Mill (John Stuart) (suite)
Comme solutions à leur porter, il convient en premier lieu que les sociétés avancées limitent la croissance démographique par le contrôle des naissances, car il s’agit avant tout d’élever le niveau de vie par habitant. On trouve ici une résurgence du malthusianisme*. L’association capital-travail et la coopérative de production paraissent, par ailleurs, des solutions à privilégier. Mais le remède le plus curieux (s’apparentant, fait étrange, à un courant d’opinion qui fleurira plus d’un siècle après Mill) réside dans une société qui serait parvenue à un état stationnaire, c’est-à-dire à un point où la masse de capital cesserait d’augmenter. Mill constata d’ailleurs que la baisse du taux des profits est automatique et conduit précisément les sociétés occidentales à l’arrêt de l’accumulation du capital par la disparition du motif même de cette accumulation.
Un adepte de la croissance-zéro ?
« Je ne puis éprouver », écrit Stuart Mill, « pour l’état stationnaire des capitaux et de la richesse cette aversion sincère qui se manifeste dans les écrits des économistes de la vieille école. Je suis porté à croire qu’en somme il serait bien préférable à notre condition actuelle. J’avoue que je ne suis pas enchanté de l’idéal de vie que nous présentent ceux qui croient que l’état normal de l’homme est de lutter sans fin pour se tirer d’affaire, que cette mêlée où l’on se foule aux pieds, où l’on se coudoie, où l’on s’écrase, où l’on se marche sur les talons et qui est le type de la société actuelle, soit la destinée la plus désirable pour l’humanité, au lieu d’être simplement une des phases désagréables du progrès industriel. »
Keynes* et J. Schumpeter prouveront que l’on ne peut imaginer de système capitaliste stationnaire. La position de Stuart Mill est, dans ce cadre, difficile à soutenir, car il opte en quelque sorte pour un compromis : Mill souhaite conserver le capitalisme*, mais en arrêtant la croissance*, en stoppant le développement des forces productives.
La théorie de Stuart Mill concernant la détermination des termes de l’échange entre deux pays est mieux appuyée et paraît plus solide. Pour Stuart Mill, les termes de l’échange dépendent de l’importance, dans chaque pays, de la demande* de produits nationaux formulée par les autres pays : en d’autres termes, la demande qui existe dans chaque pays pour les produits de l’autre. C’est ce qu’on a pu appeler la loi de Mill, dont il apparaîtra cependant plus tard que la portée est, en fait, assez limitée.
Les principales œuvres de Stuart Mill
A System of Logic, Ratiocinative and Inductive (1843) ;
Essays on Some Unsettled Questions of Political Economy (1844) ;
Principles of Political Economy (1848) ;
On Liberty (1859) ;
Considerations on Representative Government (1861) ;
Utilitarianism (1861, dans Fraser’s Magazine ; 1863 : publication séparée) ;
Examination of Sir William Hamilton’s Philosophy (1865) ;
Auguste Comte and Positivism (1865) ;
England and Ireland (1868) ;
Autobiography (1873).
J. L.
➙ Économique (science).
F. Arata, La logica di J. Stuart Mill e la problematica etico-sociale (Milan, 1964). / H. Jacobs, Rechtsphilosophie und politische Philosophie bei John Stuart Mill (Bonn, 1965). / H. Denis, Histoire de la pensée économique (P. U. F., 1966 ; 3e éd., 1971). / J. M. Robson, The Improvemenf of Mankind, the Social and Political Thought of John Stuart Mill (Toronto, 1968).