Le schéma de ces villes nouvelles a été clairement défini.

– Elles devront être complètes, c'est-à-dire fournir les emplois et les équipements nécessaires à tous leurs habitants.

– Elles seront structurées autour d'un centre qui regroupera, de manière aussi commode que possible, les services administratifs et commerciaux, les lieux d'animation (culture et distraction).

– Elles hébergeront environ 100 000 habitants en province, au moins 300 000 dans la région parisienne.

– Elles seront construites par tranches successives, pour atteindre leur maximum entre 1985 et l'an 2000.

On retrouve dans tous les programmes les mêmes tendances : circulation automobile limitée au strict minimum, volonté de supprimer les villes-dortoirs au profit d'agglomérations vivantes, reconstitution des places de village et des lieux de rencontre.

À l'étranger

Un peu partout dans le monde, on tente d'inventer de nouvelles formes de villes. Deux tendances : les villes enterrées, et, à leur verticale, les villes sous coupole.

Comme on l'a fait pour les Halles de Paris, toutes les grandes métropoles, saturées en surface, découvrent les ressources souterraines. À New York, les sous-sols du grand Central Terminal, du Rockefeller Center, de la Chase Manhattan auront bientôt leur réplique sous le World Trade Center. Philadelphie, Chicago, Pittsburgh se dotent également de complexes souterrains.

À Montréal, les architectes Ieoh Ming Pei, avec la place Villemarie, et Ludwig Mies Van der Rohe, avec Westmount Square, ont créé de véritables villes semi-souterraines. À Irkoutsk, en URSS, on projette la réalisation d'un stade souterrain, avec piste de patinage toutes saisons. À Tōkyō, l'architecte Junzo Sakakura a conçu le nouveau centre Skinjuku, vaste complexe commercial et de loisirs, au-dessous d'un effarant réseau de voies routières, de parkings et d'une station de chemin de fer. Cette architecture enterrée n'est jamais qu'un retour aux sources. À Jéricho, la plus vieille ville du monde (8000 av. J.-C.), les maisons étaient déjà à demi souterraines.

Projets à New York

À New York, les technocrates en quête de solutions travaillent sur trois projets grandioses. La construction d'immeubles de luxe et de jardins suspendus sur le métro qui prolonge Park Avenue ; l'axe du New York prestigieux, dans Harlem ; la construction d'une ville linéaire, à Brooklyn, le long d'une autoroute, colonne vertébrale de 8 km de long. Des écoles pour 20 000 enfants, des centres de loisirs feraient de ce New Brooklyn un creuset où se mélangeraient peut-être enfin les communautés de l'ancien quartier : Noirs et Blancs, Italiens, Juifs, etc. Le troisième projet, le plus grandiose, concerne Manhattan : c'est le Lower Manhattan Plan, ou plan pour le bas Manhattan. Des quartiers financiers et administratifs concentrés dans ce secteur, autour de Wall Street, le plan veut faire une métropole futuriste. La construction de deux tours de 400 m de haut est déjà commencée. Leurs 110 étages (avec piscines, salles de spectacles, galeries marchandes et, en sous-sol, parkings et accès au métro) abriteront les 130 000 employés des entreprises qui viendront s'y installer. 80 % de la surface de ce World Trade Center, qui a l'ambition de traiter tout le commerce du monde, sont déjà réservés.

Sous coupole

Plus neuves apparaissent les villes sous coupole, qui pourront ainsi connaître un climat éternellement serein. Le projet le plus fascinant est celui d'Epcot (Expérimental Prototype community of Tomorrow), étudié par Walt Disney avant sa mort. La construction d'Epcot a commencé, en Floride, près d'Orlando. 20 000 personnes y vivront dans un parc de 110 km2. Le cœur de la ville, en forme de roue géante, placé sous coupole, abritera le centre commercial, administratif et culturel. Au milieu, un hôtel de 600 chambres, sur 30 étages. Autour, des bureaux, des théâtres, des magasins, des piscines. La circulation automobile sera souterraine. La première phase du projet sera achevée en 1971. Budget prévu : 250 millions de dollars. Une ville du même type, fantaisie Disneyenne en moins, serait actuellement étudiée en Sibérie.

Grande-Bretagne

On s'attaque à un quartier sacré de Londres : Covent Garden. Son célèbre marché aux fruits et aux légumes va être transféré au bord de la Tamise. Tout le secteur libéré va être transformé. Deux grands axes de circulation le traverseront, sur des réseaux à 6 ou 8 voies. La population locale sera doublée (7 000 habitants au lieu de 3 500). Outre la construction d'immeubles d'habitation et d'hôtels, le projet du Conseil du Grand Londres prévoit l'agrandissement du célèbre Opéra, l'installation d'un centre de loisirs populaires, la création d'un théâtre et d'une maison de la culture.

Algérie

Avec le concours de Fernand Pouillon, le jeune État se lance dans l'architecture de vacances. 8 nouveaux villages maritimes y sont nés, le long des côtes. Première tranche : des maisons individuelles, destinées à l'utilisation familiale, qui s'intercalent comme de vraies maisons arabes, avec terrasses et patios. Deuxième tranche : des hôtels de luxe, en bungalows groupés par trois, avec club-house. À Tipasa, dans les ruines romaines, Fernand Pouillon a également construit un village de vacances. Au Sahara, enfin, il bâtit des hôtels. Six oasis sont ainsi en cours d'équipement, plus huit caravansérails du désert, d'Aïn-Sefra à Tamanrasset.