Les projets sont exposés dans une salle de l'hôtel de ville en février 1968. Une technique de présentation remarquable, avec insertion successive de chaque maquette dans une grande maquette de Paris, fait de cet événement la première exposition parisienne d'urbanisme. La foule afflue et prodigue ses commentaires sur des cahiers prévus à cet effet.

La Presse unanime se déchaîne contre les projets proposés.

Une contre-exposition de projets non officiels, souvent très élaborés, est organisée rue Montorgueil.

Coup de théâtre, en mars 1968 ; le Conseil municipal demande l'ajournement des décisions et nomme deux nouvelles commissions d'études en vue de nouvelles propositions à lui soumettre au cours de sa session de juin.

Les projets

Le plus radical est dû à Faugeron : une structure de béton monolithique, aux formes « lyriques » ou grandiloquentes, selon les points de vue, constitue une sorte d'objet plastique où il est impossible de lire les articulations du programme.

Le plus conservateur est dû à Charpentier : fondé sur un inventaire minutieux de tous les éléments architecturaux méritant d'être conservés, il comble les vides exigés par les démolitions indispensables par des édifices respectant trames de circulation et volumes traditionnels du quartier.

Le plus théoricien est dû à l'AUA : analyse de rapports fonctionnels traduits par un schéma qui s'interdit la dimension plastique.

Mais les projets les moins intéressants ne sont pas ceux des outsiders exposés rue Montorgueil. Parmi ceux-ci :
– le projet Faucheux, caractérisé par son élaboration des espaces souterrains (édifices disposés autour de grandes places largement éclairées par des oculi) et la création en surface d'espaces bleus ou plans d'eau. La ville souterraine permet la conservation fidèle (à l'exception des pavillons de Baltard) du quartier et de ses caractères volumétriques ;
– le projet Listowski, caractérisé par la conservation intégrale des célèbres parapluies de Baltard, utilisables pour une variété d'usages culturels, et par le rôle de charnière entre Halles et Beaubourg donné au boulevard Sébastopol : résolument moderne, celui-ci est livré aux piétons et constitue un forum universitaire. Toute la circulation est reportée sous terre. Le projet est l'un des seuls qui contestent le programme du Conseil municipal.

Finlande : Espoo

C'est au cours de l'été 1967 qu'a été jugé le concours international d'idées lancé en septembre 1966 par la Finlande pour le centre d'une agglomération future « intégré et générateur d'une nouvelle structure urbaine ».

Le concours, véritable modèle par l'élaboration de son programme et la préparation du jury international, informé de l'ensemble des problèmes locaux au cours de deux séjours (été et hiver) dans le pays, avait suscité cent soixante-douze projets, venus du monde entier. Il a été gagné par l'équipe polonaise de J. Chmielexski, J. Kaubinski, K. Kuras. Caractéristique de leur projet pour le centre d'Espoo : séparation des circulations piétons et voitures, subordination de l'architecture à la structure urbaine, réalisation par tranches successives.

Prospective

Les vastes surfaces marines attirent depuis quelques années la convoitise des urbanistes. La société britannique du verre Pilkington a financé le dernier-né des projets de cité marine conçu par G. A. Jellicoe et Edw. Mills. Il s'agit d'une ville de 30 000 habitants, située à 15 miles de la côte de Norfolk. Elle est constituée par deux types d'éléments. D'une part, une structure de béton armé reposant sur pilotis constitue une sorte de ceinture (ouverte pour le passage des bateaux) de 1,5 km de long dans sa plus grande dimension et 1 km dans la plus petite. Cette ceinture porte 16 étages de logements disposés en terrasses. D'autre part, à l'intérieur du lagon ainsi créé, des pontons triangulaires de béton combinables et assemblables à volonté et reliés par ponts légers à la ceinture circulaire portent les constructions légères des écoles, boutiques, etc. Tout autour de la ceinture porteuse de logements, un brise-lame flottant continu, interrompu seulement pour l'entrée au port.