Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mayence (suite)

L’histoire de la ville

Mayence (Mogontiacum) est, dès l’époque romaine, un important établissement de défense, noyau d’un établissement urbain. Capitale de la Germanie supérieure, elle est abandonnée par les Romains en 451 ; plusieurs fois ravagée par les Germains et les Slaves, elle devient l’un des principaux foyers de christianisation de la Germanie. Sous saint Boniface* — nommé archevêque en 745 —, Mayence accède même au rang de métropole ecclésiastique des pays germaniques. Les faveurs de Charlemagne contribuent au développement de la ville, qui devient ville libre (xiie s.). Au xiiie s., l’archevêque est investi d’un des électorats germaniques ; il est même premier Électeur — chargé de convoquer les autres —, archichancelier de l’Empire et primat de l’Église allemande. Après 1648, les princes-archevêques de Mayence, tout en subissant l’influence française — de 1658 à 1667, Mayence est au centre de la ligue du Rhin —, s’efforcent de conserver leur indépendance entre une monarchie française toujours plus proche et un Empire toujours plus menaçant.

Occupée par Custine en octobre 1792, Mayence est assiégée en 1793 par les Prussiens et les Autrichiens, qui s’en emparent malgré l’héroïsme de Kléber. En 1794, Pichegru et Jourdan bloquent la ville, qui est dégagée l’année suivante par Clerfayt.

Rattachée à la France après la signature du traité de Campoformio (1797), Mayence devient le chef-lieu du département du Mont-Tonnerre. Le recez de 1803 supprime l’électorat et sécularise l’archevêché, dont Karl Theodor von Dalberg (1774-1817) a été le dernier titulaire. En 1815, Mayence fait partie du grand-duché de Hesse-Darmstadt, tout en devenant l’une des forteresses de la Confédération germanique. Les Français occupent la zone de Mayence de 1919 à 1930. La ville est détruite à 80 p. 100 au cours des derniers mois de la Seconde Guerre mondiale. Son université, fondée en 1477, fermée en 1797, a été rouverte en 1946 : elle porte le nom du plus illustre enfant de Mayence, Johannes Gutenberg, qui, au xve s., y perfectionna l’imprimerie, faisant de sa ville natale l’un des foyers de l’humanisme rhénan.

P. P.

➙ Rhénanie-Palatinat.

 G. Livet, Recueil des instructions données aux ambassadeurs, t. XXVIII : États allemands, vol. I : l’Électorat de Mayence (C. N. R. S., 1962). / F. G. Dreyfus, Sociétés et mentalités à Mayence dans la seconde moitié du xviiie siècle (A. Colin, 1968).

Mayenne. 53

Départ. de la Région Pays de la Loire ; 5 171 km2 ; 261 789 hab. (Mayennais). Ch.-l. Laval*. S.-préf. Château-Gontier, Mayenne.


Le département de la Mayenne a rassemblé en 1790 le Bas-Maine historique et le nord de l’Anjou. Entièrement sur le Massif armoricain, il en reflète les traits : surface primaire faiblement rajeunie, drainage vers le sud conforme au gauchissement tertiaire, orientations structurales grossièrement ouest-est. Au nord, une masse anticlinale de grès et de granités atteint 417 m aux Avaloirs (dans les Alpes mancelles, point culminant du département et du massif), 330 m dans les Coëvrons (« Mamelles boisées »). Au centre, le bassin de Laval occupe un synclinal de schistes et, fait rare dans l’Ouest armoricain, de calcaires, donnant de bons sols et des formes karstiques (grottes de Saulges). Au sud, des rides gréseuses et ardoisières de plis arasés annoncent le Segréen. Peu différencié dans ses lourdes collines, sous son épais bocage, le département est l’un des plus homogènes qui soient en France.

La Mayenne a été un pays pauvre. Tardivement défrichée (xiie-xive s.), restée boisée (forêts de Multonne, Pail, Sillé, la Grande Charnie, Mayenne), elle s’est longtemps adonnée, sur ses terres froides de cosses et d’argealêtres, à une polyculture extensive associant seigle et sarrasin, choux, lin, chanvre, prairie. Engrais et amendements (chaulage) l’ont enrichie. Le bassin de Laval donne de bons blés, de belles orges de brasserie ; la pomme à couteau a remplacé la pomme à cidre. Vouée à l’herbage par ses affinités climatiques atlantiques et par l’imperméabilité de ses sols, la Mayenne est surtout devenue un grand pays d’élevage. Un troupeau de 600 000 bovins (cinquième rang français) se répartit entre races laitières, surtout au nord (normande, frisonne pie noir), et bouchères, surtout au sud (Maine-Anjou-Durham, charolaise). À une importante production fromagère (Port-Salut, saint-paulin) répondent de lucratives transactions de veaux maigres à destination de la Normandie et de l’Italie (foires de Laval et de Château-Gontier). La vallée de l’Erve, à l’est, pratique l’embouche pour Paris, élève des moutons (bleus du Maine). Au sud, autour de Craon, l’élevage du porc (croisement d’une race locale avec la yorkshire large-white anglaise) a connu un développement remarquable (220 000 têtes).

La Mayenne n’a pas réalisé dans tous les domaines des progrès aussi tangibles. Prisonnière de son bocage, privée de carrefour naturel, elle souffre de l’isolement. Bien desservie seulement dans le sens est-ouest (Paris-Rennes), elle est sans relations ferroviaires directes avec sa capitale de Région, Nantes. Aux marches de Bretagne, elle a abrité la contrebande, la chouannerie. Ses mentalités politiques, sociales, religieuses sont restées très conservatrices. La grande propriété agraire, d’origine nobiliaire, couvre les quatre cinquièmes du sol. Fermage et métayage représentent 75 p. 100 des exploitations. Le monde rural évolue lentement : 25 800 exploitations en 1955, 23 800 en 1970 (– 8 p. 100 seulement) ; l’habitat est médiocre.

La Mayenne a été une grande région manufacturière. Le travail du lin (introduit au xiiie s. par une princesse de Laval, originaire des Flandres), des forges, des clouteries, des tanneries, les métiers du bois animaient ses campagnes. Les guerres napoléoniennes et la révolution industrielle leur ont été fatales. Le coton et les fibres synthétiques ont relayé le lin, mais pour se concentrer en quelques points : Laval, Mayenne, Saint-Georges-Buttavent, Evron, Pré-en-Pail. La fonderie ne survit qu’à Laval, Port-Brillet et Mayenne, le cuir (chaussures) à Ernée et Gorron. Les industries extractives ont été plus heureuses. Si la mine d’or de La Lucette au Genest est fermée, Renazé exploite des ardoisières, Saint-Pierre-la-Cour fabrique du ciment, les carrières mayennaises livrent près de 20 p. 100 des matériaux d’empierrement français. La Mayenne a surtout bénéficié, depuis 1954, d’apports de décentralisation. Encore proche de Paris (trois heures), appréciée pour ses bas salaires et la docilité de sa main-d’œuvre, elle a attiré des usines d’électronique et d’accessoires automobiles (Laval), d’articles ménagers (Montsurs), de matières plastiques (Mayenne), de mécanique, de confection. Mayenne compte deux grandes imprimeries.