Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Olympie (suite)

Zeus fut d’abord honoré en plein air sur un autel qui s’exhaussait chaque année des cendres des animaux brûlés en sacrifice. À une date qu’il n’est pas possible de préciser, avant 450, un nouveau temple fut construit pour lui, le plus grand et le plus achevé des temples doriques du Péloponnèse. Les sculpteurs y ont représenté, dans un style qui marque une étape importante vers l’assouplissement classique, les thèmes principaux de la bible olympienne. Les métopes, parmi lesquelles trois sont au musée du Louvre, illustrent les douze travaux d’Héraclès. Le fronton montre, de part et d’autre de Zeus, les préparatifs de la course de chars qui vit la victoire de Pélops.

Le maître de l’Olympe est associé aux mythes locaux, mais surtout il trône, gigantesque, dans la cella. Le soin de réaliser sa statue chryséléphantine, c’est-à-dire en reliefs d’ivoire et d’or montés sur une armature de bois, fut confié à Phidias*, qui venait juste de terminer la statue d’Athéna pour le Parthénon. Cette œuvre, pour laquelle fut spécialement construit l’atelier de Phidias, dégagé par les fouilles, représentait Zeus trônant, tenant une Victoire et un sceptre, image désormais classique de l’Olympien. Un siècle plus tard, Praxitèle* réalisa l’Hermès portant le petit Dionysos ; la statue, ou tout au moins une excellente copie, fut découverte dans l’Héraïon. Le musée d’Olympie l’a recueillie, comme la plupart des témoignages plastiques subsistants.

De très nombreuses offrandes en métal et en terre cuite, qui ont été pieusement enfouies dans le sol sacré, attestent la popularité du lieu saint. Les guerriers vainqueurs avaient coutume de remercier le dieu qui décidait de la victoire en lui dédiant leurs armes : le musée d’Olympie conserve le casque de Miltiade, qui remporta la bataille de Marathon ; celui d’Athènes, une admirable cuirasse de bronze, où figure notamment Apollon lyricine. Des guerriers anonymes ont donné leurs jambières ou leur bouclier au décor très ouvragé.


Les concours olympiques

L’importance d’Olympie tient surtout à l’organisation pentétérique (c’est-à-dire tous les quatre ans, la durée d’une olympiade) de concours sportifs (Agônes) qui, dès le vie s., attiraient un nombre important de concurrents et de spectateurs venus de tout le monde grec. Ces concours auraient été institués en 776 av. J.-C., date à laquelle commence le comput régulier des olympiades. La seule épreuve était alors la course du stade (192 m) ; les premiers participants venaient en voisins d’Élée et de la Messénie. Puis les concours s’enrichirent peu à peu, allant jusqu’à inclure des compétitions musicales et littéraires. En fait, le mythe moderne des jeux Olympiques* nous masque la réalité antique. Les joutes sportives faisaient partie intégrante de toute grande fête religieuse, dans les cités comme dans les sanctuaires panhelléniques ; ainsi à Delphes*. Le renom des fêtes olympiques tient à la puissance de Zeus et à la piété des grandes cités, comme Sparte et Corinthe, puis des souverains hellénistiques, à commencer par Philippe et Alexandre, et enfin des empereurs romains, parmi lesquels Néron, qui se fit construire une villa à Olympie.

Les installations restèrent longtemps sommaires ; ce n’est qu’au ive s. que les compétitions quittèrent le cadre magnifique (les concurrents des courses allaient vers le temple où Zeus les accueillait) mais étriqué de l’Altis : on construisit sur les pentes du mont Kronion, en parfaite harmonie avec le paysage, une piste avec un seuil de départ en pierre capable de recevoir une vingtaine de concurrents. Sur les talus qui la bornaient, 50 000 spectateurs (des hommes seulement, à l’exception de la prêtresse de Déméter) pouvaient se rassembler : foule qui, entre les compétitions, vivait à la belle étoile, les plus riches faisant parfois monter des tentes fastueuses. Tout Hellène libre était admis à participer aux épreuves, à condition qu’il n’ait pas commis de crime envers les dieux (assassinat ou sacrilège). L’organisation du concours était confiée aux hellanodices, magistrats éléens désignés dix mois avant chaque célébration ; ils s’occupaient des candidats, qui devaient, longtemps à l’avance, venir s’installer à Élis et s’entraîner sous leur direction : il fallait qu’ils rangent les concurrents selon leur âge (tel adulte pouvant avoir intérêt à se faire admettre dans la catégorie spéciale des jeunes — de 17 à 20 ans —, ce n’était pas toujours facile) et éliminent les athlètes visiblement surclassés.

Lorsque approchait l’époque des Jeux (vers août ou septembre), des messagers, théores, se rendaient dans la Grèce entière pour y faire proclamer la trêve sacrée : toutes les guerres devaient être suspendues pour que chacun pût prendre part à la panégyrie ; même une guerre où risquait de périr le monde grec, la seconde des guerres médiques, n’empêcha pas en 480 les Spartiates de préférer célébrer les Jeux plutôt que de se porter vers le nord pour y combattre les Perses. Les cérémonies se déroulaient durant cinq jours ; pendant la première journée on sacrifiait sur les autels des dieux ainsi que sur celui qui était consacré au héros Pélops, les hellanodices juraient solennellement de s’acquitter avec impartialité de leur tâche d’arbitre, les concurrents de se comporter avec loyauté. Une proclamation du nom de tous les engagés était faite, comme un examen ultime de leur droit à concourir. Les épreuves commençaient le deuxième jour ; après une procession des athlètes, les jeunes s’affrontaient d’abord, puis les adultes, chaque épreuve donnant lieu à des éliminatoires et à une finale ; on courait le stade, la diaule (une double longueur) ; tous les concurrents participaient à une course de fond et à la course en armes ; on s’affrontait en des tournois de lutte, de pugilat, de pancrace ; le pentathlon comprenait cinq épreuves, et son vainqueur devait avoir vaincu tous ses adversaires à la lutte.

Spectaculaires, brillantes étaient les compétitions hippiques qui clôturaient les Jeux : les quadriges (chars attelés de quatre chevaux) devaient parcourir sur l’Hippodrome (que les archéologues n’ont pu retrouver, car la rivière Alphée a vu se modifier son cours depuis l’Antiquité) douze fois la boucle d’une piste de 1 200 m sans épuiser leur attelage, réussir à passer au plus près des bornes qui pouvaient briser leur essieu ; la victoire était donnée au propriétaire des meilleurs chevaux.