menstruation (suite)
Physiologie
On a pu étudier le mécanisme intime de la menstruation en greffant des fragments d’endomètre dans la chambre antérieure de l’œil de la femelle de macaque. On a pu ainsi observer successivement un affaissement de l’endomètre, une vaso-dilatation avec infiltration leucocytaire du stroma (tissu conjonctif), une vaso-constriction des artérioles, enfin la formation d’hématomes sous-épithéliaux qui se rompent et entraînent l’hémorragie. L’hémorragie menstruelle n’est donc que le résultat d’hémorragies très localisées (petits « infarctus »). La cause des spasmes vasculaires responsables des infarctus endométriaux réside dans la chute brutale des niveaux hormonaux.
Sous l’effet des hormones sexuelles, en effet, l’endomètre s’est modifié profondément depuis le début du cycle. Au cours de la phase de « prolifération », sous l’action des œstrogènes seuls, la muqueuse s’est épaissie et les glandes utérines se sont régénérées. Au cours de la phase « sécrétoire » qui débute immédiatement après l’ovulation, sous la dépendance non seulement des œstrogènes, mais aussi de la progestérone provenant du corps jaune, la muqueuse continue à s’épaissir, les glandes deviennent contournées et irrégulières, réalisant une véritable « dentelle » utérine, les artères se multiplient. Ces modifications constituent les meilleures conditions pour assurer la nidation de l’œuf, qui, fécondé dans la trompe, arrivera dans la cavité utérine vers le 21e jour. Si l’ovule n’a pas été fécondé, l’activité sécrétoire du corps jaune cesse vers le 25e jour, et les taux d’hormones s’effondrent, ce qui détermine le spasme vasculaire responsable de la menstruation.
Ainsi, la menstruation est sous la dépendance des modifications hormonales qui marquent le cycle menstruel. Le cycle menstruel lui-même est contrôlé par un niveau de commande supérieur constitué par les centres cérébraux cortico-hypothalamiques, et par un niveau inférieur d’exécution constitué par l’antéhypophyse (v. hypophyse) et ses gonadotrophines et par l’ovaire* avec ses follicules et le corps jaune.
Anomalies de la menstruation
La complexité, la sensibilité et la fragilité des mécanismes de la menstruation expliquent que les troubles de la menstruation soient fréquents et qu’ils constituent un chapitre important de la pathologie gynécologique. Les menstruations douloureuses, ou dysménorrhée, s’observent dans 5 à 15 p. 100 des cas. Elles sont une cause importante d’absentéisme sur le plan socio-professionnel. Elles relèvent soit d’un obstacle à l’écoulement du sang, soit d’une hyperspasmodicité du corps utérin. La cessation des menstruations, en dehors de la grossesse, pendant la période d’activité génitale normale constitue l’aménorrhée. Les aménorrhées reconnaissent des causes multiples selon le niveau du mécanisme qui est perturbé : causes générales, métaboliques, utérines, ovariennes ou hypothalamo-hypophysaires. Les aménorrhées primaires, ou absence de survenue de menstruation après la puberté, alors que les autres caractères sexuels sont apparus normalement, sont souvent en rapport avec une malformation.
Les menstruations anormalement prolongées et abondantes réalisent des ménorragies. Elles s’observent en cas d’insuffisance du corps jaune, d’absence d’ovulation, de préménopause, de fibrome ou de polype endo-utérin. Les menstruations qui surviennent chez la femme utilisant des contraceptifs oraux inhibiteurs de l’ovulation ne sont pas de véritables menstruations, mais sont des « hémorragies de privation » liées à l’arrêt normal de prise de ces comprimés que l’on observe toutes les trois semaines.
Ce sont également de fausses menstruations que l’on obtient à l’issue des cycles artificiels réalisés en donnant une dose de folliculine suffisante pour faire pousser l’endomètre, pendant une vingtaine de jours, en y adjoignant, les 5 ou 6 derniers jours, un progestatif. D. W. Wilson a préconisé l’institution de tels cycles artificiels, après la ménopause*, chez les femmes supportant mal l’arrêt définitif de leurs menstruations, en assimilant la ménopause à un état de carence hormonal préjudiciable à l’organisme.
Ph. C.
➙ Œstral (cycle).
C. F. Fluhmann, The Management of Menstruel Disorders (Philadelphie, 1956). / A. Netter, Aménorrhées. Dysménorrhées (Baillière, 1961 ; nouv. éd., 1971). / R. Palmer, les Explorations fonctionnelles gynécologiques dans la stérilité, l’avortement récidivant et les troubles menstruels (Masson, 1963).
