Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

monachisme (suite)

Le monachisme dans les religions non chrétiennes

• Hindouisme. Il n’a longtemps connu que la forme érémitique, soit en forêt, soit errante. À partir du vedānta (viiie-ixe s. de notre ère), des ordres monastiques sont fondés, notamment par Rāmānuja († 1137). À la fin du xixe s., Vivekānanda (1862-1902) crée l’ordre de Rāmakriṣṇa (1836-1886), dont il avait été le disciple ; mais, de façon plus générale, les āśrama (sorte de monastères) se sont multipliés jusqu’à nos jours.

• Bouddhisme*. Le monachisme est au contraire la réalisation même de la sagesse bouddhique ; aussi remonte-t-il au Bouddha († 478? av. J.-C.) et tient-il une place centrale dans tout l’Extrême-Orient. Au Tibet, le lamaïsme fut dominant jusqu’à l’invasion communiste (un Tibétain sur cinq était moine). En Chine, les voyages des bonzes aux sources suscitèrent une floraison remarquable au ve s. de notre ère. Au Japon, à peu près toutes les sectes importantes pour la vie spirituelle du pays ont été introduites par des bonzes : sanron (625), shingon (806), jōdo (847), tendai (après 851), zen (1191) et nichiren (1253). Aux xve et xvie s., le militarisme entraîne de profondes décadences dans le monachisme japonais.

• Islām*. « Pas de monachisme en islām » : la sentence est attribuée à Mahomet. Mais les soufis l’ont interprétée comme excluant seulement le célibat. De fait, dès les premiers siècles de l’hégire, on trouve des ascètes en quête de perfection intérieure. Mais c’est à partir du xiie s. de notre ère que se fondent les grandes confréries (ṭarīqa, littéralement « voie ») : Qādiriyya, Suhrawardiyya, Chādhiliyya (originaire du Maghreb), enfin Mawlāwiyya, fondée par Djalāl al-Dīn Rūmī (1207-1273), célèbre pour ses derviches tourneurs. Ces ordres se comptent aujourd’hui par centaines et auraient plusieurs millions de membres.

C. J.-N.

➙ Athos (mont) / Bénédictins / Chartreux / Cisterciens / Cluny / Religieux.

 O. Depont et X. Coppolani, Confréries religieuses musulmanes (Jourdan, Alger, 1897). / J. C. Oman, The Mystics, Ascetics and Saints of India (Londres, 1903). / S. Brahmânanda, Discipline monastique, trad. par O. de Saussure et J. Herbert (Derain, Lyon, 1949). / I. Smolitsch, Russisches Mönchtum (Würzburg, 1953). / J. Meyendorff, Saint Grégoire Palamas et la mystique orthodoxe (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1959). / G. C. Anawati et L. Gardet, Mystique musulmane (Vrin, 1961). / A. J. Festugière, les Moines d’Orient (Éd. du Cerf, 1961-1965 ; 7 vol.). / Théologie de la vie monastique (Aubier, 1961). / A. M. Esnoul, Râmânuja et la mystique vishnouiste (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1964). / Le Millénaire du Mont-Athos, 963-1963 (monastère de Chèvetogne, 1964 ; 2 vol.). / J. Leclercq, Aspects du monachisme, hier et aujourd’hui (Éd. de la Source, 1969) ; le Défi de la vie contemplative (Duculot, Gembloux et Lethielleux, 1970). / O. Du Roy, Moines aujourd’hui. Une expérience de réforme institutionnelle (Éd. de l’Épi, 1972). / G. Lafont, Des moines et des hommes (Stock, 1975).

Repères chronologiques

Orient chrétien

v. 270

Saint Antoine* anachorète en Égypte.

v. 320

Saint Pacôme (v. 290-346) fonde les cénobites à Tabennisi (Thébaïde, sur le haut Nil), puis aux déserts de Nitrie et de Scété (au sud-ouest du Delta).

358

Saint Basile* en Asie Mineure (Annesi, près de Néo-Césarée).

382-399

Évagre le Pontique (346-419) au désert de Scété.

v. 385-400

Jean Cassien (v. 350 - v. 432) vit parmi les anachorètes égyptiens, dont il transmettra la doctrine et la pratique ascétique aux moines de Lérins.

419-20

Histoire lausiaque de Palladios (v. 363 - v. 431).

v. 420

Saint Siméon l’Ancien († 459) stylite près d’Antioche.

À Constantinople, premier monastère acémète (prière sans interruption, par équipes successives).

428

Saint Euthyme (377-473) et les laures de Palestine.

ve-vie s.

Palestine : saint Sabas (439-532).

463

Fondation du monastère de Stoudios à Constantinople.

viie s.

Saint Jean Climaque (v. 579 - v. 649) au mont Sinaï.

Saint Maxime le Confesseur (v. 582-662) à Chrysopolis.

798-826

Saint Théodore le Stoudite (759-826) higoumène du monastère de Stoudios.

963-64

Premier monastère du mont Athos fondé par saint Athanase l’Athonite († 1003).

xie s.

Premier monastère à Kiev fondé par saint Antoine Petcherski (983-1073).

Siméon le Nouveau Théologien († 1022) fixe à la vie spirituelle le double but d’une déification consciente (union au Christ) et de la vision de Dieu.

1318-1331

Grégoire Palamas (v. 1296-1359) au mont Athos.

1336

Saint Serge Radonejski (1314-1392), ermite en Russie.

xve s.

Saint Nil de la Sora (1433-1508) fonde de petits monastères où trois moines au maximum se consacrent uniquement à la contemplation.

Saint Joseph de Volokolamsk († 1515) se fait le défenseur de l’idéal communautaire.

1782

Nicomède l’Hagiorite (1749-1809) rassemble une anthologie de textes spirituels, la Philocalie.

1794

Saint Séraphin de Sarov (1759-1833) se retire dans une cabane au milieu de la forêt russe.

xixe s.

Les starets du couvent d’Optino restaurent la spiritualité monastique russe.

Occident chrétien

361

Saint Martin* fonde un monastère à Ligugé (le premier de la Gaule), puis à Marmoutier.

388

Saint Augustin* à Tagaste. Rédaction, en 423, de la Lettre dite « règle de saint Augustin ».

v. 410

Saint Honorat d’Arles († v. 430) fonde un monastère dans les îles de Lérins.

milieu du ve s.

Fondation d’un monastère à Condate (auj. Saint-Claude).

En Irlande : saint Patrick*.

480

Naissance de saint Benoît de Nursie.

vie s.

Multiplication des monastères en Gaule et en Irlande.

563

Iona fondé par saint Colomba († 597).

590

Arrivée en Gaule de saint Colomba (543-615), autre missionnaire irlandais, qui fonde Luxeuil, puis Bobbio (614).

597

Saint Augustin († 607), envoyé de Rome, fonde Cantorbéry.

664

Synode de Whitby : ralliement progressif du monachisme celte à la règle de saint Benoît.

817

Saint Benoît d’Aniane (v. 750-821) réforme le monachisme de l’Empire carolingien sous l’égide de la règle de saint Benoît de Nursie.

(À partir de cette date, v. Bénédictins.)