ménopause (suite)
Physiologie
Aucune hypothèse expliquant le mécanisme intime de la ménopause n’est actuellement démontrable. Un fait semble cependant acquis : à cette période de la vie génitale féminine, l’ovaire est devenu pratiquement insensible aux hormones hypophysaires gonadotropes. L’hypophyse essaie en effet de compenser cette insensibilité de l’ovaire en augmentant sa sécrétion de gonadotrophines, sans résultat sur la fonction ovarienne. L’injection de gonadotrophines humaines est incapable à ce moment-là d’induire une réponse ovarienne.
En revanche, il est actuellement prouvé que la sécrétion ovarienne n’est pas complètement abolie à la ménopause, et qu’une sécrétion d’œstrogènes, très variable d’une femme à l’autre, peut persister plus ou moins longtemps, alors même que les ovulations ont disparu.
Bien avant que se suspende sans équivoque la fonction ovarienne, il existe une phase intermédiaire au cours de laquelle l’ovaire épuise progressivement ses capacités fonctionnelles et son aptitude à obéir à la commande hypophysaire. La ménopause proprement dite est donc précédée plus ou moins longtemps auparavant d’une période de préménopause.
La phase préménopausique
Elle est marquée par le fait essentiel que l’ovulation, au lieu de se produire régulièrement tous les mois, n’a plus lieu qu’inconstamment, une fois sur deux, puis une fois sur trois ou quatre, etc. L’ovulation se produisant irrégulièrement, le corps jaune ne se forme plus, ou se forme mal. Cette insuffisance du corps jaune, organe éphémère dont le rôle est de sécréter la progestérone, détermine alors une hyperfolliculinie relative, puisque la folliculine qui continue à être sécrétée n’est plus compensée par son antagoniste naturel qu’est la progestérone. (V. ovaire.)
Cette phase préménopausique se traduit, plusieurs mois ou années avant l’arrêt définitif des menstruations, par une irrégularité des cycles menstruels faisant alterner des cycles courts avec des cycles longs. De plus, les menstruations sont souvent prolongées, abondantes ou hémorragiques.
La ménopause confirmée
À l’irrégularité des ovulations a fait suite leur disparition définitive. À l’insuffisance du corps jaune succède une insuffisance des follicules ovariens. La sécrétion de folliculine, désormais trop faible, ne suffira pas à faire pousser une muqueuse utérine. L’absence d’ovulation et de sécrétion de progestérone s’y ajoutant, les règles disparaissent.
Les troubles de la ménopause
Le tarissement des sécrétions ovariennes détermine alors un certain nombre de troubles :
— syndrome neurovégétatif, dont le signe le plus caractéristique est la bouffée de chaleur hypersudorale et à prédominance nocturne, mais qui peut se traduire également par des accès de céphalées (maux de tête), des crises de vertiges ou de sudations brutales ;
— syndrome ostéo-articulaire, avec ostéoporose et manifestations rhumatologiques (douleurs diverses des articulations) ;
— atrophie plus ou moins rapide des organes génitaux ;
— modifications des phanères avec accélération des rides, sécheresse de la peau, tendance à l’hyperpilosité ; il est vraisemblable aussi que la carence hormonale accélère certains processus de vieillissement.
Il faut toutefois souligner que ces troubles n’apparaissent pas inéluctablement chez toutes les femmes ménopausées, et que leur date d’apparition et leur intensité sont très variables d’une femme à l’autre.
De ce fait, il est difficile de codifier un traitement « standard » de la ménopause. L’attitude classique consiste à compenser momentanément l’insuffisance lutéale et folliculinique et à pallier les troubles de carence lorsqu’ils surviennent. Cette attitude n’envisage donc la ménopause que comme un « cap » à passer, de la façon la plus confortable possible. D. W. Wilson, en 1963, assimilant la ménopause à un état de carence hormonale, a préconisé des cycles artificiels, assurant la persistance de pseudo-menstruations pendant de longues années après la ménopause. Les bienfaits de ces cycles artificiels sont indiscutables, notamment sur les bouffées de chaleur, la nutrition vaginale et cutanée et la prévention de l’ostéoporose. Ils constituent également un avantage psychologique certain pour les femmes qui supportent mal l’arrêt définitif de leurs menstruations. Mais même administré sous surveillance médicale, ce traitement demeure à l’heure actuelle l’objet de vives controverses.
Ph. C.
P. Guilly, l’Âge critique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1953 ; 4e éd., 1970). / M. Perrault, B. Klotz et D. Widlodier, Traitement des troubles de la ménopause climatérique (Doin, 1961). / P. Fougère, l’Homme, la femme et l’âge critique (Hachette, 1968). / M. Albeaux-Fernet, la Ménopause (Baillière, 1969). / A. Denard-Toulet, la Ménopause effacée (Laffont, 1975).
