Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Myrtales

Ordre dans lequel on rassemble ici dix-sept familles ; celles-ci étaient autrefois groupées dans les Dicotylédones dialypétales à ovaire en position infère. D’autres auteurs, qui distinguent Dicotylédones ligneuses et Dicotylédones herbacées, divisent alors cet ordre en deux : les Myrtales, sensu stricto, ligneuses, et les Lythrales, herbacées.



Myrtacées

Elles forment une famille d’une centaine de genres et d’environ 3 500 espèces, qui vivent principalement dans les régions chaudes du globe ; elles sont connues depuis le Cénomanien. Ce sont des arbres ou des arbustes odorants, à feuilles opposées. Les fleurs sont du type quatre ou cinq, à sépales et à pétales libres, et à très nombreuses étamines ; l’ovaire infère est à deux ou à trois loges avec un seul style. Le fruit est le plus souvent une baie ou une drupe. La pollinisation, fréquemment entomophile, est parfois effectuée (Eucalyptus) par un petit Marsupial. Le genre le plus riche est Eugenia (1 000 espèces intertropicales) ; il produit de nombreux fruits comestibles. Mais ce sont les Eucalyptus (600 espèces) qui sont les plus importants au point de vue économique ; de nombreuses espèces sont originaires d’Australie. Ce sont des arbres à croissance extrêmement rapide, qui peuvent atteindre de très grandes dimensions : ainsi, E. globulus a fréquemment 100 m de hauteur, et certaines espèces dépassent 150 m. Les Eucalyptus se placent parmi les arbres les plus élancés du monde. Ils ont été introduits en Europe vers 1830, et, dès 1860, des plantations ont été effectuées sur les côtes méditerranéennes, en particulier en Algérie, où l’on a constaté depuis des hybrides naturels. Des repeuplements très importants ont été faits à Madagascar et au Brésil. En France, quelques espèces (50) sont cultivées sur la Côte d’Azur, et deux ou trois peuvent subsister sur le littoral atlantique et jusque dans le nord du Cotentin. Intéressantes pour le reboisement et la production de bois, ces espèces fournissent des essences variées (l’eucalyptol) et des substances tannantes.

À côté de ces deux grands genres, il faut citer les Psidium, dont une espèce d’Amérique équatoriale, P. guajava, cultivée dans les pays chauds, donne de gros fruits, les goyaves ; de toutes les variétés, c’est le Goyavier blanc qui est le plus estimé ; une espèce arrive à mûrir ses fruits sur la Côte d’Azur. Les Myrtes donnent aussi des fruits comestibles et des essences, de même que Pimenta officinalis (poivre anglais ou de la Jamaïque). Les boutons floraux de Jambosa caryophyllus (Giroflier) de l’Indo-Malaisie sont les « clous de girofles », qui servent non seulement comme condiment, mais aussi comme matière première à partir de laquelle on extrait la vanilline. Les Melaleuca vivent surtout en Australie ; ils produisent de nombreuses essences intéressantes, en particulier celle de Cajeput ou de Niaouli, dont on extrait le gomenol, longtemps employé contre les inflammations respiratoires.


Autres familles

La famille des Punicacées, très voisine de la précédente, est représentée par un seul genre, Punica (Grenadier), dont une espèce vit dans l’île de Socotora et l’autre autour du bassin méditerranéen. Les « grenades » sont de faux fruits à enveloppe coriace ; la partie comestible est constituée par les téguments charnus des graines.

La famille des Rhizophoracées (qui comprennent les Palétuviers) est spéciale aux mangroves, marais d’eau saumâtre à l’embouchure des fleuves des régions tropicales. Ces arbres possèdent des racines-échasses qui assurent la stabilité du tronc central, dont la base disparaît assez rapidement ; des racines aériennes pendent des branches latérales et prennent appui dans la vase en formant un fouillis inextricable où la vie est intense (nombreux Crabes et Mollusques). Ces arbres possèdent des racines respiratoires qui sortent de la vase (pneumatophores). Les graines germent sur l’arbre, et, une fois la plantule bien développée (axe hypocotylé en massue, très lourd et de plusieurs décimètres), celle-ci se détache, et il y a alors implantation rapide et solide dans la vase molle. C’est le genre Rhizophora qui est le plus connu.

Dans la famille des Combrétacées, des régions intertropicales, deux genres arborescents sont à citer, les Terminalia et les Combretum.

La grande famille des Mélastomacées (plus de 4 000 espèces et 150 genres, vivant dans les régions tropicales surtout américaines) est composée d’arbres et de plantes herbacées qui se distinguent des Myrtacées par le nombre d’étamines, qui est ici défini.

Certaines espèces qui vivent dans les marais possèdent des pneumatophores ; d’autres (Tococa) sont myrmécophiles, c’est-à-dire qu’à l’intérieur de leurs feuilles et de leurs pétioles se sont installées des colonies de Fourmis qui provoquent des formations tissulaires particulières.

Les Sonnératiacées (autour de l’océan Indien), les Lécythidacées (cosmopolites intertropicales) et les Cryptéroniacées (Indo-Malaisie) sont trois petites familles réunissant surtout des arbres. Les Sonneratia vivent dans les mangroves et ont des pneumatophores. La famille des Lythracées comprend une trentaine de genres et plus de 500 espèces, cosmopolites, mais surtout fréquentes dans les régions chaudes et humides, principalement en Amérique tropicale. Ordinairement plantes herbacées à feuilles entières opposées, les Lythracées ont des fleurs construites sur le type quatre ou six ; deux genres et une dizaine d’espèces vivent à l’état spontané en France (Lythrum, ou Salicaire des bords des eaux, et Pourpier). Lagerstrœmia indica (Chine) est employé comme arbres d’ornement dans le midi de la France, où il est très apprécié grâce à sa belle floraison estivale. Une autre espèce à signaler est Lawsonia inermis, originaire d’Iran et d’Arabie, qui renferme (dans ses feuilles principalement) un colorant rouge jaunâtre, le henné, qui sert depuis l’Antiquité pour la teinture des cheveux et des ongles (momies égyptiennes).