Après la démonstration de force des fêtes du Millénaire, le cardinal Wyszynski boude « l'alliance pour raison d'État » proposée par le gouvernement et refuse que celui-ci contrôle les séminaires. Conflit assez important pour que le Vatican envoie à Varsovie, en février 1967, son sous-secrétaire d'État chargé des relations avec les pays communistes, Mgr Casaroli.

Au sein du parti, la plus forte secousse est l'exclusion, fin octobre 1966, du philosophe Kolakowski après un discours prononcé devant ses élèves de l'université de Varsovie. En fait, ce partisan d'un socialisme humaniste, d'un marxisme ouvert était considéré, depuis plus de dix ans, comme le jeune et brillant chef de file des révisionnistes. Bien que Kolakowski ait conservé sa chaire, son exclusion provoque la démission de plusieurs écrivains membres du parti et l'envoi au Comité central d'une lettre inquiète signée par vingt-trois intellectuels communistes.

Plus heureux hors frontières, W. Gomulka réussit à faire de la Pologne le champion des démocrates populaires fidèles au Kremlin, face aux méridionaux rebelles, comme la Roumanie, qui noue des relations avec l'Allemagne fédérale. En mars 1967, il attire à Varsovie les dirigeants est-allemands et tchèques, qui renouvellent pour vingt ans les précédents traités d'amitié. Ainsi se matérialise le triangle de fer nord-européen qui doit barrer la route à d'éventuelles visées de Bonn sur la frontière Oder-Neisse. Le mois suivant, à Sofia, W. Gomulka parvient même à reconduire, avec un an d'avance, le traité d'amitié qui doit préserver la Bulgarie de la contagion roumaine.

Malgré ces raidissements de tous ordres, le Millénaire marque le début d'un humanisme économique avec un nouveau plan quinquennal ouvrant davantage les frontières ; dès 1967, Fiat doit construire, en Pologne, 35 000 voitures par an et, depuis octobre 1966, s'est ouvert à Paris un hall d'exposition permanente des produits polonais.

Portugal

(60) 8 851 289. 99. 0,7 %. Consomm. énergie : 490 kg e.c.
Transports. Rail : 2 780 M pass./km, 763 M t/km. Parc autos : 195 000 + 68 500. Mar. march. (*65) : 698 000 tjb. Aviat. civ. : 570 878 000 pass./km.
Information. Journaux : 29 quotidiens ; tirage global : 602 000. Récepteurs radio : 1 127 000. Téléviseurs : 151 000. Cinéma : 441 salles ; fréquentation : 24,5 M. Postes téléphone : 521 921.
Santé (63). 7 541 médecins.
Éducation (63). Prim. : 883 039. Sec. et techn. : 288 519. Sup. : 30 177.
Institutions. République corporative, adoptée par référendum le 19 mars 1933. Président de la République : Américo Tomás, réélu le 9 août 1965. Premier ministre : Dr Antonio de Oliveira Salazar.

L'Action démocrate sociale, dans un texte adressé au président de la République portugaise, critique la politique coloniale du Dr Salazar. Selon Cunha Leal, co-signataire de la lettre et ancien président du Conseil, Lisbonne devrait reconnaître le droit des territoires d'outre-mer à l'autodétermination.

Bien qu'il prévoie le maintien des Portugais en Angola et au Mozambique, cet exposé rejoint la position d'autres groupes de l'opposition. En attendant, les combats, sporadiques, se poursuivent dans les provinces africaines.

Angola

Les combats meurtriers se multiplient dans plusieurs réglons de l'Angola, en particulier près des frontières de la Zambie et du Congo. En avril 1967, une attaque nationaliste contre le poste de Texeira da Souza a pour effet d'interrompre provisoirement le trafic ferroviaire et de suspendre l'exportation de cuivre zambien et katangais vers Lobito.

Parallèlement, les représentants des diverses organisations nationalistes poursuivent leur action auprès de l'OUA et de l'ONU, exigeant notamment l'exclusion du Portugal de toutes les institutions internationales. À Lisbonne, les autorités n'arrivent plus à cacher leur inquiétude, car les dépenses militaires s'aggravent et menacent l'équilibre du budget.

Au cours de l'année, cependant, les divergences de vues entre nationalistes n'ont cessé de s'aggraver. Au mois d'octobre 1966 est signé un accord entre les dirigeants du Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA) et l'Union des populations de l'Angola (UPA). Mais un communiqué diffusé quelques jours plus tard à Alger par la mission permanente du Gouvernement révolutionnaire de l'Angola en exil (GRAE), dont le chef Holden Roberto se trouve au Congo-Kinshasa, prouve que la fusion entre les deux mouvements n'est pas réalisée.