Un supplément de 7 millions de francs est voté par le Conseil d'administration pour cette opération, dont le principal instigateur est Jacques Thibau, directeur général adjoint. L'ORTF met tout en œuvre afin que cette entreprise soit couronnée de succès. Sinon, des intérêts privés risquent de convaincre les pouvoirs publics que seules les recettes de la publicité finançant des programmes populaires peuvent renflouer la deuxième chaîne.

Bien qu'ayant produit depuis trois ans des émissions de grande qualité (Zoom, Seize Millions de jeunes, Caméra III, Dim Dam Dom, Démons et merveilles, Têtes d'affiche, Cinéastes de notre temps, les Écrans de la ville, Jeux de société, Clio et les siens, Lire, l'Homme et sa musique, la Caméra invisible), la deuxième chaîne n'a jamais eu de politique de programme. Elle restait le complément de la première et un banc d'essai sur des expériences que le grand public risquait de ne pas apprécier. Afin de s'affirmer, il lui faut devenir concurrente de la première. Après sa réorganisation, elle propose des soirées complètes confiées à un producteur ou à une équipe et organisées autour d'un thème.

Le lundi, soirée cinéma (Septième Art, septième case, un film en version originale et les magazines ayant trait au cinéma).

Le mardi, quatre équipes proposent quatre magazines d'information : Alain de Sédouy et André Harris, Zoom ; Philippe Labro et Henri de Turenne, Caméra III ; Eliane Victor et Jean-Louis Guillaud, Séance tenante ; Henri Marque et Pierre Charpy, Tel quel.

Le mercredi, soirée théâtrale. Alternent Auteurs d'aujourd'hui : des textes écrits spécialement pour la télévision ; Théâtre d'aujourd'hui : retransmission du spectacle d'un centre dramatique, d'un festival, d'une maison de la culture ou d'un théâtre d'État ; soirée Auteurs et comédiens, avec catch et Caméra invisible.

Le jeudi, soirée historique composée par Armand Jammot à partir d'un film de long métrage (les Criminels de guerre, l'Intolérance, la Guerre du Pacifique...)

Le vendredi, soirée policière composée à partir d'un long métrage par Éric Ollivier, Pierre Laforêt ou Gilbert Sommier.

Le samedi, en alternance, une grande dramatique (la Célestine), Au théâtre ce soir (Topaze), une soirée d'un producteur (François Châtel, Pierre Lazareff, Roger Stéphane).

Le dimanche après-midi est confié à Pierre-André Boutang et Daniel Costelle ; le dimanche soir, alternativement, soirée Dim, Dam, Dom, soirée Seize Millions de jeunes, soirée d'histoire contemporaine.

Réparties sur tous les jours de la semaine, de nouvelles séries américaines (les Mystères de l'Ouest, Chapeau melon et bottes de cuir, Gant de velours) et le retour de John Drake, l'agent secret de Destination danger.

Le journal télévisé — Vingt-Quatre Heures actualités —, dont la direction est confiée à Louis-Roland Neil, est bouleversé également : le présentateur disparaît, les informations sont présentées sous forme de « flashes » très courts et le fait du jour est développé en un exposé de dix minutes.

L'année de la couleur

En 1966, la conférence d'Oslo a consacré la division de l'Europe pour le choix des systèmes de télévision en couleurs. Les échanges de programmes promettent donc d'être difficiles, mais le Parlement européen fait tout pour que 1967 soit pour le Marché commun l'année de la couleur.

En février, la journée de la couleur, organisée au festival de Monte-Carlo, déçoit bon nombre de critiques.

En avril, le marché international des programmes de télévision, à Cannes, dispose de quatre chaînes en couleurs. Les récepteurs installés dans les 108 bureaux du palais des Festivals diffusent indifféremment des émissions en noir et blanc ou en couleurs. Ces dernières proviennent de Paris par relais hertziens et de Cannes en circuit fermé.