Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Newman (John Henry) (suite)

De 1833 à 1841 parurent les Tracts for the Times, écrits en grande partie par Newman. Ils traitaient de la doctrine des Pères de l’Église, de la recherche de l’esprit originel du christianisme, mais l’aspect le plus original en était déjà le souci de montrer l’importance de l’histoire dans l’évolution du christianisme. Les tractariens étaient, en ce domaine, les héritiers de la tradition de deux théologiens anglicans, Richard Hooker (1554-1600) et Samuel Taylor Coleridge, qui s’étaient penchés sur ces problèmes.

À cette époque, Newman n’envisageait nullement de se rallier à l’Église catholique ; au contraire, il élaborait la théorie de la troisième voie, selon laquelle l’Église anglicane occupait une via media entre une Église catholique trop statique et des églises protestantes trop éloignées de la tradition des Pères.

Ses prédications à Saint Mary’s d’Oxford, les Parochial and Plain Sermons (1834-1842), ses Esquisses patristiques (1833-1836) et ses Lectures on Justification (1838), qui développent ces théories, firent de lui le théologien le plus célèbre d’Angleterre. En 1841, cependant, son Tract 90, dans lequel il se rapprochait des positions de l’Église romaine au sujet de l’anglicanisme, suscita une vive opposition. En pleine crise religieuse, doutant du bien-fondé de sa doctrine de la via media, Newman se retira dans la solitude de Littlemore, près d’Oxford.

Le fruit de ses réflexions, ce sera en 1845 l’Essay on the Development of Christian Doctrine, qui démontre que l’Église catholique est la seule véritable héritière de l’Église primitive. Grâce à son sens de la tradition, elle aurait su, à travers l’histoire, conserver intacte le dépôt originel tout en le développant et en l’insérant dans le continuum historique.

Le 9 octobre 1845, Newman abjurait l’anglicanisme et faisait sa profession de foi entre les mains d’un prêtre catholique. Sa conversion l’éloigna de ses amis d’Oxford, et Newman entreprit un voyage à Rome, au cours duquel il fut ordonné prêtre le 30 mai 1847 ; quelque temps après, il entrait à la congrégation de l’Oratoire. En 1848, après son retour en Angleterre, il fondait à Birmingham la première maison oratorienne de Grande-Bretagne.

Après cinq années de rectorat à la tête de l’université catholique irlandaise de Dublin (1851-1856), il se consacra entièrement aux recherches théologiques. En 1870, son livre Grammar of Assent (la Grammaire de l’assentiment) dressa contre lui les théologiens catholiques traditionalistes, dont le cardinal Manning, un converti, lui aussi.

L’opposition de Newman, au premier concile du Vatican, à la proclamation du dogme de l’infaillibilité pontificale, dont Manning était l’ardent champion, n’était pas faite pour désarmer les critiques acerbes des intégristes britanniques. Il ne fallut rien moins que son élévation au cardinalat par le pape Léon XIII en 1879 pour faire cesser les attaques dont il était l’objet.

Newman avait également publié en 1864 son autobiographie, Apologia pro vita sua, un admirable récit teinté d’humour, et en 1873 un traité d’éducation chrétienne, Idea of a University Defined. Il est également l’auteur de romans religieux : Perte et gain, Callista, etc.

Lorsqu’il mourut à Edgbaston, près de Birmingham, le 11 août 1890, les vieilles querelles étaient oubliées, et c’est le cardinal Manning lui-même qui tint à prononcer son oraison funèbre.

C. J.-N.

 H. Bremond, Newman (Bloud et Gay, 1905-06 ; 3 vol.). / D. Gorce, Introduction à Newman (Desclée De Brouwer, 1924). / J. Guitton, la Philosophie de Newman (Boivin, 1933). / L. Bouyer, Newman. Sa vie, sa spiritualité (Éd. du Cerf, 1952). / L. Cognet, Newman ou la Recherche de la vérité (Desclée De Brouwer, 1967).

Newton (sir Isaac)

Physicien, mathématicien et astronome anglais (Woolsthorpe, Lincolnshire, 1642 - Kensington, Middlesex, 1727).



Les années de formation

Né prématurément le jour de Noël, l’année même de la mort de Galilée*. Newton est un enfant si chétif et malingre qu’on pense qu’il ne pourra pas vivre. Son père, propriétaire terrien, meurt avant sa naissance, et sa mère se remarie avec Barnabas Smith, recteur de North Witham. L’enfant, alors âgé de trois ans, est confié à sa grand-mère, qui lui fait faire ses premières études aux écoles primaires de Skilington et de Stoke, deux hameaux voisins de Woolsthorpe. À l’âge de douze ans, il est envoyé à l’école publique de Grantham et logé chez l’apothicaire de l’endroit. Il racontera lui-même qu’il était un élève fort peu attentif ; il préférait s’amuser à construire de petites machines, tels une espèce de clepsydre fort précise, un cadran solaire et un moulin mû par une souris qu’il appelait le « meunier » et qui, pour se nourrir, prélevait une partie de la farine qu’elle produisait. Il aimait aussi dessiner d’après nature ou selon son imagination, et les murs de sa petite chambre étaient couverts de dessins et de peintures.

Redevenue veuve en 1656, sa mère le rappelle à Woolsthorpe, pour l’employer à l’administration et aux travaux de la ferme. Mais ce genre d’occupation ne lui convient guère. Tandis qu’un vieux serviteur s’occupe des achats et des ventes dont on l’a chargé au marché de Grantham, Newton retourne chez son ancien hôte pour s’adonner à la lecture de vieux livres ou s’arrête même en chemin. La passion qu’il montre alors pour les sciences lui vaut, sur l’intervention d’un oncle, de poursuivre ses études à Grantham. Puis, à l’âge de dix-huit ans, il est envoyé au Trinity College de Cambridge, où il est vite distingué par son maître, le mathématicien Isaac Barrow (1630-1677). En 1665, il y obtient le degré de bachelier ès arts.

Cette même année, la peste sévit à Londres. L’université de Cambridge ferme ses portes, et Newton retourne à Woolsthorpe, où il reste jusqu’en 1667. C’est sans doute pendant cette période qu’il effectue ses principales découvertes, et c’est là que la tradition situe la fameuse histoire de la pomme ; celle-ci, rapportée à Voltaire par une nièce de Newton, n’a jamais été mentionnée par celui-ci et n’est probablement qu’invention. Néanmoins, Newton ne fait pas connaître les résultats qu’il obtient à cette époque, car il n’éprouve aucun besoin de publier. Comme l’a remarqué Fontenelle, on peut lui appliquer ce que Lucain a dit du Nil, dont les Anciens ne connaissaient point la source : « Qu’il n’a pas été permis aux hommes de voir le Nil faible et naissant. »