Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mayas (suite)

Les civilisations postclassiques

Après l’abandon des cités classiques, Chichén Itzá, au Yucatán, devient le seul centre important. Fondée à la fin du Classique récent, la cité compte des édifices de style Puuc. Tombée sous la domination des Toltèques à la fin du xe s., elle connaît un grand développement architectural qui mêle traditions mayas (pièces voûtées, masques de Chac...) et innovations imitées de l’architecture de Tula (colonnades, grand terrain de jeu de balle, représentations de Quetzalcóatl et d’une divinité appelée Chac-Mool...). Certaines des représentations d’origine toltèque indiquent la prépondérance de mœurs et institutions provenant du Mexique central : aigles et jaguars dévorant des cœurs, symbolisant probablement les ordres militaires ayant ces animaux pour emblème ; processions de guerriers armés de traits lancés à l’aide de propulseurs ; plates-formes qui supportent des râteliers recevant les crânes provenant des sacrifices humains.

Toute construction fut abandonnée sur le site de Chichén Itzá à une date que l’on situe entre 1204 et 1224, sans doute à la suite des attaques de la tribu Itzá, qui s’y installa (d’où le nom du site, qui signifie « puits des Itzá ») pour un temps assez bref. Un lignage Itzá fonda ensuite une nouvelle capitale à Mayapán, avec l’aide de mercenaires mexicains qui introduisirent au Yucatán l’arc et la flèche. Les chefs des autres cités furent astreints à résider à Mayapán. La ville est entourée d’un mur défensif, et son habitat peut être considéré comme concentré, bien que les maisons ne soient pas contiguës. Au centre sont les temples principaux et les édifices à colonnades, qui devaient servir de bâtiments administratifs, de magasins royaux, d’écoles... Puis on trouve les maisons des nobles, et à la périphérie les habitations des gens du commun. Tous les arts et techniques connaissent une décadence marquée. Certains temples sont des copies de ceux de Chichén Itzá, mais avec une maçonnerie grossière dont les défauts sont masqués par un revêtement de stuc. Les influences mexicaines sont toujours fortes, et sur les encensoirs anthropomorphes caractéristiques de Mayapán sont représentés soit des divinités mayas, soit des dieux du Mexique central. Parallèlement, on observe une renaissance de certaines traditions mayas, telle l’érection de stèles à inscriptions hiéroglyphiques. Mayapán fut abandonné à la suite de révoltes vers 1450. On connaît peu les cités de la période qui précéda immédiatement la conquête, à l’exception de Tulum sur la côte est. Là encore l’influence mexicaine est forte, en particulier dans le style des fresques de l’un des temples.

C’est de la période postclassique du Yucatán que datent les trois codices mayas connus : le Codex Dresdensis, qui est une copie d’un manuscrit de la période classique et comporte une large partie consacrée à l’astronomie, le Tro-Cortesianus de Madrid et le Peresianus de Paris, qui ont trait principalement à la divination. On dispose en outre pour cette période de textes espagnols (Relation des choses de Yucatán, de Diego de Landa [v. 1524-1579]) ou indigènes (Chilam Balam), rédigés à l’époque coloniale.

Les hautes terres du Guatemala ne manifestent guère d’activité artistique digne d’être mentionnée, mais au début de la période coloniale y ont été rédigés des documents extrêmement importants pour la connaissance de la civilisation protohistorique de ces régions : le Popol-Vuh, qui comprend une partie mythologique et une partie historique, et diverses chroniques dont les Annales des Cakchiquels.

P. B.

➙ Amérique précolombienne / Indiens.

 S. G. Morley, The Ancient Maya (Stanford, Calif., 1946 ; 3e éd., 1956). / P. Rivet, Cités maya (Éd. Albert Guillot, 1954). / A. Ruz Lhuillier, La civilisatión de los antiguos Mayas (Santiago de Cuba, 1957, 2e éd., Mexico, 1963 ; trad. fr. la Civilisation des anciens Mayas, Mexico, 1964). / J. E. S. Thompson, Maya Hieroglyphic Writing (Norman, Okla., 1960 ; nouv. éd., 1971) ; The Rise and Fall of the Maya Civilization (Norman, Okla., 1961, 2e éd., 1966 ; trad. fr. Grandeur et décadence de la civilisation maya, Payot, 1973). / H. Stierlin, Maya (Office du Livre, Fribourg, 1964). / M. D. Coe, The Maya (New York et Londres, 1966). / W. R. Coe, Tikal (Philadelphie, 1967).

Mayence

En allem. Mainz, v. d’Allemagne fédérale, capit. du Land de Rhénanie-Palatinat ; 177 000 hab.


Mayence doit sa naissance et son essor à sa situation géographique face au confluent du Main et du Rhin, dans un des plus grands méandres du Rhin, au sein d’une des régions les plus fertiles de l’Allemagne. Carrefour routier et fluvial, centre du commerce des vins rhénans, foyer industriel, la ville a longtemps été la métropole du catholicisme allemand. La vie culturelle y a toujours été active.

La cité s’est développée sur la rive gauche du Rhin. La ville basse, comprenant la Altstadt avec la city, s’étend entre le Rhin à l’est et la ligne de chemin de fer à l’ouest. La ville neuve (Neustadt) prolonge la Altstadt vers le nord. Elle date essentiellement du xixe s. La ville haute (Obere Stadt) s’étend vers l’ouest. Il s’agit des quartiers récents, composés de pavillons et d’espaces verts, construits sur le plateau et dans les vallons qui y mènent. La Altstadt marque la permanence des fonctions urbaines. Ministères, administrations, commerces, banques et assurances y sont installés en grand nombre.

La croissance urbaine a été lente : 22 500 habitants en 1747 ; 35 100 en 1849 ; 66 000 en 1885. L’essor de la navigation rhénane accélère quelque peu le développement : 91 100 en 1905 ; 130 900 en 1925 ; 175 000 en 1971 (faible majorité de catholiques aujourd’hui). L’industrie occupe 42 p. 100 des actifs (construction de machines, appareils, navires ; industries chimiques, graphiques, alimentaires ; papeterie, verrerie, cuirs, matières plastiques). Mayence est le grand centre du commerce des vins du Rhin et de la Nahe. Le port assure un trafic de 3,1 Mt, dont 2,7 aux importations (combustibles). Le secteur des services, qui exprime le mieux les fonctions régionales, emploie 32 p. 100 des travailleurs de la ville. Le rôle de Mayence est limité par la proximité de Francfort*.

F. R.