Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

nationalité (suite)

Acquisition de la nationalité française postérieurement à la naissance


Acquisition en raison de la naissance et de la résidence en France

Toute personne née en France de parents étrangers acquiert de plein droit et sans incapacité la nationalité française à sa majorité si, à cette date, elle a depuis cinq années, et possède toujours, sa résidence en France, sauf opposition du gouvernement par décret ou refus du mineur dans l’année précédant la majorité.


Acquisition par le mariage

Le mariage n’exerce de plein droit aucun effet sur la nationalité, mais le conjoint étranger peut acquérir la nationalité française par déclaration sur justification du dépôt de l’acte de mariage. Le ministre peut refuser d’enregistrer la déclaration qui ne satisfait pas aux dispositions légales. Sa décision doit être motivée et notifiée au déclarant, qui peut la contester devant le tribunal de grande instance. Le gouvernement peut également s’opposer par décret, dans le délai d’un an, à l’acquisition de la nationalité française pour indignité, défaut d’assimilation ou lorsque la communauté de vie a cessé entre les époux.


Acquisition par décret


Naturalisation

C’est l’octroi de la nationalité française par le gouvernement à l’étranger qui la demande. La pratique de la naturalisation est fort ancienne, et ses conditions ont varié suivant les circonstances et les intérêts de la France à chaque époque.

Traditionnellement, elle est subordonnée à la condition que l’étranger ait au moins l’âge de dix-huit ans et qu’il ait sa résidence habituelle en France depuis au moins cinq ans, ce délai étant ramené à deux ans ou même supprimé dans certaines circonstances (services rendus à la France, liens familiaux...).

La naturalisation est accordée par décret après une enquête diligentée par le préfet sur la dignité, l’assimilation à la communauté et les conditions de santé du demandeur. La décision du gouvernement est discrétionnaire.

Certaines incapacités frappent le naturalisé durant cinq ans (électorat) ou dix ans (éligibilité, accès à certaines fonctions).

La naturalisation d’un chef de famille fait acquérir la nationalité française à ses enfants mineurs, sauf s’ils sont mariés.


Réintégration des anciens Français

Le réintégré redevient français sans rétroactivité sous des conditions proches de celles qui sont réclamées pour la naturalisation, mais il échappe aux incapacités qui frappent le naturalisé.


Perte de la nationalité française

Elle correspond en partie à la perte de la nationalité « de fait » et est destinée également à éviter le cumul des nationalités. Elle est surbordonnée à une déclaration (personne majeure résidant à l’étranger et désirant acquérir la nationalité étrangère), à un jugement (établissement prolongé à l’étranger), à une autorisation gouvernementale (possession d’une nationalité étrangère) ou à un décret (perte en raison du comportement d’un Français, déchéance pour indignité d’un naturalisé).

Le contentieux de la nationalité relève de la compétence des tribunaux judiciaires ; tout Français peut faire la preuve* de sa nationalité, soit en produisant un certificat de nationalité, soit en prouvant qu’il est né en France d’un parent qui y était lui-même né ou qui jouissait d’une façon constante de la possession d’état de Français.

M. B.

➙ Étrangers (condition des).

 La réforme du droit de la nationalité, loi du 9 janvier 1973 (« Notes et études documentaires », la Documentation française, 1974).

national-socialisme

Mouvement politique qui a dominé l’Allemagne du 30 janvier 1933, date à laquelle Hitler devint chancelier du Reich, jusqu’à l’effondrement de mai 1945.


Pour beaucoup d’historiens, le national-socialisme est un mouvement né avec Hitler, chef du parti nazi depuis 1920. Cette opinion mérite d’être nuancée, car le national-socialisme, s’il exacerbe des tendances nationalistes et racistes, ne les invente pas. Une continuité de l’impérialisme allemand se manifeste de Guillaume II à Hitler en passant par Ebert et Stresemann. Certains spécialistes de la pensée protestante font remonter à Luther les racines du national-socialisme, mais les travaux récents montrent combien grande fut sur Hitler l’influence du catholicisme autrichien.


Les sources pangermanistes du national-socialisme

Le pangermanisme apparut vers 1885, se développa après 1890 avec le gouvernement personnel de Guillaume II. Dès cette époque germent des idées telles que la domination de l’Europe centrale par le germanisme, développée par exemple par Julius von Eckardt (1836-1908), celle d’un pangermanisme continental groupant autour du Reich toutes les nations où l’on parle un langage germanique — Pays-Bas, Flandre —, comme le réclame Fritz Bley, auteur de Die alldeutsche Bewegung und die Niederlande ; apparaît aussi l’idée de lutte contre la Russie et le slavisme, professée par Paul de Lagarde (1827-1891) ou Konstantin Frantz (1817-1891). Ce dernier souhaite une véritable politique d’assimilation et invite les Allemands à déporter les allogènes qui habitent aux frontières à l’intérieur du Reich, pour installer sur ces mêmes frontières des populations vraiment allemandes. La Ligue pangermaniste (Alldeutscher Verband), fondée en 1891, popularise cette pensée.


Langue et nationalisme

Les traités de Versailles et de Saint-Germain de 1919, en enlevant à l’Allemagne des terres considérées par elle comme germaniques — Alsace-Lorraine, Posnanie, corridor de Dantzig —, en dépeçant l’Autriche, laissent croire à certains Allemands que leur pays va vers sa fin, ce qui stimule le sentiment national. Dès 1923-24, la république de Weimar, stabilisée, favorise ce mouvement. Pour les Allemands, toute région où l’on parle allemand est allemande ; en 1925-26, deux ouvrages sont publiés par Wilhelm Volz (1870-1958) : Der westdeutsche Volksboden et Der ostdeutsche Volksboden, description de tous les territoires germaniques enlevés au Reich. Le mot Volk et tous ses dérivés (Völkisch, Volkstum, Volkswagen, etc.), si utilisés par les nationaux-socialistes, commencent une brillante carrière à l’époque de Weimar, à un temps où l’on attache une importance primordiale au principe ethnique. Dès 1921, le Deutscher Schulverein spécifie dans ses statuts que par Deutsche il faut entendre Stammdeutsche, c’est-à-dire « Allemand de sang » : les Juifs allemands ne peuvent appartenir à cette association. On distingue couramment toute une série d’Allemands classés selon leur domicile, à l’intérieur du Reich, à la frontière, à l’étranger (Inlanddeutsche, Grenzdeutsche, Auslanddeutsche), selon leur nationalité (Reichsdeutsche, Auslandreichsdeutsche, Deutschausländer), selon des données ethno-linguistiques (Allemand de sang, Stammdeutsche ; Allemand de langue, Sprachedeutsche ; Allemand de « volonté », Gesinnungsdeutsche ; le germanisé, Eingedeutschte ; le dégermanisé, Entdeutschte). Ainsi, bien avant les lois de Nuremberg (sept. 1935), on connaît en Allemagne d’importantes distinctions fondées sur la race.