Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Méroé (suite)

Autour de l’ère chrétienne, les historiens romains font mention de reines éthiopiennes qu’ils appellent « candaces ». Griffith a montré que ce vocable veut simplement dire « reine », et que de nombreuses « candaces » régnèrent comme régentes durant la minorité de leurs fils. Deux reines tiennent une place importante : Amanirenas et Amanishakhetê. C’est l’une d’elles qui attaqua les Romains lorsqu’ils arrivèrent à Assouan et fit prisonnière la garnison (25 av. J.-C.). En représailles, C. Petronius, préfet d’Égypte, s’empare de Napata, deux ans plus tard, et rase la ville. Méroé conserve cependant son indépendance. Vers 65, Néron envisage de l’envahir, mais les éléments envoyés par lui en reconnaissance rapportent que le pays est trop pauvre pour valoir la peine d’une conquête.

Du ier au ive s., la puissance de Méroé décline lentement, mais les derniers temps de l’empire sont mal connus. Les pyramides étaient devenues de plus en plus petites et de plus en plus pauvres. L’absence d’objets égyptiens ou méditerranéens indique une coupure des influences extérieures, cause ou conséquence de cette décadence. Sur l’effondrement et la disparition de Méroé, le seul témoignage que nous possédions est l’inscription du roi d’Aksoum Ezana qui revendique une expédition « contre les Nuba de l’île de Méroé » vers 350.

G. M.

➙ Afrique noire / Éthiopie / Nubie / Soudan.

 F. L. Griffith, Meroitic Inscriptions (Londres, 1911-1917 ; 3 vol.). / A. J. Arkell, A History of the Sudan from the Earliest Times to 1921 (Londres, 1955 ; 2e éd., 1961). / J. Leclant, Recherches sur les monuments de la XXVe dynastie dite éthiopienne (Le Caire, 1965). / P. Shinnie, Meroe : the Civilisation of the Sudan (New York, 1967).

Mérostomes

Classe d’Arthropodes marins voisins des Arachnides, représentée à l’ère primaire par de nombreuses formes (Aglaspides, Euryptéridés) et subsistant dans la nature actuelle par les Limules.



La Limule, Mérostome actuel

La Limule (Xiphosura polyphemus) vit sur les côtes orientales de l’Amérique du Nord, du Maine au Yucatán. Elle reste habituellement dans le sable vaseux, à une profondeur n’excédant guère 10 m ; mais elle peut nager, le ventre vers le haut, et, au moment de la ponte, remonte sur les plages. Son corps, qui peut atteindre 60 cm de long, est recouvert d’un tégument verdâtre, contenant de la chitine et une protéine voisine de la kératine ; dorsalement, il se subdivise en trois régions sans trace de segmentation apparente : un vaste prosome (céphalothorax) en forme de croissant à pointes dirigées vers l’arrière, un opisthosome (abdomen) trapézoïdal et un long telson, pointu comme un aiguillon. Vers l’avant, les seuls organes remarquables sont les yeux composés latéraux, qui ont été l’objet de recherches physiologiques détaillées.

L’examen de la face ventrale révèle les divers appendices ; les deux chélicères, terminées par une pince, servent à saisir les proies, ordinairement des Mollusques et des Vers ; cinq paires de pattes ambulatoires thoraciques leur font suite, les quatre premières munies d’une pince ; leur article basal sert au malaxage des aliments ; la position de la bouche, relativement postérieure, puisqu’elle s’ouvre au niveau des pattes thoraciques, justifie le nom du groupe (du grec meros, cuisse, et stoma, bouche). En arrière de l’opercule génital, où débouchent les conduits reproducteurs, l’abdomen possède cinq paires de pattes, portant chacune cent à deux cents lamelles branchiales. Les mouvements des pattes abdominales créent un courant d’eau respiratoire, et leurs battements permettent la nage de l’animal. Pour fouir le sable, la Limule utilise surtout la dernière paire de pattes thoraciques. Il lui arrive de ramper en se servant de ses appendices ambulatoires et en s’appuyant sur le telson. C’est ainsi que, lors des grandes marées de printemps, de nuit, les femelles gagnent la zone supérieure des plages, accompagnées d’un ou plusieurs mâles, un peu plus petits qu’elles. Elles creusent dans le sable des sillons où elles déposent deux ou trois centaines d’œufs, immédiatement couverts de sperme par le mâle (fécondation externe).

Vingt-huit jours après, c’est-à-dire à la grande marée suivante, la larve éclôt, vite entraînée par le reflux. Longue d’un centimètre, elle ressemble étonnamment à un Trilobite et ne se nourrit pas ; un mois plus tard, elle mue en donnant un second stade larvaire appelé prestwichianella à cause de sa ressemblance avec un Trilobite portant ce nom. Au cours des mues suivantes, l’allongement du telson donne à l’animal la morphologie d’une Limule ; il faut une dizaine d’années, et seize mues, pour que la taille maximale soit atteinte.

Deux genres voisins, Tachypleus et Carcinoscorpius, habitent les rivages de l’Asie orientale (Chine, Japon, Malaisie).


Mérostomes fossiles

Des formes très voisines des Limules actuelles sont connues depuis le Trias, avec une extension plus vaste (Europe, Australie). Mais les premiers représentants de l’ordre des Xiphosurides datent du Dévonien inférieur.

Pendant l’ère primaire, cinq autres ordres de Mérostomes ont existé, parmi lesquels on retiendra les suivants.

Les Aglaspides du Cambrien, atteignant 20 cm de long, aux chélicères terminées par une griffe et à l’abdomen segmenté.

Les Euryptéridés (ou Gigantostracés), signalés de l’Ordovicien au Permien, en général dans des dépôts marins, mais parfois dans des dépôts saumâtres et même terrestres ; leur abdomen segmenté se laisse subdiviser en préabdomen et postabdomen, comme celui des Scorpions. Eurypterus, long de 40 cm, possédait une dernière paire d’appendices thoraciques longues et volumineuses (pattes-nageoires). Avec une taille pouvant dépasser 2 m, Pterygotus (Silurien et Dévonien d’Europe, d’Amérique et d’Australie) est le plus grand Arthropode qui ait jamais existé.