Un autre espoir réside dans l'étude des rayonnements venus du fond de l'espace cosmique. Des mesures récentes ont décelé l'existence d'un tel rayonnement sur les longueurs d'onde centimétriques. Des considérations physiques complexes, mettant en cause les autres rayonnements de fond déjà connus (rayons X et gamma), rattachent le rayonnement centimétrique à l'hypothèse d'un univers en expansion à partir d'une sphère de température et de densité extraordinairement élevées.

Cette boule de feu peut soit avoir été un moment singulier au départ de l'univers, soit être atteinte périodiquement par un univers à évolution cyclique (univers puisant). Les astrophysiciens espèrent trancher la question en observant le domaine des longueurs d'onde inférieures à 1 cm.

L'observation des rayonnements d'origine galactique (c'est-à-dire ceux qui sont émis par des objets appartenant à notre Voie lactée) a révélé l'existence, dans la constellation du Scorpion, d'une puissante source de rayons X identifiée optiquement avec un objet bleu d'un diamètre d'environ 180 millions de kilomètres. Le spectre est interprété comme celui d'une étoile entourée d'un nuage gazeux, ou d'un nuage gazeux en train de se condenser en étoile.

En étudiant les rayonnements émis par les étoiles situées au milieu d'un amas d'hydrogène et de poussières, dans la constellation du Cygne, les astronomes de l'observatoire royal d'Édimbourg ont confirmé la théorie de l'astrophysicien soviétique Ambartsoumian : il s'agit d'étoiles très « jeunes » (quelques centaines de millions d'années).

Des étoiles naissantes

Dans la constellation du Taureau et dans la constellation du Cygne, les astrophysiciens américains du Californian Institute of Technology ont trouvé des étoiles rayonnant surtout dans le rouge et l'infrarouge. Un objet semblable a été identifié par d'autres chercheurs américains dans la constellation de la Licorne. La question demeure ouverte de savoir s'il s'agit là aussi d'étoiles en formation ou si leur couleur est due à l'absorption d'une partie du spectre par les poussières interstellaires.

Qu'il s'agisse de l'univers ou des astres de notre Galaxie, l'astrophysique se trouve confrontée à des problèmes cosmogoniques. L'emploi d'instruments dégagés des servitudes de l'atmosphère terrestre (observatoires satellisés, observatoire lunaire) provoquera sans doute un bond dans nos connaissances et permettra de choisir dans un foisonnement d'hypothèses.

Le dixième satellite de Saturne

C'est dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier qu'un astronome français spécialisé dans l'étude du système solaire, Audoin Dollfus, a découvert un nouveau satellite de la planète Saturne.

Jusqu'ici, on connaissait à Saturne les trois anneaux concentriques qui font sa singularité, et aussi neuf satellites dont la découverte s'est échelonnée suivant la puissance croissante des instruments d'optique. Le neuvième avait été trouvé en 1898 par l'astronome américain Pickering.

Audoin Dollfus soupçonnait l'existence d'un dixième satellite, qui n'aurait pas été décelé jusqu'ici parce que, situé tout près du bord de l'anneau extérieur, il était noyé dans sa lumière. Pour réduire l'effet aveuglant de cette lumière, Audoin Dollfus imagina de placer dans le télescope un cache opaque masquant l'anneau, tandis qu'une bande de gélatine teintée réduisait fortement la luminosité du disque de la planète elle-même.

Le soir du réveillon

Ce dispositif fut monté sur le télescope de l'observatoire Nansouty, au pic du Midi de Bigorre, où l'astronome français vint s'installer en décembre 1966 ; à cette époque, pour quelques jours seulement, les anneaux de Saturne, vus de la terre, se présentaient exactement par la tranche, se réduisant à un fil très mince. Autre condition favorable, non prévue celle-là : les nuits, à partir du 10 décembre, furent exceptionnellement claires. Le système mécanique d'entraînement du télescope, qui devait suivre la planète dans son mouvement, avait été perfectionné.

Audoin Dollfus rapporta ainsi à Paris dix excellents clichés, qu'il se mit à étudier au microscope, procédé aujourd'hui familier aux astronomes. Sur trois de ces photographies, qui avaient été prises les 15, 16 et 17 décembre, il discerna un petit point clair dans le halo de la planète. Le reste fut affaire de calculs : dans la nuit du 31 décembre, tandis que des millions de gens réveillonnaient, A. Dollfus achevait de déterminer l'orbite du dixième satellite de Saturne.