Les deux tirs effectués avec succès les 8 et 15 février 1967 péchèrent quelque peu sur ce point. Au cours des deux lancements, 4 kg de poudre refusèrent de brûler dans le troisième étage, abaissant ainsi l'apogée de 500 km par rapport aux prévisions. Fort heureusement, au cours du deuxième lancement, les techniciens obtinrent une altitude supérieure à 1 900 km, acceptable pour l'expérience.

Désormais, les savants sont au travail et poursuivent leurs observations. En mars 1967, les chercheurs français ont obtenu sur Diadème II un écho simultané à partir des trois stations laser.

Après cette période brillante, l'astronautique française va connaître quelques années de vaches maigres : elle ne dispose plus ni de fusées ni de champ de tir.

La France entreprend de construire à Kourou, en Guyane, un centre spatial dont la situation sera privilégiée grâce à la proximité de l'équateur. Mais il ne sera pas opérationnel avant 1969.

Les quatre fusées Diamant disponibles ont été tirées. La France prépare un satellite d'observation solaire, D2. Il est trop lourd pour être mis en orbite par une fusée Diamant ; il faudrait renforcer celle-ci, faire une super-Diamant. Plusieurs solutions sont possibles : ou bien on utilise comme étage de base le missile stratégique sol-sol à poudre de 16 tonnes (on obtient alors un engin plus court, plus massif et plus puissant) ; ou bien on construit un étage de base bi-liquide plus puissant qu'Émeraude et utilisant, au lieu de l'acide nitrique et de l'essence de térébenthine, le couple UDMH (diméthylehydrazine dissymétrique) -tétra-oxyde d'azote, qui fournit une énergie plus grande. Cet étage renforcé, baptisé Améthyste, est à l'étude au Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques à Vernon.

« Eole » et « Saros II »

Outre le satellite solaire D2, la France a décidé de construire Eole, satellite météorologique qui, grâce à un système de ballons émetteurs, étudiera les courants de l'atmosphère. Mais le projet le plus ambitieux de l'astronautique française est Saros II, satellite fixe de télécommunications qui devra être lancé en 1970. La réalisation d'un tel projet suppose un effort considérable de l'industrie électronique française. Jusqu'à présent l'astronautique française n'a guère utilisé que des composants électroniques américains.

Enfin, la France participe largement aux programmes européens. Elle construit le deuxième étage de la fusée Europa, et des firmes françaises ont reçu la maîtrise d'œuvre de plusieurs satellites européens.

Les bases spatiales européennes

Les bases spatiales apparaissaient hier encore inconcevables sur le continent européen. N'exigeaient-elles pas de grands espaces qu'on ne trouvait pas dans nos vieux pays ?

Et puis, l'année écoulée nous a apporté deux fusodromes résolument européens : Kiruna, champ de tir de l'ESRO (Organisation européenne de recherches spatiales), et les Landes, champ de tir français à vocation militaire, mais qui servira également à des lancements civils aussi bien européens que français.

Le mot créneau (désormais à la mode) définit un champ d'action où s'exerce une faible concurrence et où l'on peut prétendre se livrer à un travail original. L'un des créneaux de la recherche spatiale européenne, c'est l'étude des aurores polaires par des fusées-sondes montant au sein de ces magnifiques phénomènes lumineux.

La science des phénomènes auroraux est née en Scandinavie. Les Américains, bien que possédant l'Alaska, l'ont quelque peu négligée. En tout cas, ils n'ont pas spécialisé de fusées dans ce domaine. Or, maintenant, tout ce qui se passe dans l'espace et la haute atmosphère, au-dessus des zones polaires, revêt un très grand intérêt.

Nous savons, en effet, que les particules électrisées que crache le Soleil lors de ses éruptions viennent s'enrouler autour des lignes de force du champ magnétique terrestre qui, littéralement, les piègent ; mais ces lignes de force rejoignent le globe terrestre près des pôles. C'est donc par là que les particules retomberont sur notre planète, non sans déterminer dans l'atmosphère de mouvantes luminescences.