Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Malaysia (suite)

Lorsque les Britanniques débarquent de nouveau, après la défaite du Japon (sept. 1945), ils se heurtent bien vite à l’opposition de ces maquis chinois, fortement nourris d’idéologie communiste et désireux de continuer la lutte jusqu’à l’instauration d’un État indépendant et socialiste. La révolte, qu’on appelle l’emergency, dure de 1948 jusqu’en 1960. Les Anglais (avec leur haut-commissaire, le général Gerald Templer, 1952-1954) parviennent néanmoins à rallier une bonne partie de l’opinion en faisant procéder aux premières élections en 1955 et en accordant l’indépendance en 1957 (31 août). Le principe de la fédération (persekutuan) réunissant les divers États de la péninsule sans Singapour est maintenu. La fonction suprême de yang di-pertuan agong est confiée à l’un des sultans élu par ses pairs (avec un système de roulement inspiré des principes en usage au Negri Sembilan) ; la charge de Premier ministre est remise au Tengku Abdul Rahman (né en 1903), un prince de la famille royale de Kedah, dont le parti politique, l’UMNO (United Malays National Organization), a obtenu la majorité des voix. Abdul Razak (1922-1976), de 1970 à 1976, puis Hussein Onn (né en 1922), tous deux membres de l’UMNO, lui succéderont.

Comme, à Singapour, le parti de Lee Kuan Yew (né en 1923) insiste pour que la cité soit intégrée à la fédération, et que les Malais de la péninsule ne se soucient point de lier leur avenir à cette métropole en majorité chinoise, le parti malais du Tengku et ses conseillers britanniques lancent l’idée d’une plus grande fédération, incluant également les possessions anglaises de la côte septentrionale de Bornéo. C’est ainsi que la Malaysia est créée le 16 septembre 1963. Après en avoir fait partie pendant deux ans, Singapour s’en retirera le 9 août 1965 pour former une république complètement indépendante.

Sur le plan économique, il faut insister sur les progrès indiscutables accomplis au cours de ces dernières années. Relativement peu peuplée, la Malaysia peut lutter efficacement contre le sous-développement : nouveau développement de l’hévéaculture, mise en valeur des ressources forestières, construction d’une industrie légère à Petaling Jaya (aux portes de Kuala Lumpur). Néanmoins, le caractère « pluri-ethnique » de la population continue à poser de graves problèmes (émeutes raciales anti-chinoises de mai 1969), de même que la permanence de maquis communistes.

D. L.


La littérature

V. Indonésie.

➙ Asie de la mousson / Bornéo / Empire britannique / Indonésie / Java / Singapour.

 P. Quanjer, Beknopte Volkenkunde van Nederlansch Indië (La Haye, 1932 ; trad. fr. Mœurs et coutumes de la Malaisie, Payot, 1939). / J. Kunst, The Peoples of the Indian Archipelago (Leyde, 1946). / C. Robequain, le Monde malais (Payot, 1946). / J. M. Gullick, Indigenous Political Systems of Western Malaya (Londres, 1958 ; 2e éd., 1965). / S. Runciman, The White Rajahs, a History of Sarawak from 1841 to 1946 (Cambridge, 1960). / P. Wheatley, The Golden Khersonese (Kuala Lumpur, 1961 ; rééd., 1966). / R. O. Winstedt, A History of Malaya (Singapour, 1962). / S. M. Naguib Al-Attas, Some Aspects of Sufism as Understood and Practised among the Malays (Singapour, 1963). / K. G. Tregonning, A History of Modern Malaya (Singapour, 1964) ; A History of Modern Sabah, 1881-1963 (Singapour, 1965). / W. R. Roff, The Origins of Malay Nationalism (Kuala Lumpur, 1967). / Sandhu Kernial Singh, Indians in Malaya. Some Aspects of their Immigration and Settlement (Cambridge, 1969). / L. R. Wright, The Origins of British Borneo (Hong Kong, 1970). / J. Dupuis, Singapour et la Malaysia (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1972).


L’art de la Malaisie

L’art de la Malaisie n’apparaît comme vraiment original que dans ses manifestations populaires, artisanales ou tribales, toutes représentées seulement par des œuvres généralement récentes.

La Malaisie doit aux conditions géographiques — qui en ont toujours fait une zone de passage obligée en même temps qu’un lieu attractif pour des populations aussi différentes par leur culture que par leur origine — l’extrême diversité de cet art. Témoignant, depuis la préhistoire jusqu’aux temps modernes, de changements successifs et souvent radicaux, les vestiges archéologiques n’y sont qu’un fidèle reflet d’une histoire façonnée par les continuels mouvements de peuples conquérants, colons, ou simplement migrants... Cinq grandes périodes peuvent être ainsi distinguées.


La préhistoire

Elle est fort bien représentée, encore que l’âge de la pierre soit pratiquement inconnu dans le Sud ; on distingue : le Paléolithique, avec le Tampanien (galets retouchés de Kota Tampan, Perak), rapproché des premières industries à éclats du Sud-Est asiatique ; le Mésolithique (cavernes et abris-sous-roche du Centre et du Nord), apparenté à la culture hoabinhienne (Viêt-nam* du Nord) ; le Néolithique (sépultures des abris-sous-roche : Kelantan, Perlis), avec poterie, outillage et parures lithiques polis, d’une belle qualité et très diversifiés, évoquant souvent la culture de Bân Khao (Thaïlande*) et ses réminiscences lungshanoïdes.


La protohistoire et la pénétration indienne

Les rares mégalithes (Pengkalan Kempas) et quelques peintures et gravures rupestres (Ipoh) demeurent mal datés. L’âge du bronze est représenté par un matériel importé peu abondant et fort proche de celui de Dông Son*. L’âge du fer est connu par deux groupes : l’un (Perak), avec outillage de fer particulier, fosses délimitées par des dalles, barques utilisées comme sépultures, est de culture indigène ; l’autre (Kedah, Wellesley) révèle les premiers apports indiens. Paraissant provenir du sud de l’Inde*, ils rappellent en partie le matériel, considéré comme founanais, d’Oc-èo (v. Cambodge). Peu de témoins remontent à une date plus haute que le ive s., et les rares images du Bouddha recueillies (bronze) ne sauraient être datées que des vie-viie s.