Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Montpellier (suite)

Sous Louis XIV, siège de l’intendance et des états du Languedoc, Montpellier, qui avait terriblement souffert des guerres de Religion, connut un renouveau et sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI une ère de grande prospérité, due à l’implantation de manufactures de draps, de mégisseries, de fabrication de tôles de cuivre et à une importante activité bancaire. Nombre d’hôtels classiques ainsi que des aménagements urbains spectaculaires datent de cette époque.

Devenue chef-lieu du département de l’Hérault avec la Constituante, la ville, dont le club des Jacobins avait souhaité le 29 juin 1791 l’instauration de la république, traversa sans incident la période révolutionnaire. Elle élut Cambacérès à la Convention.

Montpellier perdit ses activités industrielles au xixe s., mais devint au début du xxe s., avec la monoculture de la vigne en Languedoc, un important marché de vins. Lors de la grande crise de la viticulture, le 10 juin 1907, la plus imposante manifestation des vignerons, conduits par Marcellin Albert, s’y déroula, et le cardinal de Cabrières ouvrit toutes les églises aux manifestants.

J. P.

➙ Hérault / Languedoc-Roussillon.

 H. Bosc, les Grandes Heures du protestantisme à Montpellier (Impr. Reschly, Montpellier, 1957). / A. Soboul, les Campagnes montpelliéraines à la fin de l’Ancien Régime (P. U. F., 1958). / J. Baumel, Histoire d’une seigneurie du midi de la France (Causse, Montpellier, 1969-1973 ; 3 vol.). / R. Dugrand, R. Ferras et coll., Une capitale linéaire ? Sète, Nîmes, Montpellier (Soc. languedocienne de géographie, Montpellier, 1970). / S. Savey et J.-P. Volle, Montpellier (la Documentation fr., « Notes et études documentaires », 1971). / A. Dalmasso, Montpellier et sa région (Aubanel, Avignon, 1975).


L’art à Montpellier

Montpellier n’a gardé du Moyen Âge que le monastère Saint-Benoît, fondé par Urbain V en 1364 (actuellement occupé par la faculté de médecine), et son église abbatiale, devenue cathédrale, édifice gothique à nef unique dont le porche est précédé d’un curieux baldaquin en croisée d’ogives supporté par deux hauts piliers cylindriques.

L’art classique, par contre, y compte quelques-unes de ses meilleures réussites. Rarement, l’aménagement de l’espace a produit une œuvre de la qualité du Peyrou, réalisation exemplaire du grand urbanisme des xviie et xviiie s. L’arc de triomphe en pierre dorée élevé à la gloire du Roi-Soleil par Augustin Charles Daviler (1653-1700), le jardin qui domine un vaste paysage, avec la statue de Louis XIV (du xixe s.) et le château d’eau hexagonal de Jean-Antoine Giral (1720?-1787), l’aqueduc Saint-Clément, long de 880 m, haut de 22 m, à deux étages d’arcades, bâti par le physicien Henri Pitot (1695-1771), constituent un ensemble parfaitement à l’échelle humaine, d’une rare aisance dans la grandeur. On comprend que Frédéric Mistral ait choisi ce cadre pour lancer son Hymne à la race latine.

De nobles demeures, dont l’hôtel Richer de Belleval (hôtel de ville), bordent la charmante place de la Canourgue, ornée de la fontaine des Licornes d’Étienne Antoine (1737-1809), à qui l’on doit aussi la fontaine des Trois Grâces de la place de la Comédie. L’Esplanade, conçue par le duc de Roquelaure, lieutenant du roi, à l’emplacement des anciens remparts, répond, comme l’ensemble du Peyrou, aux besoins de promenade et de flânerie des populations urbaines, que perçurent si bien les administrateurs de l’Ancien Régime.

Le centre de la ville conserve une centaine d’hôtels particuliers des temps classiques. Beaucoup sont l’œuvre de deux dynasties d’architectes, les Giral et les Donnat, qu’assistèrent des maîtres ferronniers de grande classe. À la sévérité des façades s’oppose la grâce des cours intérieures, auxquelles on accède par des passages voûtés. Celles des hôtels de Rodez-Bénavent (ou de Bonnier de La Mosson), de Mirman, de Montcalm, des Trésoriers de France ont des murs ajourés d’arcs et de balustres qui laissent voir d’admirables mouvements d’escaliers. Les hôtels de Manse, de Castries, de Sabatier d’Espeyran, de Jean Deydé, de Beaulac (ou de Villeneuve-Bargemon), d’Uston (ou du président Bonnier d’Alco), l’hôtel de Saint-Côme, siège de la chambre de commerce, autrefois du collège des chirurgiens, avec son amphithéâtre en forme de rotonde, s’imposent aussi par la justesse de leurs proportions, la noblesse de leur ordonnance, souvent agrémentée d’une pointe de fantaisie.

Installé dans l’ancien hôtel de Massilian, le musée qui porte le nom du peintre et amateur montpelliérain François Xavier Fabre (1766-1837), élève de David, possède des œuvres de première importance : de Géricault, Portrait de Byron et les études d’anatomie ; de Delacroix, les Femmes d’Alger ; de Courbet, Bonjour Monsieur Courbet, inspiré par le séjour que fit l’artiste chez l’amateur Alfred Bruyas à Montpellier, Portrait de Baudelaire, les Baigneuses ; du peintre montpelliérain Frédéric Bazille, le Village de Castelnau, les Remparts d’Aigues-Mortes, la Négresse aux pivoines. On y voit encore tout un ensemble des écoles française, italienne, flamande, hollandaise, espagnole. La sculpture est dominée par trois œuvres majeures de Houdon : Voltaire assis, l’Hiver, l’Été.

J. P.

 A. Joubin, le Musée de Montpellier (Laurens, 1929). / G. Baissette, Ce pays de Montpellier (Causse, Montpellier, 1970).

Montréal

Principale ville et agglomération du Canada (en 1972).


Située dans la province de Québec*, Montréal constitue encore la première agglomération urbaine du pays, dépassant de peu celle de Toronto*. L’aire métropolitaine rassemble 45 p. 100 de la population du Québec (2 720 420 hab. sur 6 028 000). Peuplée aux deux tiers de Canadiens français, c’est la « deuxième ville française du monde ». Dans le domaine industriel et commercial, Montréal tient, au Canada, tantôt la première place, tantôt la seconde (après Toronto).