Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Antonioni (Michelangelo) (suite)

Film inégal et irritant, le Cri fut assez mal accueilli en Italie. On lui reprocha la confusion logique et idéologique du récit, la faiblesse de la psychologie du protagoniste et l’impossibilité de considérer celui-ci comme symbole du prolétariat. Antonioni put sembler en déclin, et certains pensèrent même que sa carrière était finie. Seule la critique française fut enthousiaste. Antonioni traversa à cette époque une crise intérieure, la surmonta et, sans abandonner ses ambitieux projets de « cinéma de rupture », s’intéressa de nouveau à la bourgeoisie, qui lui est plus familière. Il réalisa, de 1959 à 1961, un triptyque d’une importance fondamentale non seulement pour son œuvre, mais pour le cinéma moderne en général : L’Avventura (1959), la Nuit (La Notte, 1960), l’Éclipse (L’Eclisse, 1961), trois volets très différents apparemment, mais avec, entre autres points communs, Monica Vitti comme principale interprète. L’Avventura, tourné aux îles Lipari et en Sicile avec peu de moyens, eut bien des difficultés avec la censure et fut un moment mis sous séquestre. Considéré à sa sortie comme une sorte de film policier cérébral, ce n’est qu’après un certain temps qu’on en reconnut la structure révolutionnaire, fondée sur l’enchevêtrement de sentiments inaboutis, et qu’on se rendit compte que la rupture avec les méthodes de narration traditionnelles était désormais définitive. Analyse de la crise d’un couple élargie à celle d’une certaine société, la Nuit fut au contraire aussitôt favorablement accueilli. Ce film peut être considéré comme l’un de ses plus grands succès. Avec une puissance d’expression moindre, Antonioni tenta de réaliser dans l’Éclipse une synthèse de ses expériences précédentes, poussées jusqu’à leurs limites extrêmes. C’est avec cette trilogie que naît le cinéma dit « de l’aliénation », dans lequel l’incommunicabilité, ou plutôt l’impossibilité de communiquer, est le thème principal : continuelle disponibilité affective des protagonistes face à l’impossible et désespéré besoin de combler ce vide intérieur. Le désordre moral des héros d’Antonioni et l’échec de leur tentative de justifier leurs propres actes sont, dans ces trois films, le dénominateur commun d’une problématique de l’angoisse. « Il m’arrive de découvrir la maladie des sentiments plutôt que les sentiments eux-mêmes », écrit-il. La subtile analyse du mal de vivre, dominante de ces trois films, et qui les rapproche plus de la littérature que du cinéma traditionnel, fit un moment passer au second plan l’art du réalisateur, sa manière de traduire en images les attitudes les plus fugitives et de rendre concret le plus abstrait des symboles. Un certain excès de préciosité n’avait pas manqué de rendre perplexe une partie de la critique italienne. Cette préciosité se voit confirmée dans le Désert rouge (Il Deserto rosso, 1964). Le caractère artificiel de cette première expérience chromatique, où la couleur n’est pas utilisée pour reproduire la nature mais pour provoquer certains effets, accompagne les thèmes qu’Antonioni avait déjà développés dans ses meilleurs films. Nombreux furent ceux qui pensèrent, après le Désert rouge, qu’Antonioni ne pourrait plus prétendre à sa position de chef de file. Cette opinion fut démentie, malgré l’échec de son sketch de I Tre Volti (1965), par la sortie de Blow-up (1966). Le douloureux reflet de notre époque, jusqu’alors réduit à une vision incomplète, s’élargit dans ce film. Le symbole et l’image sont liés avec naturel. En 1969, Antonioni tourne aux États-Unis Zabriskie Point, hommage lyrique rendu à la révolte de la jeune génération américaine contre la société de consommation. En 1972, il consacre à la Chine un long documentaire (Chung Kuo : la Chine) et, en 1974, il réalise Profession : reporter (Il Passagero). Avec son caractère introverti et sensible (on connaît ses manies, ses ambiguïtés), avec son talent aigu et un peu esthétisant, Antonioni est sans conteste le fondateur d’un cinéma tourné vers d’autres voies. Son mérite demeure celui d’avoir montré la possibilité, la nécessité même, d’un cinéma à structure ouverte, fondée sur l’exploration de la conscience dans le cadre de problèmes actuels.

A. S.

 F. Carpi, Antonioni (Parme, 1958). / P. Leprohon, Michelangelo Antonioni (Seghers, 1962 ; rééd. 1969). / P. L. Thirard et R. Tailleur, Antonioni (Éd. Universitaires, 1963). / C. Fernandez Cuenca, Michelangelo Antonioni (Madrid, 1963). / M. Antonioni, Sei Film (Turin, 1964). / C. Di Carlo, Michelangelo Antonioni (Rome, 1964). / M. Estève, Michelangelo Antonioni, l’homme et l’objet (Lettres modernes, 1965). / A. Bernardini, M. Antonioni da Gente del Po a Blow-up (Milan, 1968). / A. Ferrero, Lo Sguardo di Antonioni : l’eclisse e l’ingrandimento (Florence, 1968). / G. Tinazzi, M. Antonioni e la crisi del cinema (Florence, 1968).

anus

Terme désignant à la fois le canal de 2 à 3 cm de long, faisant suite à l’ampoule rectale (canal anal), et l’orifice inférieur, qui est l’abouchement de ce canal à la peau. L’ensemble forme la partie inférieure terminale du tube digestif.



Anatomie

Le canal anal, oblique en bas et, en arrière, constitue, avec l’ampoule rectale à laquelle il succède, un coude (cap anal) à sommet antérieur, ouvert en arrière. Le canal anal traverse une solide cloison formée de muscles et d’aponévrose, qui s’appelle le périnée et qui forme le plancher de la cavité pelvienne. Le rapport fondamental du canal anal à ce niveau est le muscle releveur de l’anus : c’est un muscle plat, bilatéral, qui constitue une épaisse cloison tendue entre les parois du bassin. Sur la ligne médiane, chaque muscle releveur est séparé de son homologue opposé par une déhiscence, où passent les différents organes. C’est la « fente urogénitale ». Le canal anal est l’élément le plus postérieur de ces différents organes.

La partie terminale du canal anal est l’orifice anal. C’est la partie visible de l’anus, se présentant comme fente antéropostérieure profondément située dans le sillon interfessier, à 3 ou 4 cm du sommet du coccyx.