Le musée national d'Art moderne a rendu hommage tour à tour au sculpteur d'origine hongroise Kemeny, aux reliefs hallucinants, au peintre allemand W. Baumeister, à Soulages et à Lapicque, dont on a pu suivre l'évolution, à Severini, l'un des créateurs du futurisme italien. On s'est moins bien expliqué celui rendu à Suzanne Valadon, tandis que l'exposition consacrée au nabi Vallotton, à l'humour froid et cruel, a pu le faire apparaître comme un étrange précurseur du Pop Art.

Le musée des Arts décoratifs, connu pour son esprit aventureux, a fait découvrir un jeune peintre trop tôt disparu, B. Pomey. Il a présenté les dernières tapisseries de Vasarely et une exposition montrant la relation entre les ingénieurs et l'architecture. En fin de saison, le Pavillon de Marsan a exposé la Donation Dubuffet, tandis qu'à l'automne il célébrait la Vie en Hollande au XVIIe siècle. Cette dernière manifestation eut d'ailleurs des prolongements à l'Institut néerlandais et à l'École des beaux-arts, avec une exposition intitulée Architecture et urbanisme d'aujourd'hui aux Pays-Bas. Au musée des Arts décoratifs encore, les sculptures de Stahly et une évocation de trois siècles de papiers peints ont attiré un large public.

La photographie a donné lieu à trois expositions importantes l'ensemble Cartier-Bresson (musée des Arts décoratifs), le premier rassemblement de Jeunes Photographes (Bibliothèque nationale) et la présentation des œuvres de Clergue (ministère des PTT).

Il faut évoquer encore l'art du Népal et l'art malaisien présentés au musée Guimet, les peintures chinoises Ming et Ts'ing au musée Cernuschi, et les trésors de la peinture japonaise du xiie au xviie s. (Louvre).

Au Louvre encore, exceptionnelle réunion de dessins ayant appartenu à la collection Mariette, tandis qu'à la Bibliothèque nationale on célébrait tour à tour Beaumarchais et Racine, que le Cabinet des médailles rendait hommage au médailleur R. Joly, que le musée Jacquemart-André évoquait Bonington, que l'atelier de Delacroix revivait sur le thème de la critique d'art, que Galliera accueillait la Collection Oscar-Ghez, tandis qu'au musée Bourdelle cent portraits de Desnoyer étaient rassemblés.

Signalons enfin à l'Orangerie de Versailles les chefs-d'œuvre de la tapisserie parisienne (1597-1662).

La collection Guillaume-Walter
(21 janvier-5 septembre, à l'Orangerie)

Après plusieurs années de fermeture pour travaux, le pavillon de l'Orangerie des Tuileries a rouvert ses portes avec la donation Guillaume-Walter, qualifiée officiellement, et à juste titre, d'un des ensembles les plus prestigieux que la France ait jamais reçus.

En 1929, Paul Guillaume, jeune marchand et amateur d'art de 36 ans, présente à la galerie Bernheim-Jeune sa collection personnelle, rêvant de transformer un jour en musée sa propre demeure de l'avenue de Messine. C'est tout d'abord l'art nègre qui attira son attention, depuis le jour où il découvrit chez une blanchisseuse de Montmartre une idole de Bobo-Dioulasso. Et c'est tout naturellement qu'il se rapprocha ensuite de peintres tels que Matisse, Vlaminck, Picasso ou Modigliani, qui avaient eux-mêmes reçu l'empreinte des masques, statuettes ou effigies primitifs.

Ami des peintres, mais aussi des poètes tels que Max Jacob, André Salmon ou Guillaume Apollinaire, il publia la revue les Arts à Paris et rassembla de première main des tableaux, alors d'avant-garde, devenus aujourd'hui des chefs-d'œuvre classiques.

À son décès, Mme Paul Guillaume, devenue plus tard Mme Jean Walter, et Jean Walter lui-même, architecte, mécène, fondateur des bourses Zellidja, poursuivront la collection. Et c'est pour répondre aux vœux de ses deux époux que Mme J. Walter fit don aux Musées nationaux de cette collection.

16 tableaux de Cézanne, dont les portraits de la femme du peintre, celui de son fils et d'admirables natures mortes, 24 Renoir, la fameuse Noce et la Carriole du père Juniet du Douanier Rousseau, 10 Matisse, 12 Picasso, 27 Derain, 10 Utrillo parmi les plus beaux, 5 Modigliani, dont le portrait de Paul Guillaume, et 22 Soutine, fort peu nombreux dans les musées français, composent l'essentiel de cet ensemble prestigieux.

Dans la lumière de Vermeer
(23 septembre - 28 novembre, à l'Orangerie)

Organisée en collaboration entre la Hollande et la France, l'exposition Vermeer a d'abord présenté le tour de force de réunir douze tableaux du maître de Delft, soit environ le tiers de son œuvre rarissime.