Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nivelle (Robert) (suite)

Relevé de ses fonctions, Nivelle est mis en disponibilité, puis comparaît en octobre devant un conseil d’enquête, composé des généraux Foch*, Gouraud* et Henri Brugère (1841-1918), qui reconnaît qu’aucune véritable faute ne pouvait lui être imputée. À Noël 1917, il est mis à la tête du 19e corps à Alger ; en 1920, il entre au Conseil supérieur de la guerre, et une décision de 1921 le maintient en activité sans limite d’âge. Excellent commandant d’armée, plus « mécanicien » que psychologue, Nivelle, grisé par les incontestables succès qu’il avait remportés à Verdun, s’était enfermé dans ses propres conceptions : il fut victime des circonstances mêmes qui l’avaient surhaussé.

P. D.

➙ Guerre mondiale (Première).

nivellement

Technique scientifique ayant pour but de définir l’altitude (ou cote) des points à la surface du globe terrestre et de les comparer au niveau moyen des mers.



Introduction

En géodésie, seules les altitudes d’un canevas fondamental sont déterminées.
Le nivellement géométrique de précision donne les cotes d’un réseau de repères matérialisés.
Le nivellement géodésique ou trigonométrique étend ce réseau, avec une moindre précision, aux bornes géodésiques et à des repères permanents naturels.

L’extension de ces mesures isolées se fait ensuite à tous les points de la surface terrestre par des techniques qui dépendent de la topométrie, de la topographie et de la photogrammétrie. Les altitudes et la représentation des formes du terrain par des courbes de niveau constituent des renseignements essentiels des cartes topographiques.

• Définition des altitudes. En toute rigueur, la géodésie moderne définit l’altitude d’un point M en deux étapes.
La cote géopotentielle C(M) est le travail qu’il faut faire contre la pesanteur pour passer de l’altitude 0 à l’altitude du point M considéré.
L’altitude au sens courant du terme h(M) se déduit de C(M) par une formule conventionnelle [par exemple l’altitude normale HN(M) définie en géodésie]. Elle représente approximativement la distance verticale de M au géoïde.

En pratique, les canevas de 1er ordre de nivellement géométrique sont établis en termes de cotes géopotentielles. Tous les réseaux dérivés utilisent l’altitude au sens courant du terme h.


Le nivellement géométrique de précision

Le Service du nivellement de précision (qui constitue l’une des branches de la géodésie) a pour mission :
— de placer des repères de nivellement (scellés) sur des itinéraires réguliers (routes, rivières, voies ferrées) et d’assurer leur conservation (des repères spéciaux, dits repères séculaires, sont placés en profondeur dans des régions géologiquement stables) ;
— de déterminer les altitudes de ces repères relativement à un repère fondamental (en France, le point zéro du marégraphe de Marseille) ;
— de mesurer simultanément le niveau moyen des mers et de le comparer aux altitudes côtières du réseau, cette opération étant exécutée par des marégraphes (enregistreurs continus du niveau) et des médimarémètres (donnant seulement le niveau moyen) placés sur le littoral en des points sélectionnés.

L’opération métrique fondamentale consiste dans la mesure des dénivelées au moyen d’un niveau à lunette, dont la pièce maîtresse est une nivelle, fiole en forme de tore gradué, contenant un mélange d’alcool et d’éther. Une bulle de vapeur se place toujours d’elle-même par gravité au point le plus haut du tore. La nivelle est dite calée lorsque les deux extrémités de la bulle coïncident avec deux graduations symétriques ; la directrice de la nivelle (tangente en la graduation centrale) est alors horizontale. Le niveau est dit réglé lorsque cette directrice est parallèle à l’axe optique de la lunette du niveau, que l’on dirige successivement vers une mire arrière et une mire avant. La bulle étant calée dans chaque position, la dénivelée entre les pieds des mires placées en A et B s’obtient par la formule

À la portée suivante, la mire avant devient mire arrière ; la mire arrière est déplacée d’environ 150 m de A en C et devient mire avant, etc.

Dans le cas du nivellement de 1er ordre, on mesure aussi au gravimètre l’intensité g de la pesanteur.

Le réseau du nivellement de précision français, désigné souvent sous le nom de réseau de nivellement général, comporte 14 000 km de réseau de 1er ordre et 300 000 km de réseaux de 2e, de 3e et de 4e ordre, le long desquels on dénombre 400 000 repères de nivellement, dont la description, l’emplacement et l’altitude sont donnés dans des « répertoires », édités en général par demi-feuilles au 1/50 000. La précision obtenue est de l’ordre de 0,04 m pour 1 000 km. Elle permet de mettre en évidence la variation séculaire du niveau moyen des mers, les affaissements locaux et la surrection des chaînes montagneuses. Ce réseau de nivellement constitue le canevas indispensable pour le nivellement géodésique, pour les opérations topographiques de la carte de France au 1/25 000 et pour toutes les opérations de nivellement nécessaires dans les travaux de génie civil, de génie rural, etc.


Le nivellement géodésique ou trigonométrique

Ce nivellement est exécuté en même temps que les opérations géodésiques ; on mesure en une station géodésique A la distance zénithale z relative à une mire géodésique B. La différence de cote entre A et B est donnée par la distance horizontale Dh étant obtenue par le calcul de la triangulation. Cette dénivelée doit subir deux corrections, l’une due à la sphéricité terrestre, l’autre à la réfraction atmosphérique entre A et B. Le nivellement géodésique s’appuie sur les repères du nivellement général et permet de coter les bornes et les points géodésiques distants de quelques kilomètres avec une incertitude relative de l’ordre de 0,10 m.