La croissance hors série des livraisons destinées à de lointains pays doit être mise en valeur : Australie, Philippines et Corée du Nord (+ 19 %), Japon (+ 36 %), Iran et république de Panama (+ 61 %), Cuba (+ 269 %), Thaïlande (+ 17 %), Ceylan (+ 84 %), Pakistan (+ 169 %), Équateur (+ 136 %).

On peut se féliciter de ce redéploiement de notre expansion économique et commerciale dans des régions éloignées, favorisé par l'aide publique française aux pays en voie de développement, qui permet le financement de nos fournitures d'équipement.

L'Europe de l'Est

La poussée de nos exportations à destination des sept pays d Europe de l'Est membres du Comecon s'est poursuivie (+ 13 %). Grâce surtout aux fournitures d'équipements (1 024 millions au total), elles ont accusé notamment + 63 % sur la Roumanie et + 105 % sur l'Union soviétique. Ces pays s'entrouvrent même à nos biens de consommation (automobiles, textiles, etc.). Ce sont les premiers fruits palpables de la politique de coopération économique, commerciale, scientifique et technique, amorcée par la France en 1964 avec les gouvernements des États intéressés.

Mais, en 1967, ces marchés socialistes n'émargeaient encore que très secondairement dans notre commerce extérieur : à peine 3,9 % dans nos exportations générales, 2,9 % dans nos achats. Par ailleurs, faible est demeurée l'augmentation de nos approvisionnements en Europe orientale : + 3,2 % seulement. Des divers bords, on s'emploie activement, dans l'intérêt des parties, à ce qu'il en soit autrement.

Les biens d'équipement

L'analyse de la composition de nos échanges avec l'étranger en 1967 révèle que les ventes agricoles et alimentaires (16 % environ du total) n'ont, dans l'ensemble, augmenté que de 3,7 %, moins soutenues qu'antérieurement par les céréales, dont la récolte 1966-67 était en baisse. En revanche, il y a un indice encourageant : l'accroissement des ventes de produits finis (+ 7,4 %), dont, en particulier, les biens d'équipement (+ 11,6 %).

Les produits manufacturés ont formé 46,1 % des exportations toutes marchandises (contre 43,5 % en 1965, 44,9 % en 1966).

Les livraisons d'équipements (11 391 millions) ont dépassé pour la première fois celles de biens de consommation (10 920 millions), au sein desquels l'automobile a été en vedette. Nouvelle année record, en effet, à l'exportation pour l'industrie automobile française, avec quelque 835 000 véhicules vendus dans le monde entier, soit 6 % de plus qu'en 1966.

Quant au chapitre des importations, celles de biens d'équipement (24,6 % du total, 13 197 millions de francs) ont progressé de 12,6 %, celles de biens de consommation (15,5 %, 8 350 millions) de 9,4 %. Et cela principalement au bénéfice de nos fournisseurs de la CEE. L'intensification des achats d'équipements (elle a compté pour moitié dans la hausse des importations tous produits) peut être jugée comme un bon signe, si l'on y voit la volonté des firmes françaises de se moderniser et de procéder à des investissements productifs.

Avant la crise

De janvier à avril 1968 — juste avant les événements de mai — la tournure prise par notre commerce extérieur était plus que satisfaisante. La reprise des exportations vers l'étranger, aiguillonnées en particulier par la relance économique ouest-allemande, s'accentuait. L'augmentation des importations se confirmait, du fait de l'expansion de l'activité et de la production industrielle françaises, que devaient favoriser les mesures de soutien à la consommation et des investissements décidées fin janvier.

En mars, on assiste à un véritable boom des exportations, qui atteignent le cap des 5 milliards de francs. De même, les importations parviennent au niveau record de 5,5 milliards. Les carnets de commandes étrangères deviennent mieux garnis. Les progrès les plus sensibles à la production sont précisément enregistrés dans les secteurs plus nettement orientés à l'exportation (automobile, chimie, sidérurgie, etc.).

Une vigilance accrue s'impose quant à l'avenir devant l'ouverture du marché national à la concurrence extérieure, et les péripéties provoquées par le dérèglement du système monétaire international.

De grands risques

Les conséquences des mesures restrictives américaines, décidées pour la défense du dollar et le rétablissement de la balance des paiements US, risquent de commencer à se faire sentir et, ajoutées à celles du plan d'austérité britannique et de la dévaluation de la livre, de ralentir le taux de progression de nos exportations.