Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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massage (suite)

Historique

Le massage est d’une pratique très ancienne. En Chine, les premiers documents écrits sur ce sujet mentionnent déjà l’effleurage, le pétrissage, les percussions, exécutés avec le bout des doigts ou avec un petit maillet de bois. Les techniques traditionnelles de massage se réfèrent de façon constante aux zones d’acupuncture*. Elles tiennent compte non seulement de la surface externe du corps, mais aussi de la physiologie et des rapports entre les organes. On considérait déjà que ces manœuvres pouvaient être employées à titre préventif ou curatif.

En Inde, on recommandait aussi de faire précéder et suivre les exercices corporels de frictions, de pressions, de malaxations, de pincements, etc. Là aussi, ces manipulations étaient employées dans un but non seulement d’hygiène, mais aussi thérapeutique.

Chez les Grecs, Hippocrate*, le « père » de la médecine, préconise les manipulations, et Galien*, au iie s. apr. J.-C., distingue neuf modes de massage.

Dans tout le Bassin méditerranéen, les thermes laissés par les Romains sont parmi les édifices les plus importants, et leur architecture montre que des salles de gymnastique et de massage voisinaient avec les différentes piscines.

Il semble qu’au Moyen Âge on ait porté peu d’intérêt tant aux exercices physiques, considérés comme des jeux, qu’aux soins corporels. Mais, à la fin du xve s., avec la Renaissance, les principes de Galien trouvent une faveur nouvelle dans les pays occidentaux et redonnent à la gymnastique et au massage la place importante qu’ils avaient dans l’Antiquité.

Sans parler des théories de Rabelais, rappelons qu’Ambroise Paré, dans ses œuvres (1575), s’intéresse à la friction, qui peut, dit-il, être « dure, molle ou médiocre ».

Au xixe s., Pierre Adolphe Piorry (1794-1879) revalorise la thérapeutique manuelle, et Londe est le premier médecin parisien à employer les techniques de « frictions, malaxations, percussions ». Des médecins comme Joseph Récamier (1774-1852), Bouvier, Joseph Malgaigne (1806-1865), Jules Maisonneuve (1809-1894) et bien d’autres préconisent le massage dans les ankyloses, les entorses, les « tours de reins », le traitement des pieds bots, etc. Armand Trousseau (1801-1867) soigne en particulier, par la compression des carotides, les crises d’épilepsie.

En Hollande, Johan Georg Mezger (ou Metzger) [1838-1909] ainsi que le professeur Von Mosengeil mettent au point un système cohérent sur l’utilisation du massage pour traiter les maladies des muscles, des articulations, des os, de l’appareil circulatoire, du tube digestif et du système nerveux.

Maggiora et André Castex (1851-1942) contribuent à démontrer les effets bénéfiques du massage, le premier en traitant un muscle fatigué, le second en opérant sur des chiens auxquels il avait fait subir des contusions multiples et en prouvant qu’il n’y avait récupération musculaire et articulaire intégrale que du côté massé.

On voit que les modernes ont été longs à retrouver l’intérêt médical du massage, mais que ce dernier est devenu peu à peu, surtout depuis la fin du xixe s., un auxiliaire indispensable de la médecine.

En France, depuis 1946, la profession de masseur-kinésithérapeute est reconnue, et les praticiens qui l’exercent appliquent, conjugués au massage, les traitements par le mouvement (v. kinésithérapie) dans le traitement des différentes affections.


La pratique des massages

La main du masseur-kinésithérapeute doit s’adapter aux tissus et aux régions du corps, et tenir compte des effets qu’elle déclenche en faisant varier l’intensité, le sens, la vitesse des manœuvres.

Il en découle une classification des manœuvres habituellement reconnues : palpation, pétrissage, pli roulé, effleurage, friction, pressions, vibrations, percussions.

La palpation est le premier acte nécessaire pour apprécier et reconnaître les tissus sur lesquels les manœuvres devront s’effectuer. Elle permet aussi d’apprécier le comportement psychologique du sujet.

Le pétrissage est un empaumement des muscles et des téguments, qui sont déplacés dans un mouvement de torsion alternatif des deux mains.

Le pli roulé est un pétrissage sans torsion ; il n’intéresse que le plan superficiel.

L’effleurage est un glissement de la face palmaire ou de la pulpe des doigts sur la surface cutanée.

Dans les frictions, la paume de la main ou la pulpe d’un ou de plusieurs doigts déplacent le plan cutané par rapport au plan profond.

La pression est exécutée perpendiculairement à la peau avec la pulpe des doigts ou la paume de la main en comprimant la région à masser. Cette manœuvre complète la friction.

Les vibrations sont des pressions répétées, exécutées avec la paume de la main ou seulement avec la pulpe des doigts ; elles transmettent à l’organisme du sujet des oscillations rythmées, qui déterminent des ondes mécaniques pénétrant en profondeur.

Les percussions sont caractérisées par un martèlement des tissus qui peut s’effectuer par les doigts, le talon de la main ou la paume. Le plus fréquemment, le masseur se sert du bord cubital de sa main, les doigts écartés, souples, légèrement fléchis : ce sont alors des hachures.

Le massage ne doit pas être une succession de ces manœuvres, mais une fusion de celles-ci, judicieusement dosées et à chaque instant adaptées aux régions et aux cas traités. Mettant en contact la peau du sujet et la main du praticien, qui doit être doué d’un sens tactile particulièrement développé, il renseigne au mieux le masseur, s’il est parfaitement compétent et attentif, sur la nature et l’intensité des manœuvres qu’il doit faire. Il existe en effet un véritable couplage entre le cerveau qui conçoit et la main qui exécute grâce aux possibilités mécaniques multiples que procure l’opposition du pouce et des autres doigts. L’action du massage se modèle harmonieusement et peut se modifier selon les variations ressenties. On notera que la main ne quitte pas le contact de la peau, sauf exception (hachures, percussions...).