Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Marne. 51 (suite)

Les autres centres sont dispersés : Vitry-le-François (20 092 hab.) a quelques grandes usines (lait, bois, mécanique) et se trouve actuellement être le plus grand carrefour potentiel de la Marne (R. N. 4, canal, voie ferrée Paris-Strasbourg). Sainte-Menehould (6 096 hab.), ville de l’Argonne, a connu un progrès rapide grâce à l’industrialisation (plastiques, construction électrique et mécanique). À l’autre extrémité, Sézanne, sur la R. N. 4 (6 548 hab.), est aussi un centre industriel (produits réfractaires, adhésifs, bonneterie et surtout optique). D’autres petites villes, comme Fère-Champenoise, en pleine Champagne crayeuse, ou Fismes (4 395 hab.), au nord-ouest, sur la Vesle, ont également des fabrications variées.

Un gros effort a été fait pour la construction de logements, qui a contribué à attirer des usines. Un autre effort est fait pour l’amélioration des communications. La Marne dispose de trois voies d’eau (Marne canalisée, divisée à l’est entre canal de la Marne à la Saône et canal de la Marne au Rhin ; canal de la Marne à l’Aisne, Aisne canalisée), mais à petit gabarit. La R. N. 4, surtout au sud, et la R. N. 3 au centre ont un trafic important, quoique celui de la R. N. 44 croisse plus vite, surtout entre Reims et Châlons. On attend beaucoup de l’ouverture (1976) de l’autoroute A 4 Paris-Metz-Strasbourg, qui, remontant de Château-Thierry à Reims et traversant la ville, redescend pour longer Châlons avant de filer vers Verdun par Sainte-Menehould ; et peut-être, plus tard, de Calais-Dijon par Reims et Châlons. Hors la grande voie Paris-Strasbourg, deux axes ferroviaires sont actifs, Épernay-Reims-Charleville-Luxembourg-Allemagne et Calais-Dijon par Reims et Châlons. L’ensemble tisse un réseau qui est surtout alimenté par le transit entre Paris et l’Est, mais qui profite au département, en particulier dans la Z. A. N. C.

R. B.

➙ Châlons-sur-Marne / Champagne-Ardenne / Reims.

Marne (Haute-). 52

Départ. de la Région Champagne-Ardenne* ; 6 216 km2 ; 212 304 hab. Ch.-l. Chaumont. S.-pr. Langres et Saint-Dizier.


La Haute-Marne est centrée sur la vallée supérieure de la Marne. Elle est en position de contact entre Lorraine, Bourgogne et Champagne. Historiquement, elle relève pour l’essentiel de la Champagne, à laquelle échappaient les marges méridionales et orientales. Elle est également partagée entre les bassins de la Seine, de la Meuse et du Rhône. Mais cette position relève moins du carrefour que d’une situation excentrée qui la laisse relativement isolée, et partagée entre l’attraction de Reims, Nancy, Dijon, voire Troyes.

Son territoire correspond à la partie la plus élevée du Bassin parisien. Il est surtout fait de plateaux calcaires, généralement au-dessus de 350 m. Deux larges tables dominent : les plateaux du Barrois (calcaire portlandien) et le plateau de Langres (bathonien-bajocien), séparés par une dépression assez continue (marnes oxfordiennes) qui s’élargit du N.-E. (Andelot) au S.-O. (Châteauvillain). Ces plateaux se terminent vers le S.-E. par deux grandes cuestas. Le plateau de Langres domine ainsi un ensemble assez confus de collines et de bas plateaux découpés par les affluents de la Saône. Par contre, au nord, la Haute-Marne englobe une partie de la craie marneuse de Champagne humide, qui porte les étangs et la zone boisée du Der (et où s’est construit, englobant l’ancien lac de Champaubert, le barrage « Marne » destiné à régulariser les débits et à servir de base de loisirs) et une partie des larges épandages alluviaux de la période froide qui forment le Perthois.

L’ensemble, assez frais et arrosé, est très forestier (40 p. 100 de la surface), et des reboisements en conifères s’y ajoutent, surtout sur les bords de plateaux et les hauts versants, recolonisant les friches, anciennes vignes et anciens vergers. C’est un atout pour le tourisme calme (colonies de vacances, petits camps), qui bénéficie également de quelques sites et monuments : Joinville, Vignory, Langres ; haute vallée de l’Aube avec Auberive et Rouvres-sur-Aube, station thermale de Bourbonne-les-Bains (3 310 hab.), Colombey-les-Deux-Églises.

Les plateaux sont cultivés par d’assez grandes exploitations céréalières qui s’orientent de plus en plus vers l’élevage laitier. Celui-ci est la grande affaire des bas plateaux et collines du sud-est, autour du Bassigny, où le paysage verdoyant a des allures de bocage, où l’habitat tend à se disperser, où les exploitations sont plus petites (25 ha), les densités de population plus fortes, mais en diminution assez rapide. Aussi les produits animaux l’emportent-ils largement (80 p. 100 du produit agricole), surtout le lait (36 p. 100) pour le fromage industriel de type emmenthal, en grand progrès grâce au premier troupeau laitier de la Champagne (106 000 vaches). Prés et labours se partagent également la surface utilisée par 7 500 exploitations (moyenne 40 ha).

En fait, la plus grande partie de la population, même rurale, est employée dans l’industrie. Avant la révolution industrielle, grâce au fer des terrains jurassiques et aux bois, la Haute-Marne était, avec sa voisine la Côte-d’Or, à la tête de la production sidérurgique française. Il en reste une orientation marquée vers la métallurgie. Celle-ci comporte une série d’usines : dans la vallée de la Blaise, commandée par Wassy ; dans la vallée de la Marne (Bologne, Frondes, Joinville, environs de Chevillon) ; autour de Nogent (5 324 hab.), qui s’est spécialisée avec succès dans la coutellerie et les instruments chirurgicaux ; et surtout à Saint-Dizier (laminage, tréfilerie Sidelor [2 000 emplois]). Saint-Dizier (39 815 hab.) a, en outre, reçu après la guerre la plus grande usine de toute la Champagne-Ardenne (machines agricoles IHF McCormick [2 200 emplois]), un peu lourde pour la ville, et compte aussi une fabrique de produits glacés. Les autres usines notables concernent le bois et les fromages.

Le réseau urbain est morcelé, mais les villes principales sont sur l’axe de la Marne, qui réunit voie ferrée (Calais-Dijon), une route fréquentée (R. N. 67), mais sinueuse, le canal de la Marne à la Saône (1 Mt).

Un autre axe traverse le département : la voie ferrée Paris-Bâle par Troyes et Chaumont. Deux autres axes essentiels ne font que l’écorner : le faisceau Paris-Strasbourg ne laisse à Saint-Dizier que la R. N. 4 ; la voie ferrée Nancy-Dijon remonte la Meuse et rejoint Calais-Dijon à Culmont-Chalindrey, qui vit surtout du triage (4 400 hab.).

Saint-Dizier est donc la ville la plus peuplée. Capitale d’un ensemble essentiellement industriel, elle s’oriente plutôt vers Reims et s’associe plus ou moins à Vitry-le-François et à Bar-le-Duc.