nationalisation (suite)
En Italie, de la même manière qu’en Grande-Bretagne, l’existence d’un contrôle public est le trait qui différencie l’entreprise publique de l’entreprise privée. La surveillance ministérielle est caractérisée par une politique de sanction, de désignation, de coordination, de directive. Le système italien est de nature à inspirer une réforme de notre propre secteur public. L’IRI a pour principe même l’économie mixte. L’État garde la totalité ou presque des actions du holding, mais ensuite une démultiplication se fait à l’intérieur des sous-holdings et des sociétés successives. (L’IRI participe pour 96,2 p. 100 à Alitalia et contrôle intégralement la Società italiana Autostrade.)
Le secteur public belge présente le double caractère d’être ancien et de n’avoir pas comporté d’opération de nationalisation dans le sens de la France et de l’Italie, c’est-à-dire d’appropriation par retrait du secteur privé. Néanmoins, avec une terminologie différente, le système est assez voisin du nôtre. Les pouvoirs publics belges semblent, par ailleurs, renforcer leur emprise sur les entreprises nationales (Sabena par exemple).
Il faut, toutefois, tenir compte que, dans ce pays (comme au Luxembourg), les entreprises publiques occupent une place moindre que dans les autres pays de la C. E. E. Pour le Luxembourg, il faudrait plutôt parler d’un secteur semi-public à participation étrangère dans trois branches : énergie, transports, finances.
À l’inverse, en Allemagne occidentale comme aux Pays-Bas, on constate une certaine tendance à la dénationalisation. En R. F. A., l’intérêt pour la cogestion s’explique d’autant mieux qu’après la Seconde Guerre mondiale les puissances occupantes, et notamment les États-Unis, étaient doctrinalement peu soucieuses de voir se développer en Allemagne un secteur public industriel. Par contre, elles voyaient avec moins de défaveur le développement d’une cogestion susceptible de conduire à la paix sociale ; cette cogestion ne concerne que l’industrie lourde, mais il est fortement question de l’étendre. Quand, en 1954, l’Allemagne retrouva sa souveraineté économique, il était donc trop tard pour que le concept de nationalisation gagnât du terrain. Aussi la privatisation demeure-t-elle une idée force. Néanmoins, la dénationalisation semble freinée par l’apparition d’un facteur financier : on a pu observer que les entreprises dénationalisées éprouvaient des difficultés de gestion, dues notamment aux exigences des nouveaux actionnaires (personnes privées).
D. R.
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K. Katzarov, Théorie de la nationalisation (La Baconnière, Neuchâtel, 1960). / C. Berthomieu, la Gestion des entreprises nationalisées (P. U. F., 1970). / P. Turot, les Entreprises publiques en Europe (Dunod, 1970). / P. Naville et coll., l’État entrepreneur : le cas de la Régie Renault (Anthropos, 1971). / M. F. L’Hériteau, Pourquoi des entreprises publiques ? (P. U. F., 1972). / F. François-Marsal, le Dépérissement des entreprises publiques (Calmann-Lévy, 1973). / F. Boulanger, les Nationalisations en droit international comparé privé (Economica, 1975).