Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Ni Tsan (suite)

Ni Zan utilise l’encre « comme de l’or », avec une grande parcimonie. Sur un premier tracé d’encre pâle, étalée en touches légères et inclinées, il ajoute quelques ponctuations denses pour suggérer la végétation ou souligner les pentes montagneuses. Cette économie de moyens confère aux larges zones laissées en blanc une pureté visuelle particulièrement expressive. Le dépouillement statique de l’œuvre, son caractère apparemment « insipide » dan (tan) et désinvolte cachent en fait une discipline rigoureuse et une formation solide. Cependant, chez Ni Zan, la leçon des prédécesseurs (les paysagistes du xe s., Mi Fu et les premiers peintres Yuan) est si profondément assimilée qu’elle semble ne pas peser sur sa création personnelle.

Convoitée par les collectionneurs, inlassablement imitée bien qu’inimitable, la peinture du maître connut un tel succès que, selon un dicton célèbre, les grandes familles du sud du Bas-Yangzi se divisaient en deux catégories : celles qui possédaient un Ni Zan et celles qui n’en possédaient pas.

F. D.

➙ Houang Kong-wang / Wang Mong / Wou Tchen.

 Zheng Zhuolu, Ni Zan (en chinois, Shanghai, 1961).

niveau de vie

Si paradoxal que cela paraisse, il n’est rien de plus difficile à définir que la notion de niveau de vie : notion non seulement complexe, mais aussi disparate, parce que entrent dans son contenu une foule d’éléments aussi divers que l’alimentation*, les conditions d’hygiène* et de santé*, le logement*, la sécurité* sociale, les conditions de travail*, l’habillement*, les loisirs*, les services* à caractère culturel, etc.


Comme cette notion est utilisée en règle générale à des fins de comparaison, le problème essentiel posé par le concept de niveau de vie est celui de l’évaluation précise des éléments qui le composent : il s’agit d’exprimer par un chiffre la contribution de chacun d’eux au niveau de vie d’une personne, d’un groupe social ou d’une population donnée. En conséquence, à travers la définition du niveau de vie se trouvera indiquée la répartition (quantitative et qualitative) de chacun des composants du niveau de vie. Compte tenu de ces remarques, la définition et la mesure du niveau de vie ne peuvent être qu’assez arbitraires.


Au-delà du quantitatif

Si on mesure le niveau de vie en fonction de la quantité de biens* et de services fournis à une population donnée, il semble qu’on pénètre dans un cercle vicieux, car l’on décide, dès lors, a priori, que ne rentrera dans le concept de niveau de vie que ce qui est réductible à la quantité. Le niveau de vie est souvent défini en fonction des statistiques disponibles, ce qui amène souvent à laisser de côté certains aspects qualitatifs extrêmement importants.

Afin de tenir compte de cette objection, on s’est efforcé, depuis 1960 environ, de compléter la détermination purement quantitative du niveau de vie (à travers un nombre exprimant par exemple le revenu* ou le salaire), jugée appauvrissante et insuffisante, par une description socio-économique de toutes les consommations* pouvant intervenir de manière concrète. De toute façon, les définitions communément acceptées, étant davantage fonction de conventions entre instituts nationaux de statistiques que d’une élaboration proprement théorique, diffèrent non seulement d’un pays à l’autre, mais souvent aussi d’une période à l’autre au sein d’un même pays.

Les comparaisons internationales, comme l’étude de l’évolution propre à un pays, sont rendues difficiles, les renseignements statistiques disponibles ne couvrant, en réalité, qu’une fraction des ressources, de véritables ressources invisibles n’étant pas citées : la sous-estimation des avantages en nature et des services collectifs est, notamment, fréquente. Pour la plupart des pays, les revenus entrant en ligne de compte dans les statistiques de niveau de vie ne permettent donc pas, à eux seuls, de dégager une idée précise du niveau de vie réel et de son évolution. Il faut prendre en considération quelques éléments significatifs non mesurables, comme les loisirs, l’agrément et l’attrait de la vie professionnelle, que Jean Fourastié groupe sous le nom de genre de vie, éléments souvent subjectifs et dépendant des goûts et des aptitudes de chacun, et, par conséquent, difficiles à évaluer. Dans ces conditions, la notion de niveau de vie recouvrant l’ensemble des besoins et des aspirations de tous ordres doit être prise dans un sens très large, et, le niveau de vie ne peut être évalué au moyen d’un simple indicateur ou d’une méthode purement statistique.


Dépassement du revenu et du salaire

Par exemple, le niveau de vie ne peut pas être convenablement exprimé par le revenu moyen. En effet, si l’on ramène le niveau de vie à cette notion, la réalité se trouve faussée par le fait qu’est négligée la diversité des types de répartition et de consommation, notion qui, seule, est constructive, parce que seule concrète, et qui n’apparaît qu’au travers d’une classification en rubriques (catégories socio-professionnelles, étude de budgets familiaux, etc.).

L’analyse du niveau de vie sera tout aussi insuffisante si l’on s’en tient à un montant de salaire. D’une part, le terme de salaire est vague et prête à confusion (s’agit-il, par exemple, du salaire direct ou du salaire indirect et y comprend-on notamment les allocations familiales ?). D’autre part, on peut se demander s’il ne faudrait pas faire entrer, à côté du salaire proprement dit, les éléments du niveau de vie constitués par des biens et services divers qui sont monétairement évaluables, mais qui sont fournis aux ménages soit gratuitement (par exemple services d’éducation, services de santé et d’hygiène), soit à un prix délibérément inférieur à leur coût (par exemple facilités de transports accordées par les entreprises).

Devant la signification limitée de cette méthode d’évaluation, le problème posé par l’analyse du niveau de vie a été approché par une autre procédure, celle des indicateurs sociaux. Cette méthode repose sur la quantification de la satisfaction des besoins. Par là même, seuls les besoins mesurables peuvent intervenir dans ce calcul : on aboutit de cette façon à une quantification du domaine social, mais quantification reposant de nouveau sur le domaine du mesurable et qui ne peut, par conséquent, donner dans tous les cas une réponse entièrement significative au problème du niveau de vie.