niveau de vie (suite)
La notion de besoins
Le calcul des indicateurs et de l’indice synthétique réclame préalablement une classification des composants en groupes : besoins physiques, comprenant l’alimentation et la nutrition (protection contre la faim), l’abri (protection contre les éléments extérieurs), l’habillement, les conditions de travail et d’emploi, les transports et la santé (protection contre la maladie) ; besoins culturels, comprenant l’éducation (protection contre l’ignorance) et les loisirs (protection contre le surmenage) ; besoins supérieurs (consommation et épargne globale). Pour définir le niveau de chacun de ces composants, un certain nombre de données mesurables sont transformées en indicateurs par quantification de 0 à 100, l’indice 0 et l’indice 100 étant pris relativement à chaque indice, un peu comme l’on a défini le degré 0 et le degré 100 de la température à partir de la glace fondante et de l’ébullition de l’eau. Il reste à pondérer les divers composants afin de calculer un indice unitaire de niveau de vie.
Cette conception — aboutissant à regarder le niveau de vie comme un ensemble d’indicateurs représentant divers aspects de la satisfaction des besoins — n’est pas exempte de critiques. D’une part, cette mesure n’est que référence à une certaine norme plus ou moins fictive, qui n’a de sens que dans un certain cadre, peut-être celui des pays développés. Cette norme ne fait que refléter, en somme, la représentation que s’en donne la société. Elle ne peut donc pas être objective, les différents pays faisant référence à des histoires et à des civilisations différentes, et pouvant ne pas privilégier les mêmes éléments. Le classement des besoins proposés pour déterminer le niveau de vie représente donc une hiérarchisation discutable des éléments qui le composent. Dans ces conditions, le problème devient celui de situer les différents composants les uns par rapport aux autres pour obtenir une certaine image structurelle.
D’autre part, le concept de niveau de vie n’échappe pas aux jugements de valeur qu’il entend précisément éliminer. Cette dernière difficulté souligne le caractère arbitraire de toute mesure et de toute comparaison (dans le temps ou dans l’espace) des niveaux de vie.
G. R.
➙ Besoin / Minimum vital.
J. Broizat, la Fureur de mieux vivre, croissance économique et bien-être des Français (Éd. de l’entreprise moderne, 1962). / G. Dupuigrenet-Desroussilles, Niveaux de vie et coopération économique dans l’Europe de l’Ouest (P. U. F., 1962).