Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Méduse

Animal appartenant à l’embranchement des Cnidaires et dont le corps, très riche en eau (parfois plus de 95 p. 100), est formé d’une ombrelle contractile, garnie de tentacules urticants sur ses bords et portant la bouche au centre de sa face concave.


Presque toutes marines, les Méduses nagent lentement et se laissent entraîner par les courants ; c’est pourquoi elles font partie du plancton, quelle que soit leur taille.


Méduses marines

Malgré leur aspect et leur comportement général analogues, les Méduses appartiennent à trois séries distinctes de Cnidaires.


Acalèphes

Les plus grandes et les plus caractéristiques forment la classe des Scyphozoaires, ou Acalèphes : dans les mers arctiques, Cyanea capillata dépasse 2 m de diamètre, et ses centaines de tentacules étendus atteignent 40 m de longueur. D’autres, de dimensions plus modestes, fréquentent l’Atlantique et la Méditerranée : Pelagia noctiluca (6 cm), lumineuse la nuit ; Aurelia aurita (jusqu’à 40 cm), teintée de rose et de violet ; Chrysaora hysoscella (10 à 30 cm), dont l’ombrelle porte seize bandes brunes en étoile ; Rhizostoma pulmo (jusqu’à 60 cm) en forme de montgolfière. La plupart d’entre elles pondent des œufs d’où sort un polype qui se fixe sur le fond (scyphistome), puis subit une série de constrictions transversales, génératrices de jeunes Méduses ; par ce stade initial fixé, elles se trouvent liées aux rivages ; les courants les emportent en essaims nombreux, mais peuvent aussi les ramener à la côte, comme l’atteste le grand nombre de Méduses qui échouent sur les plages. Seule, Pelagia fait exception : ses œufs donnent des larves planula ciliées, qui se transforment directement en petites Méduses (éphyrules). Les Acalèphes exécutent souvent des déplacements verticaux, s’approchent de la surface la nuit et s’enfoncent le jour ; certaines ont été rencontrées à grande profondeur (6 000 m).

Sous l’ombrelle des grandes Méduses pendent quatre bras à la base desquels s’ouvre la bouche ; certaines se nourrissent de Poissons (Chrysaora), d’autres de plancton (Aurelia) ; chez les Rhizostomes, la bouche est remplacée par de multiples ostioles s’ouvrant sur les bras et ne permettant qu’un régime microphage. Les tentacules jouent surtout un rôle défensif ; certaines espèces, comme Rhizostoma et Cyanea, produisent sur l’Homme de vives brûlures ; on connaît même des Cuboméduses à venin mortel. Pourtant, certains Poissons viennent se réfugier sous l’ombrelle de Méduses : tels les jeunes Merlans sous celle de Cyanea et les Saurels sous les Rhizostomes.


Trachylines

Les Trachylines appartiennent à la classe des Hydrozoaires et sont moins évoluées que les Scyphozoaires. Leur diamètre ne dépasse que rarement 5 cm, leur développement ne comporte pas de stade fixé et on les rencontre dans le plancton, aussi bien au large que près des côtes, certaines atteignant de grandes profondeurs. Elles se nourrissent de larves et de Crustacés planctoniques. Leur ombrelle est assez rigide et leur déplacement saccadé est dû aux contractions vigoureuses du vélum. On divise les Trachylines en deux groupes : les Trachyméduses (ombrelle à bord régulier) et les Narcoméduses (ombrelle à bord lobé). Parmi les formes présentant un intérêt biologique, citons Cunoctantha, dont la larve se fixe sur le manubrium d’une autre Méduse et se nourrit en ectoparasite à ses dépens ; Cunina, vivipare et dont certaines larves manifestent un pouvoir de bourgeonnement intense ; Hydroctena, de Malaisie, qui montre des affinités avec les Cténaires.


Hydraires

Les Hydraires montrent, dans leur cycle de développement, une alternance entre une forme polype, coloniale et fixée, et une forme méduse libre, qui assure la dispersion des éléments reproducteurs. Les Anthoméduses, comme Sarsia, se rattachent aux Gymnoblastiques ; elles mesurent quelques millimètres, en général, et possèdent des ocelles. Les Leptoméduses correspondent aux Calyptoblastiques ; elles n’ont pas d’yeux, mais des statocystes ; la plus grande, Æquorea forskalea, peut atteindre 20 cm de diamètre.

Certains auteurs réunissent, sous le nom d’Hydroméduses, les Méduses des Hydraires et les Trachylines, qui possèdent toutes un vélum (Méduses craspédotes) et un tube (manubrium) qui porte la bouche.

Les découvertes faites dans le gisement précambrien d’Ediacara (Australie) prouvent que le type Méduse était déjà bien différencié à cette lointaine époque.


Méduses d’eau douce

Il s’agit de véritables curiosités, d’ailleurs minuscules. D’abord découverte à Londres, la Méduse Craspedacusta a été trouvée en France dans une quarantaine de stations, y compris dans la Seine, à Paris, où elle peut abonder localement pendant quelques jours ; son diamètre ne dépasse guère 1 cm. Les lacs africains ont également livré une Méduse dulcicole.

M. D.

➙ Cœlentérés / Hydraires / Siphonophares.

 F. S. Russell, The Medusae of the British Isles (Cambridge, 1953).

Méhémet-Ali

En ar. Muhammad ‘Alī (Cavalla, Macédoine, 1769 - Alexandrie 1849), vice-roi d’Égypte de 1804 à 1848.


Beaucoup d’historiens pensent qu’il était d’origine albanaise. Fils du chef turc de la ville de Cavalla, sur la côte égéenne de Macédoine, Méhémet-Ali participe en 1798 à l’expédition ottomane chargée d’expulser Bonaparte d’Égypte ; il échappe au désastre turc d’Aboukir (1799). Après le départ des Français, il joue de l’état anarchique de l’Égypte et de la rivalité entre Ottomans et Mamelouks. Sa popularité grandissante lui permet, dès 1804, de s’emparer du pouvoir. Des firmans de Selim III de 1805 et 1806, reconnaissant le fait accompli, l’accréditent au poste de pacha.

Méhémet-Ali combat tous les ennemis du Sultan, en premier lieu les puissants Mamelouks. En 1811, il se débarrasse de 300 beys mamelouks, qui périssent dans l’incendie — volontaire — de la Citadelle du Caire. Son fils, Tūsūn, la même année, mène campagne, au nom de la Porte, contre les Wahhābites* ; cette expédition permet au pacha d’Égypte de contrôler en fait le Hedjaz et d’étendre son influence en Arabie. À la mort de Tūsūn, c’est l’aîné des fils de Méhémet-Ali, Ibrāhīm (1789-1848), qui parachève la réduction des Wahhābites (1816-1818).