Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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massage (suite)

Les effets du massage

La peau, organe contractile, extensible et rétractile, qui a pour soutien le tissu conjonctif, est un film de protection doué de sensibilité. Elle a en outre d’autres fonctions : sécrétion, absorption et adaptation au milieu ambiant grâce à la régulation thermique.

C’est sur la peau qu’agit d’abord le massage, et c’est sur elle et sur les éléments qu’elle renferme que les effets du massage se font sentir en premier lieu. Ainsi, les corpuscules sensitifs, dont on connaît les connexions nerveuses avec la moelle et le cerveau, transmettront toutes les excitations mécaniques, qui se traduisent par des contractions ou des relâchements musculaires, par un affinement ou une diminution de la sensibilité. Il est bien certain que c’est le choix des manœuvres qui fera obtenir l’effet recherché : par exemple, les vibrations et l’effleurage sont plutôt sédatifs. Le pétrissage digital et les pressions sont parfois préférables pour obtenir les mêmes effets, bien qu’ils soient généralement réservés à des fins tonifiantes. Selon le rythme, l’intensité et la durée de la manœuvre, l’effet peut être inversé. L’innervation intéresse également une partie des vaisseaux sanguins, qui, au niveau de la peau, sont les capillaires. Ceux-ci vont donc subir des modifications, en particulier dans leur diamètre, et intervenir ainsi sur la circulation périphérique, qui rententit à son tour sur les gros troncs vasculaires et aboutit à une variation du débit cardiaque. Mais il faut également tenir compte du liquide interstitiel lymphatique* et de ses vaisseaux, sur lesquels les manœuvres de massage interviendront grâce aussi bien aux effets mécaniques qu’aux effets réflexes.

La peau étant un organe de sécrétion, il est bien évident que tout massage va modifier le quantum des substances qu’elle contient. Par exemple, la variation du taux de l’histamine, des substances acides de l’adrénaline, de la choline, etc., modifieront la vaso-motricité. Le massage léger « intradermique » aura, grâce à ces substances, un effet tonique, alors que le massage profond étendu et prolongé, « hypodermique », aura un effet dépressif, procurant une détente, mais, à l’extrême, aboutissant à la fatigue. La douleur transmise par les fibrilles nerveuses est déclenchée par l’intervention de substances chimiques, dont quelques exemples viennent d’être cités. Il est donc bien connu que le massage sciemment dosé interviendra directement sur la douleur et ses effets. Il faut noter que chaque organe a ses projections topographiques au niveau de la peau (zones métamériques de Head), qui, par une modification de sa texture, reflète la souffrance des tissus et des organes profonds. Le massage peut contribuer par là même au bon fonctionnement des organes internes.

Par ailleurs, la peau elle-même peut souffrir et être lésée : infiltrats, indurations, flétrissures, cellulite, cicatrices, brûlures, escarres. Pour ces atteintes, les manœuvres de choix sont digito-pulpaires : frictions, vibrations, pétrissage, associés parfois aux effleurages, dans un but esthétique aussi bien que thérapeutique.

Si la peau est le premier élément à bénéficier du massage, elle n’est cependant pas la seule. Les muscles et leurs attaches sont souvent soumis aux manipulations thérapeutiques. Par exemple, dans le domaine du sport, l’observation des résultats obtenus dans les compétitions fait apparaître tous les bienfaits qu’un athlète peut attendre du massage, autant pour sa préparation aux épreuves que pour la restitution ad integrum de son système neuro-musculaire après les épreuves.

De nombreux auteurs, s’appuyant sur leurs expériences en ce domaine, ont constaté que le massage provoquait une élévation de la température dans le muscle, une augmentation de l’excitabilité musculaire, l’utilisation d’un plus grand nombre de capillaires en même temps qu’un véritable « nettoyage » musculaire par une meilleure circulation lymphatique et sanguine. Tout cela fait mieux comprendre l’utilité du massage avant l’effort.

Après l’effort, le massage trouve aussi son application, car le nettoyage accéléré des tissus permet une récupération nettement plus rapide que ce qu’on obtiendrait par le simple repos et un meilleur rendement dans les épreuves ultérieures. On a vu plus haut l’action du massage sur la peau et les muscles, mais leurs attaches ainsi que les articulations qu’ils meuvent doivent aussi garder leur intégrité. Le massage intervient donc sur les tendons, les ligaments, les bourses séreuses et en particulier sur la capsule articulaire ; cette dernière est tapissée d’une séreuse richement vascularisée (la synoviale) qui produit la synovie, liquide assurant le parfait glissement des cartilages articulaires les uns sur les autres. Les manœuvres qui visent ces éléments sont plus particulièrement à base de frictions et de pressions circulaires longitudinales ou transversales ; elles peuvent être vibrées. C’est ici que la technique de massage transversal profond voit toute son application.

Le massage associé à la kinésithérapie permet ainsi de garder aux éléments articulaires et périarticulaires toutes leurs qualités propres : souplesse, amplitude, solidité, indolence...

Nous touchons à la limite difficile à fixer entre massage et mobilisation.

Le massage peut également agir sur l’os, dont la couche superficielle, le périoste, est à la fois la partie la plus sensible et celle qui permet la régénération osseuse. L’action du massage s’exerce sur les troubles trophiques osseux, sur la douleur et sur certains troubles organiques de l’os par voie réflexe. Dans ce cas, un massage « ponctiforme » s’effectue par pressions rythmées exécutées du bout des doigts ou d’un doigt replié au niveau des os ou des cartilages.

Le massage cardiaque

La massothérapie ne se contente plus d’intervenir indirectement sur la circulation ; elle peut, dans des cas précis, agir directement sur le muscle cardiaque. Le massage cardiaque externe ou interne peut, en effet, être tenté dans les cas de mort apparente caractérisés par un arrêt du cœur.