Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Marne (Haute-). 52 (suite)

Chaumont, bien que préfecture (29 329 hab.), a crû moins vite : des activités traditionnelles y ont décliné (ganterie), mais de nouvelles implantations (articles métalliques) ont évité une crise. Langres (12 457 hab.) est le centre touristique grâce à ses restes romains et médiévaux, aux châteaux et églises des environs, et aux lacs qui, depuis le siècle dernier, alimentent le canal. Joinville (5 122 hab.), en plus modeste, exerce des fonctions de même type. Le reste se réduit à une série de bourgs d’où émerge un peu Wassy (3 481 hab.).

R. B.

➙ Champagne-Ardenne.

Maroc

En ar. Al-Marhrīb al ‘Aqṣa, État de l’Afrique septentrionale. Capit. Rabat.
Avec 17 500 000 habitants pour une superficie voisine de 450 000 km2, le Maroc a une densité de population de 39 habitants au kilomètre carré. Entre le milieu du xvie s. (3,8 à 4 millions d’habitants) et le début du xxe s. (4 800 000), cette population avait peu évolué. Elle a plus que triplé en 70 ans, et le taux d’accroissement moyen annuel est voisin de 3 p. 100. Le nombre des étrangers, de l’ordre de 480 000 personnes en 1956, année du retour à l’indépendance, n’était plus que de 112 000 en 1970.


Les paysages naturels

La position en latitude, entre les 36e et 27e parallèles, la double façade maritime et une organisation orographique caractérisée par l’existence d’un grand axe montagneux central valent au Maroc un dispositif géographique en quadrillage. Le Maroc participe des quatre grands domaines structuraux qui intéressent l’Afrique du Nord : socle saharien., Meseta, Atlas, complexe rifo-tellien.

À l’extrême sud du pays, un large bombement du socle saharien porte l’Anti-Atlas à 2 531 m, provoquant le dégagement d’un relief appalachien avec des crêtes parallèles de quartzites, de grès et de calcaires. Plaines et plateaux atlantiques ont pour support la Meseta, table résultant des phases de pénéplanation qui suivirent les plissements hercyniens. Des déformations d’âges tertiaire et villafranchien ont soulevé le Plateau central (ou massif d’Oulmès [Ulmās]) au-delà de 1 600 m. Vers le littoral, une frange de cordons dunaires est particulièrement apte aux cultures maraîchères. Vers le nord, le plateau du Saïs correspond à une dalle de calcaire lacustre déposée au Villafranchien, tandis que la plaine du Rharb est un bassin de subsidence remblayé au Quaternaire récent par les alluvions du Sebou.

Le bourrelet axial des Atlas a subi diverses phases de plissement avant d’être soulevé par d’amples mouvements au Villafranchien. Dans le Haut Atlas occidental, le bâti hercynien donne une apparence de lourdeur aux parties sommitales, même là où les glaciations quaternaires ont avivé les formes, comme au Toubkal (Ṭubqāl) [4 165 m]. Le Haut Atlas central doit son allure tabulaire aux épaisses couches de calcaires jurassiques et crétacés (4 071 m au M’Goun [Mgūn]). Si le djebel Ayachi (‘Ayāchī) a encore belle allure, avec ses 3 751 m, au-delà le Haut Atlas oriental se décompose en chaînons bas, enserrant des plaines comme celle du Tamlelt (Ṭāmlīlt). Le Moyen Atlas doit ses aspects jurassiens à la rigidité et à la porosité de ses calcaires d’âge secondaire, responsables du développement de phénomènes karstiques, ainsi qu’à l’ordonnance générale, tabulaire à l’ouest, plissée à l’est (Bou Naceur [Bū Nāṣir], 3 354 m ; Bou Iblane, 3 190 m) ; ses aspects auvergnats sont en rapport avec les cônes et les coulées volcaniques du Quaternaire.

Dans l’axe rifain, la fluidité des matériaux, à dominante de schistes et de marnes, la puissance des mouvements tectoniques, charriages au Tertiaire, soulèvements verticaux au Villafranchien (2 452 m au Tidirhine [Ṭīdīrhīn]), et la proximité du niveau de base marin se combinent pour favoriser le développement d’une intense érosion.

Les régimes climatiques vont du type méditerranéen humide aux rigueurs sèches de l’ambiance saharienne. La protection de deux cellules d’air tropical stable (anticyclones des Açores et du Sahara) maintient le pays, pendant une grande partie de l’année, dans une situation de beau temps sec, coupé d’invasions torrides de chergui (chardjī : vents d’est). En hiver, le repli des anticyclones laisse place aux pulsions d’air polaire qui peuvent apporter la neige en plaine jusqu’au Rharb (exceptionnellement), en montagne jusque dans l’Anti-Atlas, au-delà de 1 500 m.

C’est la durée et la rigueur de l’aridité estivale qui commandent la distribution des domaines bioclimatiques. Le domaine humide, celui où la pluviométrie dépasse 800 mm, comprend l’axe Rif-Moyen Atlas, où, à l’état naturel, se succèdent de haut en bas forêts de cèdre, de sapin, de chêne vert (avec localement des peuplements de chêne à feuilles caduques, zéen ou tauzin), de chêne-liège ; au-dessus de 1 500 m, l’enneigement peut durer deux mois. Le domaine subhumide, entre 800 et 500 mm, intéresse le Pré-Rif et les plaines atlantiques jusqu’au niveau de Casablanca : c’est le secteur de la grande culture céréalière en sec (culture bour [būr]), faisant alterner cultures d’automne et de printemps sur les sols fertiles : tirs (tīr) noirs, hamri (hamrī) rouges, dhess (deḥs) gris, tandis que, sur les sables (rmel [ṛaml]) s’est maintenue, dans la Mamora (Ma‘mūra), la seule grande forêt de chêne-liège des plaines marocaines. Dans le domaine semi-aride, entre 500 et 300 mm (Saïs, plaines atlantiques, de la Chaouïa au Haut Atlas, partie septentrionale de l’Oriental), les aléas de la culture en sec sont déjà très élevés. D’Essaouira à Ifni, l’arganier, arbre relique, est un élément marquant du paysage. Le domaine aride (de 300 à 100 mm) est représenté, au nord de l’Atlas, par la cuvette du Haouz ; vers le sud, il passe rapidement au domaine saharien, avec les hamadas (ḥammāda), vastes surfaces tabulaires, souvent couvertes de regs (‘arq), épandages fluviatiles ou couverture de désagrégation, tandis que, dans les dépressions, le vent accumule le sable en barkhanes ; le seul erg qui se situe au Maroc, l’erg Chebbi, paraît encore modeste par rapport aux immenses étendues sableuses du Sahara algérien.

J. L. C.