Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Nouvelle-Zélande (suite)

On compte moins de 70 000 exploitations au total ; elles emploient environ 120 000 personnes, contre 160 000 en 1939. Or, la production a plus que doublé entre ces deux dates. C’est montrer l’amélioration des techniques et la remarquable productivité de l’élevage néo-zélandais. Des herbes européennes, légumineuses ou graminacées, ont été introduites et constituent les deux tiers des prairies ; de la chaux et des engrais phosphatés (1,6 Mt par an) sont répandus sur les pâturages, dont 1 Mt par avion ; des appâts empoisonnés éliminent les opossums et aussi les animaux imprudemment importés, surtout les lapins. L’utilisation des moteurs électriques s’est généralisée, et 98 p. 100 de la traite des vaches se fait mécaniquement.

Toute la vie rurale est donc tournée vers l’élevage : la laine (350 000 t) représente 21 p. 100 des exportations, la viande 31 p. 100 (près de 40 p. 100 avec les sous-produits), les produits laitiers 19 p. 100. La culture proprement dite n’occupe qu’une place très restreinte : il n’y a presque plus de céréales dans la plaine de Canterbury. Un peu de tabac, de houblon, des vergers de pommiers (Nelson) et d’agrumes (Nord), un petit vignoble (800 ha) au nord d’Auckland font vivre quelques fermes. La pêche maritime (50 000 t) permet quelques exportations de langoustes et de coquilles Saint-Jacques.


L’industrialisation

La Nouvelle-Zélande n’est pas un grand pays industriel ; pourtant, ses quelque 10 000 fabriques emploient 230 000 ouvriers, soit deux fois plus de main-d’œuvre que l’agriculture, et le revenu du secteur industriel représente 27,5 p. 100 du revenu national, contre 13,5 p. 100 pour le secteur agricole. Mais un grand nombre d’entreprises sont étroitement liées aux ressources fournies par l’agriculture (laiteries, fromageries), et la plupart des usines néo-zélandaises sont d’une taille modeste, employant quelques dizaines d’ouvriers seulement.

Les industries alimentaires sont assez dispersées, mais les constructions mécaniques, les ateliers textiles, les fabriques de chaussures sont surtout concentrés dans les grands centres, en particulier à Auckland. La Nouvelle-Zélande ne fabrique pas elle-même des véhicules automobiles ; elle se contente de les monter.

Elle a peu de ressources minières : une drague recherche encore de l’or dans les alluvions du « Westland » de l’île du Sud, mais la production est faible. La recherche du pétrole a été jusqu’à présent décevante, mais les prospections effectuées actuellement dans la baie de Taranaki donnent quelque espoir : en attendant, la raffinerie de Whangarei (2,8 Mt de capacité) doit importer tout son pétrole brut et réexpédier les produits raffinés vers tout l’archipel, en grande partie par caboteurs. Un petit gisement de gaz naturel alimente les deux grandes villes de l’île du Nord.

Des gisements de charbon dispersés sont exploités, en particulier sur la côte occidentale de l’île du Sud : la production (2 Mt), qui sert surtout à la fourniture d’électricité, supporte difficilement la concurrence des hydrocarbures. Déjà, la diésélisation des chemins de fer a fait perdre au charbon un client important. Des sables ferrugineux commencent à être exploités au sud-ouest d’Auckland : ils sont concentrés, puis traités dans la nouvelle aciérie de Glenbrook.

Mais le grand atout de l’industrie est la richesse en électricité d’origine hydraulique (production d’électricité de 20 TWh, à 75 p. 100 d’origine hydraulique). Les conditions naturelles sont excellentes : rivières abondantes, à pente rapide, lacs glaciaires à des altitudes variées. L’île du Sud est évidemment la plus favorisée : d’importantes centrales y ont été construites (Benmore, Roxburgh, etc.), et d’autres sont en cours d’aménagement (Manapouri). Dans l’île du Nord, huit centrales ont été installées sur la rivière Waikato. Mais c’est insuffisant, même en y ajoutant la centrale géothermique de Wairakei et quelques usines thermiques : une ligne sous-marine de 500 kV franchit le détroit de Cook et apporte le courant du Sud.

L’étirement de l’archipel explique aisément l’importance du cabotage. Wellington assure en particulier les liaisons avec l’île du Sud. Les chemins de fer (5 000 km de lignes) collectent les marchandises, mais subissent la concurrence des transports routiers. Les voyageurs prennent surtout l’avion : les National Airways transportent plus d’un million de passagers par an. C’est Auckland qui joue le principal rôle dans le trafic international. Auckland est également le grand port maritime, mais plusieurs autres ports exportent directement les produits de l’élevage.


Les échanges et le niveau de vie

La place de la Grande-Bretagne dans le commerce extérieur de la Nouvelle-Zélande a beaucoup décliné ; l’ancienne métropole reste malgré tout le grand client des produits de l’élevage néo-zélandais (35,9 p. 100 des exportations en 1970), ce qui explique l’inquiétude de la Nouvelle-Zélande devant l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun. Les autres clients sont les États-Unis (15,5 p. 100), le Japon (9,9 p. 100), l’Australie (8,1 p. 100), le Canada (4,2 p. 100). La France achète surtout de la laine (2,7 p. 100). Les fournisseurs de la Nouvelle-Zélande sont surtout la Grande-Bretagne (29,6 p. 100), l’Australie (20,9 p. 100), les États-Unis (13,1 p. 100) et, depuis peu, le Japon (8,3 p. 100). La France n’a qu’une place minime (0,8 p. 100).

La Nouvelle-Zélande est prospère, son niveau de vie est élevé : il y a une voiture pour trois habitants, et une enquête de 1966 a révélé que 98 p. 100 des logements avaient une salle de bain, 91 p. 100 un réfrigérateur, 87 p. 100 une machine à laver, 82 p. 100 le téléphone. Ses services sociaux sont parmi les plus perfectionnés au monde. Pourtant, certains s’inquiètent de l’avenir. Trop dépendant de ses exportations agricoles, la Nouvelle-Zélande voudrait développer ses industries, mais la médiocrité du marché de consommation constitue un grave handicap. Les admirables paysages devraient permettre un développement touristique important, mais la Nouvelle-Zélande est très éloignée, aussi bien des États-Unis que de l’Europe occidentale.

A. H. de L.

➙ Auckland / Australie / Océanie / Wellington.