Olympie (suite)
Au dernier jour de la panégyrie, on proclamait le nom des vainqueurs, celui de leur père, de la cité dont ils étaient originaires ; ils recevaient une couronne faite d’un rameau d’olivier de l’Altis, moment d’honneur insigne pour le père qui avait procréé un tel fils (l’un d’entre eux, qui vit deux de ses fils couronnés la même année, se vit souhaiter la mort par tous les spectateurs, nul bonheur plus grand n’aurait pu dès lors lui échoir) et pour la cité qui l’avait élevé. De magnifiques festins préludaient au départ, les vainqueurs (olympioniques) retournaient chez eux, leur cité leur réservait un accueil triomphal, on perçait une brèche dans le rempart pour qu’ils entrent par une porte que nul n’aurait franchie avant eux, leur vie durant ils seraient nourris aux frais de l’État dans le prytanée, les poètes chanteraient leur gloire.
Le succès des Jeux les corrompit rapidement. Peu à peu, dès le ve s., vinrent s’y exhiber des poètes, des écrivains qui profitaient de l’affluence, on y fit des proclamations politiques quand on voulait leur donner une audience panhellénique (Alexandre, ainsi, en 324, y fit lire un décret ordonnant à tous les États grecs de rappeler les bannis). Des athlètes professionnels remplacèrent les compétiteurs désintéressés qui gagnaient à leur victoire, sinon de l’argent (quoique le privilège de l’entretien au prytanée pût passer pour un gain intéressant), du moins un prestige monnayable. L’esprit du culte se perdit, pour plaire à Néron on modifia même le nombre des épreuves et l’on brisa le système pentétérique.
Pourtant, les concours continuèrent de réunir les Grecs ; ils furent interdits, comme symbole de paganisme, par l’empereur Théodose en 393 apr. J.-C.
Le site fut ravagé très vite par des tremblements de terre, l’Alphée divagant recouvrit d’alluvions les ruines. Ce n’est qu’à partir de 1875 que les fouilles des archéologues allemands le firent revivre, nous permettant de retrouver l’émotion qu’éprouvaient les Hellènes à sentir l’harmonie de leur terre et de leur civilisation.
J.-M. B. et O. P.
E. N. Gardiner, Athletics at the Ancient World (Oxford, 1930 ; 2e éd., 1955). / H. A. Harris, Greek Athletes and Athletics (Indianapolis, 1964). / H. Berve, G. Gruben et M. Hirmer, Temples et sanctuaires grecs (Flammarion, 1965). / B. Ashmole et N. Yalouris, Olympia, the Sculptures of the Temple of Zeus (Londres, 1967). / A. Mallwitz, Olympia und seine Bauten (Munich, 1972).