Arts

De Toutankhamon à Dada

Les expositions ont été, cette saison, certainement moins nombreuses que les années précédentes, mais probablement plus nécessaires. Les difficultés que les organisateurs rencontrent désormais pour se faire prêter les œuvres de grande valeur éliminent les vedettes jusqu'ici consacrées, ou tout au moins rendent leur visite en France tributaire d'accords internationaux au plus haut niveau.
Il semble que l'on s'oriente désormais vers deux types de manifestations : les unes, spectaculaires, frappent l'imagination du plus grand nombre, ainsi Toutankhamon ou Picasso ; d'autres s'adressent à un public plus cultivé déjà, aux artistes, ainsi Bonnard, Laurens ou Dada.
Tels sont les deux pôles entre lesquels se situent les manifestations des musées de Paris et de province.

Les galeries d'art, elles, ont subi cette saison ce que certains ont appelé une crise, alors que d'autres n'y voyaient qu'un juste retour à la normale. On a fait de multiples enquêtes auprès des marchands de tableaux pour savoir si véritablement la peinture se vendait moins bien qu'il y a quelques années. La vérité a été difficile à déceler ; car, outre que les intéressés ne tiennent pas toujours à avouer leurs échecs, la question ne devait pas concerner la peinture en général, mais telle ou telle sorte de peinture.

Le fait est que les Français n'ont acheté depuis quelques années que très peu d'art contemporain et que l'école de Paris a bénéficié depuis fort longtemps d'une clientèle étrangère, désormais plus rétive. D'où la relance des dégrèvements fiscaux demandés par certains au ministère des Finances, afin de pouvoir encourager, comme aux États-Unis, l'acquisition d'œuvres d'art léguées plus tard aux musées.

Les donations ont pourtant encore afflué en très grand nombre vers nos collections nationales. Elles convergent toutes sur Paris, principalement sur le musée national d'Art moderne, la décentralisation artistique n'étant pas encore totalement entrée dans les mœurs des donateurs.

Une des caractéristiques de la saison fut également la découverte de nombreuses affaires de faux tableaux. Sans vouloir grossir les choses et leur donner un retentissement disproportionné, puisque le commerce des faux ne représente qu'un pourcentage tout à fait minime par rapport à celui des œuvres authentiques, il convenait tout de même de se pencher sur le problème. L'école de Paris a subi depuis quelques années de nombreuses attaques sur le plan esthétique et il ne fallait pas qu'elle soit atteinte aujourd'hui à travers l'honnêteté de ses marchands.

C'est à cette fin que le Comité professionnel des Galeries d'art et son homologue américain l'Art Dealers Association se sont réunis au mois de juin. Dans un communiqué commun, ils mettent en garde les amateurs contre toute acquisition d'œuvre d'art qui ne serait pas faite chez un marchand patenté, responsable pendant trente ans vis-à-vis de ses clients.

Par ailleurs, une commission d'expertise va être rétablie. Elle groupera, pour chaque artiste et chaque sujet, les spécialistes du monde entier, qui pourront être consultés par l'intermédiaire d'un marchand de tableaux, lorsque l'authenticité d'une œuvre d'art sera mise en doute.

Les musées de Paris

En dehors des expositions auxquelles sera consacrée une courte étude, il convient de signaler d'autres manifestations qui ont eu lieu dans les musées de Paris.

Il faut citer tout d'abord le très bel ensemble d'art primitif (musée de l'Homme) réuni par la Société des amis du musée de l'Homme. Plus de cent cinquante pièces d'Afrique, d'Asie, d'Océanie ou d'Amérique, appartenant ou ayant appartenu à des artistes, nous ont permis non seulement de contempler, d'un point de vue à la fois historique et esthétique, des objets exceptionnels, mais aussi d'évoquer l'apport ou même l'influence de ces objets sur leur possesseur. Des textes signés des artistes ayant collectionné l'art primitif ont été, en outre, rassemblés dans le catalogue, révélant par le témoignage direct les véritables sources de l'art contemporain.