D'un jour à l'autre, la protection moyenne de nos industries vis-à-vis des importations de produits non-CEE est tombée de quelque 14,4 à 10,7 %.

La France n'a pas remis en cause l'échéance du 1er juillet 1968. Mais, pour parer aux conséquences des événements de mai-juin, elle a dû prendre — pour six à sept mois — des mesures de sauvegarde.

Contingentement de certaines importations (automobiles, textiles, aciers, électroménager), compensations à l'exportation pour atténuer l'effet des augmentations de charges salariales, abaissement de 3 à 2 % du taux d'escompte préférentiel des effets mobilisant des créances sur l'étranger, aménagement du risque économique à l'exportation (garantie de prix), telles sont ces mesures temporaires. En outre, le contrôle des changes a été rétabli.

Les eaux basses

Mal partie, l'année 1967 s'est terminée sur une note plus encourageante. Le film de la seconde moitié de 1967 révèle, au fil des mois (surtout à partir de septembre), un redémarrage des importations, prélude à une relance de l'activité économique intérieure encore timorée, et le sursaut des exportations en voie d'accélération rapide.

Au cours de la première moitié de 1967 la dégradation persistante de la conjoncture internationale (apparue en 1966), ainsi que la contraction de la demande dans la plupart des pays européens (singulièrement en Allemagne fédérale, notre premier partenaire commercial) ont affecté nos échanges.

La balance commerciale a accusé de profonds déficits avec l'étranger ; les pourcentages de couverture des importations par les exportations se sont établis, en janvier, février et mars, respectivement à 82, 85 et 83 %, donc très loin du taux d'équilibre évalué à 93 %. En avril et mai, le taux de couverture (en moyenne mobile sur douze mois) était inférieur à 90 %. Tout laissait supposer que l'indicateur d'alerte retenu par le Ve plan en matière d'équilibre des échanges extérieurs toutes zones allait clignoter en juin.

Il n'en fut rien. Juin marqua un coup d'arrêt à la détérioration. La balance devenait excédentaire en termes de paiements, sous un double effet contraction des entrées de produits pétroliers originaires du Moyen-Orient (et plus généralement de produits empruntant le canal de Suez, fermé début juin par suite du conflit israélo-arabe), reprise sensible des exportations, jusque-là stagnantes.

Terne bilan

Il n'y a pas lieu d'être satisfait du bilan final de 1967 de notre commerce extérieur, même s'il fait apparaître certains signes d'amélioration quant à la composition ou à la répartition géographique.

Comparés à 1966, les résultats de 1967 ont été caractérisés, pour les importations et pour les exportations, par de faibles taux d'expansion en valeur. Les importations (toutes origines), en s'élevant à 61 251 millions de francs, n'ont progressé que de 4,7 %, et les exportations (toutes destinations), d'un montant de 56 198 millions, de 4,5 %. Le solde commercial s'est ainsi établi à – 5 053 millions et le taux de couverture apparent des importations par les exportations à 91,7 %, ce qui correspond, vu le mode de comptabilisation des statistiques, à un taux réel un peu inférieur à 99 %.

Le taux le plus faible

Pour un montant de 53 742 millions de francs, 87,7 % des importations totales françaises ont eu pour origine les pays hors zone franc, dont 26 657 millions (43,5 %) de nos seuls partenaires du Marché commun. S'élevant à une valeur de 48 399 millions, 86,1 % de nos exportations globales ont pris le chemin de ces mêmes pays, dont 23 223 millions (41,3 %) uniquement au titre de la CEE.

Si, en 1967, la part du Marché commun s'est encore étendue dans nos achats (elle était de 41 % en 1966), en revanche elle s'est quelque peu réduite dans nos ventes (42,3 % en 1966). Ce dernier phénomène tient à une diminution de la part de l'Allemagne (ramenée d'une année à l'autre de 19,2 à 17,3 %), provoquée par la chute de 6 % de nos livraisons outre-Rhin, et à un rétrécissement de la part belgo-luxembourgeoise de 10,2 à 10 %, résultant d'une progression plus limitée que de coutume de nos livraisons.