Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Monaco

Principauté de 167 ha entre Nice et Menton, sur le littoral des Alpes-Maritimes ; 23 035 hab. (Monégasques).



La géographie

Le renom international du petit État repose sur sa vocation touristique et des éléments aussi variés que le casino et la station de radio, le grand prix automobile et le rallye de Monte-Carlo, le Musée océanographique et le Jardin exotique : le tout contribue à drainer vers la principauté le maximum de visiteurs. Mais sur ces éléments traditionnels, l’ombre des gratte-ciel révèle d’autres activités économiques plus importantes : ici se regroupent les sièges sociaux de grandes sociétés.

La principauté s’est tournée résolument vers le tourisme depuis la création en 1861 de la Société des bains de mer et l’ouverture du casino de Monte-Carlo. Le symbole de l’Europe des mondanités et des fortunes, de l’aristocratie de la finance et de la naissance est en place, les grands du monde se retrouvant autour des tables de jeu. Le rail, les spectacles et les attractions assoient définitivement la fortune de Monaco, les recettes des jeux réglant les problèmes financiers.

Albert Ier modernise les institutions, fonde le Musée océanographique et exempte les habitants d’impôts. Rainier III, prince régnant depuis 1949, rencontre une série de difficultés avec la France en raison d’une législation très souple et d’exonérations fiscales à l’égard des grandes sociétés. La principauté atteint désormais une nouvelle dimension sur le plan des industries et du commerce, dimension symbolisée par la fièvre de la spéculation immobilière, la multiplication des grands immeubles dans un site saturé et le gain des terrains sur la mer.

Ce petit État conserve des institutions spécifiques et une tradition dynastique ancienne ; le catholicisme est reconnu comme religion d’État ; le français, comme langue officielle ; la principauté bat monnaie et émet des timbres-poste. Une union douanière a été conclue avec la France en 1865, la barrière de 1962 ayant été levée l’année suivante grâce à une convention sur la fiscalité et les mouvements commerciaux. Une nouvelle Constitution a été promulguée en 1962.

Sur une frange littorale étroite entre Cap-d’Ail et le cap Martin, l’agglomération regroupe trois entités différentes.

La vieille ville de Monaco est très fréquentée par les touristes qui affluent sur le Rocher pour voir la place du Palais et ses canons du xviie s., le château largement remanié au xixe s., le Musée océanographique, dû à l’initiative du prince Albert. À pic sur les flots, ce musée regroupe d’importantes collections d’animaux naturalisés et d’instruments divers, un aquarium où vivent de nombreuses espèces de la faune et de la flore sous-marines.

Le centre commercial de La Condamine est établi au fond de la baie, amphithéâtre gagné par les immeubles élevés entre la mer et les premières pentes. Les navires de plaisance, ancrés dans le port de part et d’autre de la piscine du stade nautique, rappellent le luxe hérité du xixe s.

Monte-Carlo s’est établi sur la plate-forme rocheuse des Spélugues entre les deux vallons de Sainte-Dévote et de Saint-Roman et regroupe les hôtels dévolus à une clientèle fortunée. Le casino, témoin des aspirations architecturales de la fin du siècle dernier, multiplie les jeux : roulette, chemin de fer, baccara, craps et black jack importés des États-Unis.

La réalisation du programme de construction de terre-pleins gagnés sur la mer aura, à son terme, augmenté le territoire de la principauté d’un cinquième ; à Fontvieille, au-delà du stade, plus de 200 000 m2 permettront la mise en place de constructions nouvelles ; à l’opposé, les installations balnéaires de Monte-Carlo Beach montrent tout le profit qu’il est possible de retirer d’un territoire exigu : le prix atteint par les terrains justifie les travaux.

R. D. et R. F.

➙ Côte d’Azur.


L’histoire

La ville actuelle semble avoir pour origine le Portus Herculis Monoeci, fondé par les Phocéens de Marseille, qui ont propagé le culte d’Héraklès : les racines de ce culte peuvent être aussi bien doriennes que phéniciennes (par assimilation d’Héraklès à Melqart, le seigneur unique : Monoïkos en grec). Monaco, reconnu possession marseillaise par Rome en 154 av. J.-C., perd son importance à la fin du ier s. av. J.-C. au profit de Forum Julii (Fréjus).

Inféodé en 1162 à la ville de Gênes en vertu de diplômes octroyés par Frédéric Ier Barberousse à cette ville, dominé par un château fort édifié en 1215, Monaco est cédé en janvier 1258 par Guillaume de Vintimille à Charles d’Anjou, qui l’abandonne à son tour en juillet 1262 à Gênes. La ville bénéficie dès lors des droits et privilèges accordés par Gênes à Bonifacio et à Portovenere ; elle est occupée en janvier 1297 par Franceschino Grimaldi. Lieu de refuge de sa famille et de celle des Fiesque, chefs du parti guelfe en conflit avec le roi de Sicile, Frédéric d’Aragon (1296-1337), et avec les gibelins, Monaco accueille de nouveau les Fiesque (ou Fieschi) lors du retour des gibelins à Gênes en février 1335. La ville est l’objet des faveurs répétées de Robert de Naples jusqu’en 1343, date de la mort de celui-ci. Elle est occupée le 15 août 1357 par les forces du doge de Gênes à la faveur de la guerre de l’Archiprêtre. Réoccupé par les Grimaldi du rameau de Beuil en 1395, puis par Jean Boucicaut (v. 1366-1421), gouverneur de Gênes de 1401 à 1409, Monaco acquiert son autonomie au temps de Louis II d’Anjou (1409-1417), avant de passer définitivement sous l’autorité des Grimaldi en 1419 avec l’accord de la reine Yolande d’Aragon.

Monaco, qui est menacé par la Savoie, fait reconnaître son indépendance par la France, avec laquelle il s’allie en février 1512. Mais, en 1524, Augustin de Grimaldi (1523-1532) le place dans l’orbite de l’Espagne après la signature avec Charles Quint des traités de Burgos et de Tordesillas. Aussi, son successeur Honoré Ier (1532-1581) est-il créé marquis de Campanie et comte de Canossa. Mais en occupant militairement la ville en 1605, après l’assassinat du duc Hercule Ier (1589-1604) par ses sujets, les Espagnols incitent Honoré II (1604-1662), prince de Monaco depuis 1659, à signer le 14 septembre 1641 la convention de Péronne avec la France, qui, après une émeute, établit une garnison.