LYON. Peu de jours avant sa mort, le musée des Beaux-Arts inaugurait une rétrospective de l'œuvre de Léopold Survage, à laquelle succédait la première exposition importante, en France, de l'expressionniste allemand Émil Nolde.

BORDEAUX. Remarquable exposition présentée au musée d'Aquitaine : l'Or des Vikings, orfèvrerie suédoise du musée de Stockholm qui révélait un art de très haute qualité. La galerie des Beaux-Arts, pour l'exposition annuelle du Mai, rassembla quelque 150 tableaux et dessins, du xvie siècle à nos jours, sur le thème : l'Art et la musique.

ORNANS. La ville natale de Courbet a marqué le 150e anniversaire de sa naissance en lui consacrant un hommage qui ne pouvait avoir l'ampleur de l'exposition nationale espérée. Bien que réduit, cet ensemble était fort honorable.

POITIERS. Faire une exposition Théodore Chassériau, l'idée était bonne, mais la réalisation difficile. De petites toiles, des études, des dessins permettaient de mieux comprendre ce peintre mort fort jeune, situé à la charnière du xixe siècle, entre le classicisme d'Ingres et le romantisme de Delacroix.

BAYONNE. Au musée Bonnat, puisé dans le legs de l'artiste, une très belle exposition sur le thème : le portrait dessiné du xvie au xixe siècle.

COMPIÈGNE. Au musée Vivenel, 90 dessins de Dürer, Rembrandt, Ingres, Raphaël, Callot, David et Boucher.

Étranger

De toutes les expositions organisées à l'étranger, la plus importante par les répercussions qu'elle doit avoir dans l'histoire de l'art, la plus passionnante par les questions qu'elle pose, remarquable enfin par la qualité de nombre de chefs-d'œuvre qu'elle réunissait, fut celle des Primitifs flamands anonymes. Le musée Groeninge, à Bruxelles, avait rassemblé plus de 120 panneaux des xve et xvie siècles, dont aucun auteur n'est connu avec certitude. De nombreux panneaux venaient des musées de France et de Belgique, de Hollande, d'Allemagne, des États-Unis, et même de Melbourne, qui avait envoyé le célèbre triptyque des Miracles du Christ. Chacune des œuvres exposées posait un problème, et nul doute que les attributions faites naguère ne soient bouleversées par le colloque que d'éminents historiens d'art ont tenu devant ces admirables panneaux.

En Belgique encore, à Liège, le musée Wallon, célébrant le cinquième centenaire de la destruction de la ville par Charles le Téméraire, proposait une exposition sur le thème : Liège et Bourgogne. Elle se proposait de montrer l'activité artistique à Liège et dans les villes qui lui étaient associées, de la fin du xive à la fin du xve siècle.

Les Londoniens purent voir deux expositions de peintres modernes. Célébrant avec une année d'avance le centième anniversaire de sa naissance, l'Arts Council consacrait une exposition à Henri Matisse. On retrouvait là beaucoup des plus belles œuvres du peintre, maître de la ligne et de la couleur. La Hayward Gallery s'ouvrait à un ensemble d'une centaine de toiles, d'autant de dessins et de pastels, de Van Gogh. On pouvait y suivre toutes les étapes de la carrière du malheureux artiste.

L'Italie tenta par une vaste exposition de réhabiliter le Guerchin. Et, bien sûr, un tel geste revenait à Bologne, où il travailla si longtemps. Une centaine de tableaux révélaient, entre autres, ses œuvres de jeunesse, et une grande quantité de dessins témoignaient de sa maîtrise. Venise, elle, après avoir présenté, il y a deux ans, les « védustistes », s'en tint encore cette année au xviiie siècle vénitien. Mais, cette fois, le palais des Doges rassemblait les peintres de figures, avec, bien entendu, Gianbattista Tiepolo et Pietro Loghi.

Mais, cette année, l'Italie n'était pas seulement en Italie. Un étonnant ensemble de fresques florentines fit le voyage de New York, d'Amsterdam et de Londres. Déposées des murs des églises et des cloîtres de Florence et de sa région (parce qu'elles étaient menacées), elles ont permis une passionnante étude de la fresque toscane, de Giotto à Andrea Del Sarto.

Les ventes

Les ventes aux enchères parisiennes pour l'année 1968 (3 000 à l'hôtel Drouot et 25 au palais Galliera) ont totalisé la somme de 201 655 000 francs. Ce chiffre, établi pour la période du 1er janvier jusqu'au 31 décembre, accuse une plus-value d'environ 27 % sur le chiffre atteint en 1967 : 158 500 000 francs. Ceci en raison de l'instabilité financière.

Tableaux anciens

Le marché des tableaux anciens est assez délaissé à Paris ; les Français, dit-on, ne les paieraient pas à leur juste valeur. Les grandes signatures restent rares. Les cotes élevées vont aux Hollandais ou Flamands de classe. Il n'y a pas de clientèle pour les sujets religieux ou allégoriques, mais pour la peinture claire et gaie à sujets aimables du xviiie siècle français ou vénitien, et pour les scènes villageoises du début du xixe siècle.