Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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mycose (suite)

Dermatophyties

Bon nombre d’épidermomycoses relèvent des Dermatophites (Epidermophyton, Trichophyton, Microsporum), qui pénètrent dans l’épiderme par effraction. La dissémination cutanée se fait de proche en proche d’une façon excentrique, ce qui explique l’aspect volontiers circiné (en « cirque ») des lésions. Il peut s’agir d’eczéma marginé de Hebra, dû à Epidermophyton inguinale, fait de placards roses ou rouges finement squameux et bordés de vésicules. Ces placards s’étendent par leurs bords, tandis que leur centre pâlit. Ils siègent préférentiellement à la partie supéro-interne des cuisses. Il peut s’agir aussi d’herpès circiné, d’origine tichophytique, représenté par des taches orbiculaires, érythémato-squameuses et bordées de fines vésicules. Les dermatophyties peuvent être associées à des lésions du cuir chevelu. On décrit également en zone tropicale le tokelau, dû à Trichophyton concentricum. Des épydermophyties digitales des orteils peuvent également s’observer. Elles sont dues à divers Trichophytons (T. rubrum, T. mentagrophytes, T. floccosum). Elle prédominent entre le 4e et le 5e orteil, décollant l’épiderme, qui apparaît fissuré, macéré et blanchâtre. La chaleur et la macération favorisent le développement des Champignons au sein des lésions qui constituent le pied d’athlète (« athletic foot »). Celui-ci relève d’une thérapeutique locale (solution iodée et poudres asséchantes) et d’une thérapeutique générale (antifongiques [griséofulvine par exemple], qui doivent être administrés au moins un mois).

Par ailleurs, des Dermatophytes peuvent provoquer le sycosis tichophytique de la barbe, qui atteint les sujets travaillant au contact d’animaux. Il s’agit d’une folliculite siégeant au niveau des joues et du menton. Le kérion de Celse résulte de la confluence des éléments péripilaires inflammatoires et se présente sous forme d’un macaron rouge violacé criblé de points purulents.


Mycoses à Levures ou moniliases

Les manifestations cutanéo-muqueuses sont liées à des Champignons levuriformes tels que Candida albicans ou, plus rarement, C. tropicalis, C. pseudotropicalis et C. Guillermondi. Ces candidoses ou moniliases sont individualisées au niveau de la muqueuse buccale sous le nom de muguet ; ce dernier, qui est fait de petites plaques blanches et crémeuses, est lié à Candida albicans. Malgré les soins locaux (bains de bouche bicarbonatés, solution de mycostatine), le risque de récidive, voire d’extension est grand, en raison de sa survenue sur des terrains fragiles (nourrissons athrepsiques, enfants hémopathes ou vieillards cachectiques). Au niveau des plis cutanés, il s’agit d’intertrigo à levure, bordé d’une collerette épidermique caractéristique, mais dont il existe aussi des formes huileuses, papillomateuses et kératosiques. La forme généralisée, ou granulome moniliasique, est rare et de pronostic sévère.


Mycoses allergiques

Il reste à signaler la possibilité d’éruptions secondaires allergiques d’origine mycosique chez des sujets sensibilisés. Il en est ainsi d’eczémas, de dyshydroses ou de parakératoses, qui, suivant leur origine, sont appelés épidermophytides, trichophytides, monilides, etc. La guérison ne sera obtenue qu’avec la guérison du foyer mycosique actif.


Les mycoses sous-cutanées

Elles sont représentées par diverses affections essentiellement observées en zone tropicale. Les mycétomes sont des tumeurs inflammatoires polyfistulisées connues de longue date dans les pays tropicaux ; d’où leur appellation ancienne en fonction de leur répartition géographique (pied de Madura en Inde par exemple). Ils sont dus à divers agents pathogènes, qui peuvent être soit d’authentiques Champignons, les Maduromycètes, soit des Actinomycètes, c’est-à-dire des Bactéries filamenteuses autrefois confondues avec des Champignons. Les individus atteints présentent des lésions nodulaires siégeant le plus souvent au niveau des membres inférieurs et augmentant progressivement de volume. À un stade avancé, il s’agit de tuméfactions importantes, percées de multiples fistules par où s’écoule un pus contenant des grains rouges, noirs ou jaunes, selon la nature de l’agent responsable. Il s’y associe quasi constamment une destruction de l’os sous-jacent, traduite radiologiquement par un aspect lytique (fonte de l’os). L’étude histopathologique des lésions et des grains ainsi que leur mise en culture confirment le diagnostic de ces affections mycosiques, au pronostic toujours redoutable. En effet, malgré le traitement chirurgical, seul recours possible, le risque d’extension ou de récidive n’est pas négligeable. Quant à la prophylaxie, elle se révèle difficile, en raison même du mode de contamination habituelle (inoculation par piqûre d’épineux ou à la faveur de plaies excoriées). En dehors des mycétomes figurent également, parmi les mycoses sous-cutanées, les chromoblastomycoses, observées surtout en régions tropicales (Amérique latine et Afrique) et dues à des Champignons du genre Phialophora ou Cladosporium, inoculés par piqûre d’épine. Leur symptomatologie s’exprime par la présence de nodules des membres inférieurs à tendance extensive et ulcérative. On décrit également des formes tumorales et verruqueuses. Seules la mise en évidence du Champignon ou celle de cellules fongoïdes spécifiques permettent un diagnostic de certitude. Le traitement repose sur la chirurgie ou, éventuellement, sur l’infiltration locale d’antifongiques (amphotéricine B).

Une dernière variété de mycose sous-cutanée est la sporotrichose, de répartition géographique plus ubiquitaire que les précédentes en dépit de sa prépondérance en Amérique latine. Due à Sporotrichum Schenckii, transmis le plus souvent par piqûre d’épine, elle se traduit par l’apparition, au niveau de la peau, d’un chancre bourgeonnant, puis, le long des lymphatiques, d’un chapelet de nodules qui vont régresser ou, au contraire, se disséminer. Le diagnostic sera, là encore, confirmé par examen direct, par mise en culture ou par histopathologie. Le traitement par l’iodure de potassium, administré oralement pendant six à huit semaines, est remarquablement efficace.