cinq mois plus tard, la fusion entre le petit constructeur allemand NSU, qui exploite le moteur rotatif Wankel, et Volkswagen était réalisée. Or, depuis 1964, Citroën et NSU sont associés dans une société commune (Comotor) pour étudier et fabriquer ensemble une voiture équipée d'un moteur rotatif. À la table de Comotor vont donc se retrouver Volkswagen et Citroën, cette dernière déjà associée avec Fiat. Sur l'échiquier européen, où les filiales des grands constructeurs américains (General Motors, Ford, Chrysler) sont de plus en plus dangereuses, les pions hésitent encore à se placer.

Les marques étrangères les plus vendues en France

En 1968, 21 voitures neuves sur 100 vendues en France avaient été produites à l'étranger. En 1967, ce pourcentage n'était que de 15.

Les importateurs n'ont pas été sensiblement gênés par les mesures de contingentement temporaires décidées par le gouvernement afin de protéger le marché français à la suite des grèves de mai-juin 1968. En revanche, les difficultés rencontrées par les constructeurs français à la suite de ces événements ont facilité le développement de l'offensive étrangère (264 493 voitures immatriculées en France en 1968, contre 188 038 en 1967).