Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nouvelle-Zélande (suite)

 P. Leroy-Beaulieu, les Nouvelles Sociétés anglo-saxonnes : Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique australe (A. Colin, 1897 ; nouv. éd., 1901). / P. H. Buck, Vikings of the Sunrise (New York, 1938) ; The Coming of the Maori (Wellington, 1949). / L. C. Webb, Government in New-Zealand (Wellington, 1940). / A. Huetz de Lemps, Australie et Nouvelle-Zélande (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1954 ; 3e éd., 1970) ; Géographie de l’Océanie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1966 ; 2e éd., 1974). / D. O. W. Hall, Portrait of New Zealand (Wellington, 1955 ; 2e éd., 1957). / A. H. McLintock, A Descriptive Atlas of New Zealand (Wellington, 1959). / K. Sinclair, A History of New Zealand (Harmondsworth, 1959). / W. H. Oliver, The Story of New Zealand (Londres, 1960). / An Encyclopaedia of New Zealand (Wellington, 1966 ; 3 vol.) / A. Guilcher, l’Océanie (P. U. F., coll. « Magellan », 1969). / B. Fautz, Die Entwicklung neuseeländischer Kulturlandschaften (Sarrebruck, 1970). / G. Lingé, Nouvelle-Zélande, terre des Maoris (Laffont, 1972).

Novalis

Poète et philosophe allemand (Wiederstedt, Saxe, 1772 - Weissenfels 1801).


Sa brève existence a ressemblé au passage d’un météore dans le ciel romantique. De son nom de famille Friedrich Leopold baron de Hardenberg, il était né dans le comté de Mansfeld en Thuringe en 1772, second enfant d’une famille qui devait en compter onze. À elle seule, avec les parents et les enfants, celle-ci devait former la communauté où grandit le futur poète, dans une atmosphère de piété, car son père et sa mère adhéraient l’un et l’autre à une secte rattachée aux frères de Herrnhut. La doctrine des communautés fraternelles, héritée pour une part des Frères moraves, simplifiait le culte au profit d’un rapport plus personnel du chrétien avec le salut et le Sauveur, la vie terrestre se déroulant dans une communauté constante de travail et de prière, où l’on cherchait à retrouver l’esprit des chrétientés primitives. Instruit par un précepteur, le jeune Friedrich commença tôt à composer des chants religieux et des contes. Sa « conversion », moment inhérent à la pratique des communautés piétistes, se produisit dès sa neuvième année, à la suite d’une maladie d’où il sortit transformé, non pas pour renoncer au siècle, mais pour consacrer tous ses actes, sans leur ôter leur valeur proprement terrestre, au salut des âmes.

En 1790, Novalis alla étudier le droit à Iéna, où enseignait Schiller, qui fut son maître en poésie idéaliste. Mais Friedrich Schlegel allait vite prendre la première place dans ses amitiés et la philosophie de Fichte lui apporter comme une seconde révélation. L’idéalisme absolu de Fichte confirmait le jeune Hardenberg dans sa conviction de la primauté du spirituel, mais lui découvrait aussi la connaissance scientifique. Novalis prit la décision de se consacrer à la science et de commencer de nouvelles études. Plus tard, il devint ingénieur des mines, mais, dès sa jeunesse, il conçut ce qui devait être le grand projet de sa vie : une méthode de connaissance totale, étendue à tous les domaines du savoir, mettant en œuvre toutes les formes de la vie intellectuelle et spirituelle. Cet esprit d’encyclopédie et cet universalisme, caractéristiques de la pensée romantique d’Iéna, n’excluaient pas l’action, puisque la philosophie idéaliste paraissait à Novalis le vrai moyen de réduire la contradiction entre le devenir vivant et la raison ; il voyait même, à la limite, le hasard banni d’un monde non pas rationalisé, mais poétisé.

La vocation poétique de Friedrich von Hardenberg découla de l’événement majeur de sa vie qui fit de lui Novalis : la mort de Sophie von Kühn. Il l’avait connue à Grüningen, où il était adjoint à l’administrateur du district ; les parents de Sophie vivaient au château de Grüningen. L’été de 1795 fut la période bénie de cette adoration d’une toute jeune fille qui avait pourtant, au témoignage des contemporains, l’esprit d’un adulte et parfois un air de personne expérimentée qui contrastait avec son amour des jeux. Cette saison du bonheur fut suivie de fiançailles, puis d’une séparation, et Sophie tomba gravement malade. Durant l’année 1796, Novalis dut quitter Grüningen, où il revenait souvent ; Sophie semblait se remettre, quand on se décida à tenter une opération du foie, qui amena sa fin le 19 mars 1797.

Dans la vie et la poésie de Novalis, ce 19 mars allait marquer la fin d’une vie et le commencement d’une autre, l’anéantissement d’un monde et la naissance d’un univers, celui de la spiritualité, celui où l’on pénètre après la mort, qui deviendra pour le poète la vraie vie. Novalis décida de poursuivre la vie avec Sophie et décréta que ce nouvel univers était la réalité, le monde des phénomènes sensibles et des êtres terrestres demeurant celui des apparences, où par le fait de sa double nature, l’homme doit continuer à jouer son rôle.

La trouvaille géniale des Hymnes à la nuit, le cycle poétique publié en 1800 par Novalis dans la revue du groupe romantique d’Iéna, Athenäum, et qui constitue l’œuvre majeure du poète, consista dans l’exploitation de l’opposition du jour et de la nuit pour exprimer tout ce que signifiaient pour lui ces deux mondes opposés et pourtant irrémédiablement liés.

Œuvre maîtresse du romantisme allemand, les Hymnes à la nuit (Hymnen an die Nacht) ajoutaient comme une dimension nouvelle à la poésie, devenue à la fois philosophique et musicale, car cette révélation d’une vie nouvelle est faite dans une langue si harmonieuse qu’on y passe insensiblement de la prose au vers, de la méditation à la prophétie. Elle donnait l’exemple d’une nouvelle doctrine poétique, qui inclut à la fois science et histoire, perception et intuition dans une connaissance supérieure, celle des poètes, qui sont aussi des créateurs. Comment connaître vraiment ce qui n’a pas été vécu et que peut signifier vivre si la connaissance n’y est pas incluse ? Il n’y a pas de vraie science sans ferveur, et la fin de l’amour est une lucidité supérieure.