Les salles du musée d'Art moderne de la Ville de Paris, le Grand Palais, et parfois la Bibliothèque nationale ou Galliera sont les lieux parisiens qui abritent le plus fréquemment les Salons.

Les musées de province

Les expositions qui ont lieu régulièrement dans les musées de province sont peu nombreuses par rapport au nombre de musées qui existent en France. L'absence de crédits, le manque de personnel qualifié et de locaux appropriés en sont généralement les causes. Quelques villes ont pourtant une activité systématique en ce domaine. Au premier plan de celles-ci, il faut citer Bordeaux, Marseille et Grenoble. À Bordeaux, la grande exposition de printemps a été consacrée aux trésors de la peinture française dans les collections suédoises, tandis qu'en cours d'année un hommage a été rendu à André Lhote, né à Bordeaux, dont le musée venait d'acquérir un certain nombre d'œuvres.

À Marseille, la saison fut particulièrement riche, avec l'exposition César, enfant du pays, une rétrospective consacrée à l'affiche à l'occasion du Prix de la Ville de Marseille attribué à un jeune affichiste —, un hommage à Bonnard succédant à celui de l'Orangerie, avec plusieurs toiles inédites en France, une exposition Camoin, également natif de Marseille, et enfin une grande exposition Klee, mettant l'accent sur l'aspect méditerranéen du grand peintre, qui se situe de plus en plus à l'origine de la plupart des courants contemporains.

À Grenoble, où le musée a une vocation d'art contemporain, c'est la sculpture depuis vingt ans qui est mise à l'honneur. Au Havre, deux expositions importantes, Marcoussis, et quelques mois plus tard Georges Braque. Au musée de Rouen, une évocation de la famille Duchamp en avant-première du musée national d'Art moderne. À Nice, le sculpteur Zadkine, à Lille, Emile Bernard, au musée d'Arles, la tauromachie avec un hommage à Manolete, à Lyon, André Masson.

Il convient enfin de signaler l'ouverture du premier musée d'art naïf en France, à Laval, ville natale du Douanier Rousseau, ainsi que les expositions Dix Ans d'art vivant et Chagall, présentées par la Fondation Maeght, à Saint-Paul, qui mène une activité très séduisante à mi-chemin entre le musée et la Maison de la Culture.

À la recherche d'un nouveau public

La crise du marché de la peinture aura-t-elle enfin permis de prendre conscience de l'urgence de la découverte d'un nouveau public pour les arts plastiques ? Trop souvent, et depuis trop longtemps, l'expression plastique (peinture, sculpture, gravure, etc.) aura été un privilège culturel que ni la décentralisation géographique ni l'esprit démocratique n'auront atteint. Concentrées dans deux quartiers de Paris, les galeries parisiennes n'ont jamais cherché à sortir du cercle des amateurs traditionnels.

Quelques initiatives permettent aujourd'hui de dire qu'un véritable effort est tenté pourtant en ce sens. Une exposition comme celle de l'Art à l'usine (musée des Arts décoratifs) qui a montré ce que le mécénat pouvait faire vis-à-vis de l'art moderne introduit dans le lieu de travail des ouvriers, fut l'idée de Peter Stuyvesant. Constituer un groupe d'acheteurs et assurer à un certain nombre de jeunes peintres l'acquisition régulière de leurs œuvres à un prix modeste, telle fut l'initiative du Cercle des arts, pour rompre les circuits traditionnels du marché.

Montrer que le sens artistique doit accompagner l'homme depuis l'enfance jusqu'à la fin de sa vie dans le choix des œuvres d'art comme dans celui de tous les objets qu'il manie dans son existence quotidienne, tel fut le sens des deux expositions qui ont attiré une foule immense à la Maison de la Radio. Un véritable public populaire a pris conscience des courants actuels à l'exposition Dix Ans de création dans les lettres et les arts et a appris à découvrir le sens du beau dans celle intitulée Du dessin d'enfant à l'esthétique industrielle.

Un musée de Paris a fait enfin un effort de renouvellement dans la manière de présenter une exposition aux visiteurs. Le groupe ARC a fait plusieurs tentatives en ce sens au musée d'Art moderne de la Ville de Paris. Une initiation à la gravure a été présentée, des expositions d'art contemporain ont été confiées à de jeunes critiques (la Fureur poétique à José Pierre, le Monde en question à G. Gassiot-Talabot), tandis que des dialogues avec les artistes, des auditions de musique, des spectacles même ont créé des centres d'animation propres à susciter la confrontation.

Les maisons de la culture et les arts plastiques

Les Maisons de la Culture, dont le rôle est d'apporter au plus grand nombre les richesses culturelles du passé et du présent, se devaient d'aborder parallèlement au théâtre, à la musique, à la danse, au cinéma et à la littérature, les arts plastiques. Situées, en outre, par vocation, dans différentes régions de France, elles ont permis et elles permettront dans l'avenir de sensibiliser le public des provinces françaises à l'art passé et présent. Travaillant bien souvent en complémentarité avec le musée local, elles cherchent non pas à enseigner l'art à quiconque, mais à faciliter au public l'approche des œuvres du plus haut niveau, quelles que soient leur tendance ou leur époque.