Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mermoz (Jean)

Aviateur français (Aubenton 1901 - dans l’Atlantique Sud 1936).


Attiré très tôt par l’aviation, il s’engage en 1920 dans l’armée de l’air et est affecté à la base d’Istres, où il obtient son brevet de pilote en 1921. Après dix-huit mois de missions aériennes en Syrie, au cours desquelles il témoigne d’un courage et d’une endurance à toute épreuve, il revient en France ; mais, déçu par la routine militaire, il quitte l’armée en mars 1924 et entre à la société des Lignes aériennes Latécoère, dirigée par Didier Daurat (1891-1969). Il assure tout d’abord le transport du courrier sur le parcours Toulouse-Barcelone-Alicante sur Breguet « 14 ». Puis, en 1925, il passe sur la ligne Casablanca-Dakar, qui vient de s’ouvrir. En octobre 1927, il réalise la liaison Toulouse - Saint-Louis du Sénégal. La même année, la société Latécoère devient l’Aéropostale, et la liaison avec l’Amérique du Sud est décidée ; Mermoz est chargé d’établir le tronçon Buenos Aires - Rio de Janeiro ; le 1er mars 1928, il réalise le transport aérien du premier courrier sur ce trajet. Quelques mois plus tard, il effectue le premier couramment des vols commerciaux de nuit. Ce sont ensuite des reconnaissances à travers tout le continent sud-américain qui trouvent leur achèvement dans le franchissement de la cordillère des Andes en mars 1929 et dans l’établissement d’une ligne régulière jusqu’à Santiago. L’Aéropostale solidement implantée en Amérique du Sud, Mermoz revient en France pour s’attaquer à la traversée de l’Atlantique Sud sans escale sur l’hydravion Latécoère « Laté 28 », qu’il réalise le 12 mai 1930 dans le sens est-ouest. Pour effectuer la traversée en sens inverse, il faut attendre la mise au point par l’ingénieur français René Couzinet d’un trimoteur, l’Arc-en-Ciel, sur lequel Mermoz réalise le vol Natal - Saint-Louis du Sénégal le 15 mai 1933. Peu de temps après, l’ensemble des compagnies de transport aérien françaises est fusionné pour donner naissance à la compagnie nationale Air France, dont Mermoz devient chef pilote sur la ligne de l’Amérique du Sud. Au cours des deux années suivantes, il multiplie les efforts pour développer cette ligne France-Amérique du Sud. Malheureusement, après de nombreux voyages dans les deux sens, le 6 décembre 1936, en effectuant une traversée Dakar-Natal sur l’hydravion Croix-du-Sud, Mermoz disparaît en mer à 800 km des côtes de Dakar.

J. L.

➙ Aviation.

 J. Kessel, Mermoz (Libr. gén. fr., 1963).

Méroé

Site d’une ancienne cité du Soudan, sur la rive orientale du Nil à quelques kilomètres au nord de Kabuchiya.


C’est l’une des principales villes du royaume de Koush (Couch), dont l’histoire nous est mal connue. Ce royaume, autrefois rattaché à l’Égypte, s’est développé d’une façon indépendante durant plus d’un millénaire après la chute de Thèbes (v. 663 av. J.-C.) et nous a laissé des vestiges d’une brillante civilisation.

La capitale est d’abord située à Napata, au pied du Djebel Barkal, puis elle est transférée bien plus au sud, à Méroé, probablement au cours du vie s. av. J.-C. On constate que l’influence égyptienne est encore vivace sous le règne des premiers successeurs des pharaons de la XXVe dynastie, et les tombes des rois Atlanersa, Senkamanisken, Anlamani et Aspelta (593-588 av. J.-C.) s’inspirent encore des traditions classiques. Mais peu à peu cette influence disparaît. La langue, en particulier, s’altère de plus en plus comme en témoignent les inscriptions de certains rois de Napata qui nous sont parvenues : Amani-nete-yerike, Harsiyotef, Nastasen (298-278 av. J.-C.).

Napata était situé dans une région désertique ; aussi, lorsque les mines d’or qui en constituaient la principale richesse s’épuisèrent, le centre de gravité du royaume se déplaça-t-il vers les steppes de Méroé, au sud, qui offraient de plus grandes possibilités, notamment pour l’agriculture et l’élevage. Il semble que le commerce y était très actif, la ville se trouvant située au carrefour des grandes voies caravanières de la mer Rouge, du haut Nil, de l’Érythrée et de l’Afrique centrale.

Une autre raison motivait aussi le déplacement vers le sud : l’implantation dans le pays de la métallurgie du fer. Les fouilles effectuées par P. L. Shinnie en 1967-68 ont permis des datations de scories au carbone 14 qui donnent v. 514 - v. 75 av. J.-C., mais il faudra attendre au moins un siècle pour voir le pays fournir du métal en quantités appréciables, ainsi que l’attestent les très nombreux objets en fer trouvés dans les fondations de la pyramide d’Harsiyotef (348-313) à Napata. Cette industrie put prospérer dans le pays, car le minerai était présent partout sous forme de latérite, et le combustible, rarissime dans le Nord, y était abondant, le bois ne manquant pas autour de Méroé.

On assiste à une renaissance de la culture égyptienne vers le milieu du iiie s. av. J.-C., et on en trouve l’écho chez l’historien grec Diodore de Sicile, qui cite le nom d’Ergaménès (248-220 av. J.-C.). Ce roi de culture grecque aurait été alors en conflit avec les prêtres. C’est également à partir de ce moment que les souverains abandonnent les nécropoles de Napata et font construire les premières pyramides de Méroé.

L’apogée de la civilisation méroïtique paraît contemporaine de la dynastie égyptienne des Lagides (305-30 av. J.-C.) ; des influences helléniques et romaines sont alors nettement perceptibles. C’est l’époque où le roi de Koush (Couch), dédie, en commun avec Ptolémée IV, des sanctuaires à Philae et à Dakkeh.

Mais les contacts avec le Nord sont de nouveau plus lâches. La connaissance et l’usage de l’égyptien disparaissent pour faire place à une nouvelle écriture, le méroïtique, comprenant à la fois des hiéroglyphes empruntés à l’Égypte, mais de valeur différente, et une cursive d’une graphie souvent sommaire. En 1909-1911, l’Anglais F. L. Griffith a donné la clef du déchiffrement, mais, en dehors de quelques formules funéraires ou religieuses, la traduction et l’interprétation des textes demeurent impossibles faute d’un nombre suffisant de textes bilingues.