Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mexique (suite)

Depuis 1920

La révolution permet aux tendances modernes de s’affirmer. En architecture, José Villagrán García (né en 1901) a joué un rôle important par son enseignement, a construit hôpitaux, écoles et bâtiments administratifs. Plus tard, Juan O’Gorman (né en 1905) et Mario Pani (né en 1911) ont recherché la novation et la qualité. L’entreprise majeure a été la cité universitaire de Mexico (1949-1954), coordonnée par l’architecte Carlos Lazo (1914-1955) et à laquelle ont collaboré les meilleurs artistes (peintures murales, mosaïques). Les personnalités les plus en vue sont aujourd’hui Félix Candela (né en 1910), un Espagnol ayant fui le franquisme, Luis Barragán et Pedro Ramírez Vázquez (né en 1919).

C’est par la peinture, et tout particulièrement par des œuvres monumentales chargées d’un message politique et national, que le Mexique s’est le mieux exprimé à partir de 1920. Les trois grands « muralistes », qui ont créé autour d’eux un certain vide, sont Diego Rivera (1886-1957), José Clemente Orozco (1883-1949) et David Alfaro Siqueiros (1896-1974). Rivera procède par synthèse de la composition italienne de la Renaissance et de ce qu’il a appris de l’avant-garde internationale durant ses années passées en Europe (1907-1921). Orozco, par contre, caricaturiste de talent, tend à agrandir démesurément l’échelle de ses figures tout en se cantonnant dans la technique neutre qui lui convient le mieux. Siqueiros, s’il est un moindre artiste que ses deux aînés malgré ses vastes ambitions, s’affirme comme un révolutionnaire non seulement sur le plan politique, mais aussi dans le maniement de la perspective et les méthodes picturales (peinture au pistolet, pigments spéciaux...). Les œuvres de ces trois artistes se trouvent un peu partout au Mexique, mais aussi à l’étranger, par exemple aux États-Unis. Plus universel cependant, plus actuel aussi est Rufino Tamayo (né en 1899), qui, sans trace de la prosopopée politique de ses devanciers, a réussi à intégrer de fortes racines mexicaines (voire précolombiennes) à un langage plastique que caractérise sa concentration dans les signes. Parmi les peintres des générations suivantes, on peut citer d’excellents abstraits comme Günther Gerzso (né en 1915), Manuel Felguérez (né en 1928) et Vicente Rojo (né en 1932), un surréaliste notoire en la personne d’Alberto Gironella (né en 1929), d’autres encore qui affirment de nouveau le rôle du Mexique dans la peinture mondiale.

Moins importante a toujours été la sculpture. Dans les années 30, Ignacio Asúnsolo (1890-1967), Carlos Bracho (né en 1899) et Guillermo Ruiz (né en 1896) ont été des figures assez représentatives. Plus récemment, un certain nombre d’étrangers, comme le Costaricien Francisco Zúñiga (né en 1913), l’Allemand Mathias Goeritz (né en 1915) et le Français Olivier Seguin, ont réalisé des œuvres de grand format en rapport avec l’architecture. Manuel Felguérez, déjà cité comme peintre, est à la pointe des recherches d’avant-garde.

D. B.

➙ Amérique précolombienne.

 Dr Atl, Las artes populares de México (Mexico, 1922 ; 2 vol.). / M. Romero de Terreros, El arte en México durante el virreinato (Mexico, 1951). / G. Kubler et M. S. Soria, Art and Architecture in Spain and Portugal and their American Dominions, 1500-1800 (Harmondsworth, 1959). / A. M. Reed, The Mexican Muralists (New York, 1960). / R. F. Guerrero, P. Rojas et R. Tibol, Historia general del arte mexicano (Mexico, 1962-1964 ; 3 vol.). / L. Ortiz Macedo, El arte del Mexico virreinal (Mexico, 1972).

Mezzogiorno

Nom donné aux régions continentales et insulaires de l’Italie du Sud.


Commençant aux portes de Rome, le Mezzogiorno comprend le Latium méridional, les Abruzzes, le Molise, la Campanie, la Calabre, le Basilicate, la Pouille, la Sardaigne et la Sicile. C’est un ensemble de 131 000 km2 (43,7 p. 100 de la superficie nationale), groupant 20 millions d’habitants (soit plus de 35 p. 100 de la population italienne). C’est une « région-problème » dont l’unité provient d’une situation de sous-développement. Celui-ci apparaît à la lumière de nombreux indicateurs. Le revenu moyen par habitant y est à peine égal à la moitié de celui de l’Italie nord-occidentale. Dans la formation du revenu régional, les activités industrielles n’interviennent que pour 29 p. 100 dans le Midi contre 50,5 p. 100 dans le « triangle industriel ». Au recensement de 1961, les emplois dans l’industrie manufacturière méridionale ne représentaient que 14,4 p. 100 du total national. Le chômage et le sous-emploi ont chassé des milliers de Méridionaux vers l’étranger et vers les provinces septentrionales de l’Italie. Cependant, une politique active a été menée pour assurer le développement du Mezzogiorno. En vingt ans, le revenu et le produit brut du Midi ont augmenté, mais sans pouvoir combler l’écart qui les sépare des valeurs atteintes dans le Nord. Le problème paraît donc inchangé bien que beaucoup d’aspects de la question méridionale se soient modifiés.


Les causes du sous-développement

Les facteurs du retard sont nombreux et complexes.

L’influence des facteurs physiques a longtemps été invoquée comme déterminante. Ce « pessimisme géographique » essaie de montrer que le Midi est dans une situation objective d’infériorité par rapport au Nord. La grande variabilité des conditions climatiques ne permet pas une agriculture de haut rendement. Le relief, le plus souvent montagneux, est un obstacle à la mise en valeur et aux communications. Les montagnes calcaires, les vastes espaces de collines argileuses sont peu favorables. Le potentiel hydro-électrique est faible. Les sols sont emportés par les rivières torrentielles et par les « frane » (éboulements dans les zones argileuses). Les plaines sont exiguës et souvent malariennes. Sans vouloir négliger certaines faiblesses des conditions naturelles, il est bien évident que l’explication du retard méridional ne saurait se faire à partir de ce déterminisme simpliste. Les techniques modernes permettent l’amélioration des sols, et l’irrigation corrige les défauts climatiques. Le sous-sol recèle des hydrocarbures. L’industrie moderne a une grande liberté géographique et peut parfaitement s’installer dans le Midi. Enfin, climat et relief sont des atouts touristiques importants.