Myriapodes (suite)
Chez plusieurs formes (Lithobius, Glomeris), chaque œuf pondu est enrobé d’une gangue de terre protectrice ; chez Polydesmus, les œufs, groupés, sont recouverts d’un nid en terre en forme de cloche, sur le sol ou dans l’humus ; les Diplopodes du groupe des Nematophora entourent leur ponte d’un cocon de soie. Dans certains cas, la femelle reste plus ou moins longtemps auprès de sa ponte, léchant les œufs et empêchant le développement des Moisissures ; chez la Scolopendre, elle ne quitte sa progéniture que bien après l’éclosion des jeunes.
Le développement postembryonnaire se déroule de différentes manières. Les Géophiles et les Scolopendres naissent avec leur nombre définitif de segments et de pattes (on les qualifie d’épimorphes). Par contre, les Scutigères, les Lithobies, les Pauropodes, les Symphyles et les Diplopodes sont anamorphes : ils éclosent avec un nombre réduit de segments ; les deux premiers groupes n’ont que sept paires de pattes à l’éclosion, et les trois autres n’en ont que trois (larve hexapode) ; au cours de mues successives, de nouveaux segments apparaissent à l’arrière du corps, et des appendices se libèrent. Après une période d’anamorphose, Glomeris, pourvu de douze segments définitifs, poursuit son développement par épimorphose.
Avant une mue, certains Diplopodes (Glomeris, Blaniulus) édifient autour d’eux une logette de terre ; les Chordeumidés tissent un cocon de soie. Chez les Diplopodes, également, on constate la persistance de mues à l’état adulte. Une espèce, Tachypodoiulus albipes, présente un phénomène extrêmement rare, la périodomorphose : après s’être accouplé, le mâle mue et ses gonopodes régressent ; puis une nouvelle mue lui restitue ses appendices copulateurs et ses capacités procréatrices ; le phénomène pourrait se renouveler une troisième fois.
Protection et défense
Chez les Diplopodes, les téguments s’imprègnent de calcaire ; lorsqu’ils sont inquiétés, les Diplopodes peuvent s’enrouler en spirale, tête au centre (Iule), ou former avec leurs tergites une sphère presque parfaite (Glomeris). Le venin émis par les forcipules des Chilopodes tue les Insectes, qui constituent leur nourriture ; celui des Scolopendres est réputé pour sa toxicité vis-à-vis des Mammifères, mais il semble que les accidents qu’il provoque chez l’Homme aient été exagérés ; la morsure entraîne sans doute une vive douleur et des réactions locales, mais ne s’est révélée mortelle que dans des cas très exceptionnels. Sur chaque segment, les Diplopodes ont une paire de glandes dites « répugnatoires », s’ouvrant latéralement ; celles-ci émettent un produit d’odeur désagréable, contenant diverses substances toxiques, comme l’acide cyanhydrique ; elles protègent incontestablement ces animaux contre maints prédateurs.
Très peu d’espèces sont vraiment nuisibles à l’Homme ; certains Géophiles, pénétrant dans les fosses nasales, provoquent parfois, en se localisant dans les sinus, des troubles graves. Quelques Diplopodes commettent des dégâts sur les plantes cultivées ; Blaniulus guttulatus, au long corps blanc tacheté de rouge, creuse des cavités dans les fraises et les pommes de terre à partir des tissus nécrosés.
Connus depuis le Carbonifère, les Myriapodes montrent un type d’organisation relativement primitif, qui n’exclut pas, d’ailleurs, des structures spécialisées ; la diplosegmentation est un caractère original du groupe. Nous ne disposons pas encore d’informations suffisantes pour donner à cette classe sa signification phylogénique exacte dans l’ensemble des Arthropodes.
M. D.
➙ Arthropodes.