Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Olmèques (suite)

Gouvernement aristocratique et théocratique, donc, organisé et très fort. Mais comment expliquer le rayonnement de cette civilisation ? Il semble que les Olmèques se soient livrés à des conquêtes militaires. Des stèles comme celle de Chacaltzinco (Morelos) représentent des guerriers en armes. Néanmoins, une emprise si étendue et si profonde ne peut s’expliquer uniquement par une politique d’expansion militaire. Les guerriers ouvraient sans doute la voie à des conquêtes plus pacifiques, celles des prêtres et des marchands : des marchands, car, dès le préclassique, les denrées voyageaient fort loin (le jade, par exemple, qui provenait du Guerrero) ; des prêtres, car il semble que le dieu olmèque ait été vénéré à une grande distance de son berceau.

La religion des Olmèques, en effet, paraît avoir été fondée sur le culte d’un dieu mi-félin, mi-humain, issu des amours d’une femme et d’un jaguar. Ancêtre de tous les dieux de la Pluie, cet être a des caractéristiques bien précises, qui sont aussi celles de l’art olmèque : son corps est dodu, presque obèse, asexué, sa figure joufflue s’orne de dents recourbées, en forme de crocs. Il montre souvent une sorte de dépression à l’emplacement de la fontanelle, qui représente peut-être une anomalie congénitale. L’acidité du sol n’a permis de retrouver que de rares tombes. Mais certaines, à La Venta par exemple, contenaient des ossements d’enfants associés à de très riches offrandes, ce qui a permis d’avancer l’hypothèse d’un culte rendu aux monstres (phénomène d’origine olmèque, qui se retrouvera dans tout le Mexique jusqu’à l’époque aztèque).

L’art des Olmèques est ce qui nous est le mieux connu, et depuis le plus longtemps. Musées et collections particulières possédaient depuis toujours des objets, attribués souvent de façon fantaisiste, que l’on rattache maintenant à cette culture. Si les sites ont été détruits avant d’être scientifiquement étudiés, si la céramique n’a laissé que relativement peu de pièces, c’est par le travail de la pierre que les Olmèques se classent au premier rang. Les haches merveilleusement polies, les figurines délicatement sculptées, de préférence dans la pierre verte, témoignent d’une maîtrise étonnante, d’une admirable utilisation de l’espace vide et des lignes courbes. Les têtes colossales de La Venta, de Tres Zapotes, de San Lorenzo montrent, elles aussi, une perfection technique presque inégalée. Mais un nouveau mystère surgit. Ces têtes, très réalistes, suggèrent un art du portrait ; et cependant elles ont des caractéristiques raciales bien différentes les unes des autres : certains visages sont négroïdes, d’autres (barbus) rappellent les types sémites, mais aucun ne présente de traits clairement mayas...

Si, donc, il demeure bien des inconnues dans l’histoire de ce peuple, son influence sur le reste de la Méso-Amérique est indéniable. C’est même aux Olmèques que l’on doit, semble-t-il, tous les éléments pertinents qui donnent à ces cultures leur unité et leur originalité. Le jeu de balle, à connotation rituelle, qui devait connaître une grande faveur jusqu’au xvie s., eut son origine chez eux. L’invention de l’écriture leur est sans doute aussi imputable, ainsi que le comput du temps par barres et points, l’astronomie et le calendrier. Les Mayas porteront à son plus parfait achèvement le système nommé compte long, qui situe toute date dans le calendrier par rapport à une origine correspondant à 3113 avant notre ère.

Nous ignorons à quoi se réfère cette date, à quelle aventure des dieux ou des hommes. Nous ignorons aussi ce qui mit fin à cette civilisation, la plus ancienne et la plus étonnante qu’ait connue l’Amérique. Soudainement, tout paraît avoir été abandonné, volontairement détruit et saccagé, les grandes sculptures jetées dans les ravins, les stèles et les autels détruits. S’agit-il d’une invasion brutale ? La Venta est abandonnée, San Lorenzo voit ses monuments détruits. Mais, comme toujours au Mexique, la persistance des dieux et des rites est plus forte : bien après la fin des Olmèques, à l’époque coloniale, et peut-être même de nos jours, des « caches » datant de l’époque préclassique recueillent encore des offrandes faites aux dieux de cette première civilisation.

M. S.-A.

➙ Amérique précolombienne.

 P. Drucker, R. F. Heizer et R. Squier, Excavations at La Venta, Tabasco, 1955 (Washington, 1959). / M. Coe, The Jaguar’s Children : Pre-Classic Central Mexico (Greenwich, Connecticut, 1965) ; America’s First Civilization : Discovering the Olmecs (New York, 1969). / I. Bernal, The Olmec World (Berkeley, 1969).

Olympie

En gr. Olympia, important sanctuaire panhellénique.



Introduction

Au nord-ouest du Péloponnèse, dans le vaste paysage de la verdoyante vallée de l’Alphée, à Olympie, durant plus de mille ans, les Grecs se réunirent, communiant dans la célébration des fêtes magnifiques du culte de Zeus.

C’est vers la fin du IIe millénaire av. J.-C. que, descendant du nord, les Doriens vinrent dans le Péloponnèse ; ceux d’entre eux qui s’arrêtèrent à Élis prirent, non sans mal (les luttes des Éléens avec la cité voisine de Pisa sont fameuses et durèrent jusqu’au vie s.), sous leur protection exclusive le site de l’Alphée. Ils lui donnèrent le nom de la montagne où siégeaient leurs dieux et le consacrèrent au plus grand d’entre eux, Zeus.

Anciennement on avait honoré là de vieilles divinités chthoniennes ; un oracle parlait par la bouche de la caverne, longtemps encore on continuera de sacrifier à la déesse Terre, mère des dieux et des hommes, à Déméter. Les cérémonies gardaient aussi le souvenir des vieux mythes héroïques : c’est ici que Pélops avait su gagner par sa victoire à la course de chars le royaume d’Œnomaos et la main de sa fille Hippodamie ; Héraclès, de sa main, avait tracé, au pied de la colline de Cronos (auj. mont Kronion), l’enceinte de l’Altis dédié à son père, bois sacré planté de platanes et d’oliviers sauvages, que les siècles s’attachèrent à orner : au ive s. av. J.-C., on l’entoura d’un mur, des portiques vinrent l’embellir, on y adjoignit les bâtiments des trésors (Hiéron de Syracuse y consacra un casque pris aux Étrusques en 474). À partir de 600, on commença à édifier le temple d’Héra, l’épouse de Zeus (Héraïon). C’est un cas unique dans l’architecture archaïque : on y voit en effet comment le bois, qui constituait primitivement les colonnes et les parties hautes du temple, a été petit à petit remplacé par la pierre.