Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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mycose (suite)

Les mycoses profondes

Elles sont caractérisées par un remarquable polymorphisme. On distingue parmi les plus importantes en pathologie humaine les candidoses, les aspergilloses, la cryptococcose, les histoplasmoses, la coccidioïdomycose, les blastomycoses et les phycomycoses.


Les candidoses

Profondes, elles sont dues à des Levures du genre Candida, dont la variété Candida albicans est la plus pathogène. De répartition cosmopolite, elles succèdent parfois à une candidose superficielle, mais, le plus souvent, s’extériorisent à l’occasion d’une modification du terrain provoquée par une antibiothérapie prolongée, une corticothérapie, un diabète, une intervention chirurgicale, des techniques de réanimation (cathéters). Elles peuvent se présenter sous forme de septicémie avec localisations secondaires variées (cutanées, pulmonaires, spléniques [rate], rénales, oculaires, méningo-encéphaliques ou endocardiques). Il existe aussi des candidoses viscérales non septicémiques, à détermination purement digestive, urinaire ou respiratoire. Le diagnostic est assuré par la mise en évidence des Levures à l’examen direct ou en culture. Les réactions immunologiques constituent une méthode d’appoint. Au point de vue thérapeutique, l’amphotéricine B est ici nécessaire.


Les aspergilloses

Elles sont dues le plus souvent à Aspergillus fumigatus, parfois à A. nidulans, à A. flavus ou à A. niger. Elles se contractent par inhalation de spores et sont cosmopolites. Elles se manifestent essentiellement sous une forme pulmonaire, réalisant trois aspects principaux : l’aspergillome, l’aspergillose pulmonaire diffuse et la bronchite aspergillaire avec parfois manifestations d’hypersensibilisation. Le premier est constitué par une véritable Truffe aspergillaire, développée le plus souvent au sein d’une ancienne cavité détergée du poumon ; il se traduit cliniquement par des hémoptysies répétées, radiologiquement par une image caractéristique « en grelot ». Les formes extra-pulmonaires d’aspergillose, qu’elles soient oculaires ou localisées au conduit auditif externe, semblent très rares. Le diagnostic est affirmé par l’examen direct et la mise en culture des prélèvements, la découverte d’arcs spécifiques immunologiques et, éventuellement, l’histopathologie. Le traitement, essentiellement chirurgical pour l’aspergillome, est à base d’amphotéricine B ou de 5 fluoro-cytosine pour les autres formes. En certains cas peut se discuter une désensibilisation.


La cryptococcose

Autrefois appelée torulose, elle est due à une Levure appelée Cryptococcus neoformans. Ubiquitaire, elle est essentiellement transmise par voie respiratoire. Il convient de signaler le rôle important du terrain dans la survenue de cette mycose (hémopathie et affection nécessitant des traitements immunosuppresseurs, alcoolisme, diabète). La maladie évolue en trois phases : phase primaire, habituellement pulmonaire, rarement cutanéo-muqueuse ; phase secondaire, encéphalo-méningée, la plus fréquente ; phase tertiaire, septicémique, associée le plus souvent à une atteinte neuro-méningée. L’examen direct du liquide céphalo-rachidien permet le diagnostic par la mise en évidence de la capsule caractéristique, colorée par l’encre de Chine, ou, sinon, la culture donne une réponse plus tardive. Le traitement de cette mycose, au pronostic redoutable, repose sur l’amphotéricine B.


Les histoplasmoses

Elles sont au nombre de deux : la forme américaine et la forme africaine. La première est due à Histoplasma capsulatum (petite forme), et la seconde à Histoplasma Duboisii (grande forme). L’histoplasmose américaine, transmise par voies aérienne, passe par trois stades pulmonaires. Elle est particulièrement fréquente dans certains États d’Amérique du Nord, où elle touche 50 p. 100 de la population sous une forme le plus souvent bénigne, les calcifications radiologiques au niveau des parenchymes pulmonaires en constituant les stigmates habituels. L’histoplasmose africaine, plus sévère mais aussi plus rare, est transmise par voie cutanée ou bucco-pharyngée. Elle se traduit par des lésions cutanéo-dermiques, ostéo-articulaires ou ganglionnaires abcédées, qui peuvent disséminer au foie ou à la rate. Le diagnostic est porté par examen direct, mise en culture et inoculation au Hamster ; il est corroboré par l’immunologie. Sur le plan thérapeutique, on utilise dans les cas d’histoplasmose africaine l’amphotéricine B.


La coccidioïdomycose ou maladie de Posadas et Rixford

Elle est due à Coccidioides immitis. Prédominant dans les zones arides du sud des États-Unis et d’Amérique latine, c’est une mycose très contagieuse, transmise par inhalation ou inoculation. Au stade primaire, elle se présente le plus souvent sous une forme pulmonaire, rarement cutanée (verrucosités, nodules, ulcérations). Au stade suivant, la forme disséminée peut atteindre l’os et le système nerveux ; puis la maladie se stabilise au stade de forme résiduelle pulmonaire chronique. Examen direct, culture, inoculation à l’animal et immunologie permettent le diagnostic, qui implique l’utilisation d’amphotéricine B dans les formes disséminées.


Les blastomycoses

Elles sont soit nord-américaines (maladie de Gilchrist), soit sud-américaines (maladie de Lutz ou paracoccidioïdomycose). Les premières, dues à Blastomyces dermatitidis, se contractent par voie pulmonaire ou cutanéo-muqueuse. Elles se présentent sous forme cutanée verruqueuse à extension centrifuge, ou sous forme disséminée grave. Le diagnostic est fait par les méthodes habituelles, et le traitement consiste dans l’administration d’amphotéricine B ou, éventuellement, de stilbamidine. Les secondes, dues à Blastomyces brasiliensis, sont essentiellement transmises par voie bucco-pharyngée. Il existe des formes cutanéo-muqueuses faciales avec aspect chéloïdien (forme de Lobo) et des formes disséminées graves. Le diagnostic est porté dans les mêmes conditions, et le traitement est identique à celui de la forme précédente.