Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Olympie (suite)

Au dernier jour de la panégyrie, on proclamait le nom des vainqueurs, celui de leur père, de la cité dont ils étaient originaires ; ils recevaient une couronne faite d’un rameau d’olivier de l’Altis, moment d’honneur insigne pour le père qui avait procréé un tel fils (l’un d’entre eux, qui vit deux de ses fils couronnés la même année, se vit souhaiter la mort par tous les spectateurs, nul bonheur plus grand n’aurait pu dès lors lui échoir) et pour la cité qui l’avait élevé. De magnifiques festins préludaient au départ, les vainqueurs (olympioniques) retournaient chez eux, leur cité leur réservait un accueil triomphal, on perçait une brèche dans le rempart pour qu’ils entrent par une porte que nul n’aurait franchie avant eux, leur vie durant ils seraient nourris aux frais de l’État dans le prytanée, les poètes chanteraient leur gloire.

Le succès des Jeux les corrompit rapidement. Peu à peu, dès le ve s., vinrent s’y exhiber des poètes, des écrivains qui profitaient de l’affluence, on y fit des proclamations politiques quand on voulait leur donner une audience panhellénique (Alexandre, ainsi, en 324, y fit lire un décret ordonnant à tous les États grecs de rappeler les bannis). Des athlètes professionnels remplacèrent les compétiteurs désintéressés qui gagnaient à leur victoire, sinon de l’argent (quoique le privilège de l’entretien au prytanée pût passer pour un gain intéressant), du moins un prestige monnayable. L’esprit du culte se perdit, pour plaire à Néron on modifia même le nombre des épreuves et l’on brisa le système pentétérique.

Pourtant, les concours continuèrent de réunir les Grecs ; ils furent interdits, comme symbole de paganisme, par l’empereur Théodose en 393 apr. J.-C.

Le site fut ravagé très vite par des tremblements de terre, l’Alphée divagant recouvrit d’alluvions les ruines. Ce n’est qu’à partir de 1875 que les fouilles des archéologues allemands le firent revivre, nous permettant de retrouver l’émotion qu’éprouvaient les Hellènes à sentir l’harmonie de leur terre et de leur civilisation.

J.-M. B. et O. P.

 E. N. Gardiner, Athletics at the Ancient World (Oxford, 1930 ; 2e éd., 1955). / H. A. Harris, Greek Athletes and Athletics (Indianapolis, 1964). / H. Berve, G. Gruben et M. Hirmer, Temples et sanctuaires grecs (Flammarion, 1965). / B. Ashmole et N. Yalouris, Olympia, the Sculptures of the Temple of Zeus (Londres, 1967). / A. Mallwitz, Olympia und seine Bauten (Munich, 1972).

Olympiques (jeux)

Manifestation sportive internationale multisport renouvelée des Grecs, ayant lieu en principe tous les quatre ans, depuis 1896, dans une ville différente, et réservée aux athlètes dits « amateurs ».


C’est un Français, Pierre de Coubertin (1863-1937), qui a lancé l’idée de rénover les jeux d’Olympie*, le 25 novembre 1892. Il déclarait alors : « Il faut internationaliser le sport, il faut organiser de nouveaux jeux Olympiques. » Pierre de Coubertin convoqua le premier congrès olympique, lequel décida, à l’unanimité, le 23 juin 1894, le rétablissement des jeux Olympiques et la constitution d’un comité international devant devenir le Comité international olympique (C. I. O.). La date de 1896 était adoptée, et la ville d’Athènes choisie en hommage aux Grecs, après que l’on eut renoncé, pour des raisons pratiques, à organiser les Jeux à Olympie.

Coubertin assuma la présidence du C. I. O. de 1896 à 1925. Il fit voter les principes fondamentaux que le temps a laissés intacts : intervalle de quatre années ; caractère moderne des concours ; création d’un comité international, permanent dans son principe, stable dans sa composition et dont les membres seraient les ambassadeurs de l’olympisme dans leurs pays respectifs et non les représentants de ces pays. Le C. I. O. a connu peu de présidents ; Coubertin fit élire le Grec Dhimítrios Bikélas pour la période préludant aux Jeux d’Athènes ; lui-même lui succéda ; le Belge Henry de Baillet-Latour prit sa suite, de 1925 à 1942. Vinrent ensuite l’énergique Suédois Sigfrid Edström (1946-1952), puis, durant vingt années, l’Américain Avery Brundage (1952-1972), autoritaire, ardemment attaché aux vieux principes, et enfin Michael Morris, lord Killanin, pair d’Irlande, élu en 1972 pour huit années.

Les premiers jeux Olympiques modernes ont donc eu lieu à Athènes, en avril 1896, devant un parterre de princes, sur un stade inspiré de l’antique et peu propice aux exploits sportifs. Les sports suivants figuraient au programme : athlétisme, aviron, cyclisme, escrime, gymnastique, haltérophilie, lutte, natation, sports équestres, tennis, tir et yachting à voile. À la faveur de ces Jeux, le philologue français Michel Bréal avait offert une « coupe du Marathon » en souvenir du célèbre soldat armé, Philippides, qui, selon la légende, mourut d’épuisement après avoir couru de Marathon à Athènes pour annoncer la victoire des Athéniens sur les Perses, en 490 av. J.-C.

Les Jeux d’Athènes étaient un point de départ ; l’hellénisme renaissant fut le véhicule grâce auquel le sport, pour la première fois internationalisé, commença sa conquête du monde.

Coubertin dut alors s’opposer aux Grecs, qui prétendaient à l’exclusivité. Il eut gain de cause, et Paris organisa les Jeux de 1900, en dépit de difficultés sans nombre dues à leur organisation dans le cadre d’une exposition universelle ; ce fut encore le cas en 1904 à Saint Louis aux États-Unis, substitué in extremis à Chicago.

Depuis lors, les jeux Olympiques ont été célébrés régulièrement, sauf en 1916 (Berlin était prévu), en 1940 (Tōkyō, puis, après son désistement, Helsinki) et en 1944 (Londres). Cependant, Coubertin avait fait admettre le principe « qu’une olympiade peut n’être pas célébrée, mais que son chiffre demeure, selon la tradition antique [...] ». C’est pourquoi les jeux Olympiques de Montréal, en 1976, ont été ceux de la XXIe olympiade, alors qu’ils ne seront que les XVIIIe jeux Olympiques.