Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Malaysia (suite)

La prépondérance indonésienne

C’est à la domination du royaume de Śrīvijaya que doivent être attribués de rares vestiges de sanctuaires de dimensions modestes (Chaṇḍi Bukit Batu Pahat) présentant une parenté avec quelques fondations de Sumatra, et divers bronzes de facture souvent remarquable mais purement indonésienne (Avalokiteśvara de Bidor, Perak). Si la domination des souverains de Majapahit (xive s.) n’a guère laissé plus de traces que la suzeraineté du royaume d’Ayuthia*, les témoins d’un intense commerce d’importation abondent dès cette période : céramique chinoise (Tang, Song, Ming) et thaïlandaise (Sukhothai, Ayuthia), verrerie de l’islām...


L’implantation de l’islām

Kota Tinggi serait l’établissement le plus ancien, mais c’est surtout Johore Lama, abandonnée à partir du xviie s., qui conserve des vestiges témoignant de l’activité ancienne (cité fortifiée édifiée vers 1540).


La colonisation européenne

Malacca, prise par les Portugais en 1511, puis par les Hollandais en 1641, préserve les restes de constructions inattendues sous cette latitude : ruines des fortifications et de l’église portugaises, ensemble de maisons du xviie s. de style purement hollandais...


Le Sarawak

À Bornéo, le riche passé pré- et protohistorique du Sarawak (Niah, Santubong) paraît étroitement apparenté, mais non similaire (microlites, outils et parures d’os), à celui de la Malaisie et des Philippines. La propagation du bouddhisme y est attestée par les mêmes témoins qu’en Malaisie et au Cambodge (Bouddha de Santubong, viie s.).

J. B.

➙ Cambodge / Indonésie / Thaïlande.

 M. W. F. Tweedie, Prehistoric Malaya (Singapour, 1955). / Guide to Ancient Monuments and Historic Sites (Kuala Lumpur, 1959). / T. Harrison et S. O.’Connor, Excavations of the Prehistoric Iron Industry in West Borneo (Ithaca, N. Y. 1969).

Maldives

État insulaire de l’océan Indien.


Les Maldives (ou Māldvīpa [287 km2, 125 000 hab.]) constituent avec leurs voisines Minicoy et les Laquedives l’un des archipels situés au sud-ouest de l’Inde et de Ceylan. À quatre cents miles environ de Colombo, elles s’étendent en latitude de 7° 10 N. à 0° 40 S. Extrêmement émietté, l’archipel compte de dix à douze mille îles, îlots et récifs, dont 220 sont habités.

Ce sont exclusivement des formations coralliennes, reposant, comme les Laquedives, sur des hauts fonds de l’océan Indien, qui pourraient résulter d’un soulèvement volcanique ou du prolongement sous-marin de la très vieille chaîne des Arāvalli. Elles sont constituées par un groupe de dix-sept atolls, qu’un vaste récif-barrière enveloppe complètement et protège de la houle (le mot atoll est indigène : atoll en malayālam, langue des Laquedives, et atollu en maldivien). Soumises à un climat équatorial humide et aux températures modérées, elles sont affectées par le rythme annuel de la mousson, qui joue un très grand rôle dans la vie des habitants.

Les habitants, les Māls, appartiennent à une race au teint foncé, de type cinghalais, métissé d’éléments arabes et négroïdes (ce dernier élément étant dû au trafic d’esclaves africains qui se faisait dans le passé). Leur langue, apparentée à l’ancien cinghalais (se rattachant donc à la famille indo-aryenne), mais avec un important mélange de termes arabes, urdūs, malayālams, s’écrit dans un alphabet particulier. Cette population se groupe surtout dans les principales îles, notamment dans l’atoll de Mālé, la capitale (cette unique ville compte de 11 000 à 12 000 hab.). Elle est entièrement musulmane. La civilisation a été fortement marquée par l’influence islamique depuis l’époque de la thalassocratie musulmane. L’emprise européenne est restée limitée. Protectorat britannique de 1887 à 1965, les Maldives redeviennent alors un sultanat indépendant ; elles ont un gouvernement républicain depuis le 11 novembre 1968. Les Britanniques conservent cependant le droit d’utiliser une base aérienne sur l’île de Gan dans l’atoll d’Addu (le dernier des atolls du Sud).

Avec une densité supérieure à 400 habitants au kilomètre carré, qui apparaît modérée en comparaison de celle des Laquedives (plus de 1 000), les Maldives sont cependant un pays surpeuplé, qui doit demander de plus en plus ses moyens d’existence à la mer. Sur un sol corallien pauvre, où croissent partout les cocotiers, les débris de palmes de ces arbres ont servi à constituer l’humus des jardins, où l’on cultive des millets, des bananiers, des jaquiers, des ignames. La pêche, de caractère artisanal, produit surtout des thons, des bonites, des holothuries, des tortues. Les principales industries sont la production artisanale du kaïr (fibre de noix de coco) et la construction d’embarcations à voiles : mais cette dernière activité n’a plus l’importance qu’elle avait au Moyen Âge, lorsque le royaume de Vijayanagar achetait ses bateaux aux Maldives. Les relations commerciales se font avec Colombo et les ports du Kerala, les Maldives exportant du kaïr et des produits de la mer, achetant du riz et des produits fabriqués. Deux bateaux par mois relient Colombo à Mālé en 48 heures. L’aérodrome de Hululé, près de Mālé, permet une liaison aérienne hebdomadaire avec Colombo. Des embarcations à voiles assurent en permanence la liaison de Mālé avec les atolls.

Les ressources locales ne suffisent pas à faire vivre une population croissante. Excellents marins, les Māls s’engagent dans les équipages des compagnies de navigation étrangères. De plus, la scolarisation obligatoire transforme progressivement l’esprit de la population et annonce un changement dans les conditions de vie. Le tourisme peut devenir une ressource appréciable ; une station a été aménagée récemment dans l’île de Bandos (atoll de Mālé).

J. D.

 A. Agassiz, The Coral Reep of the Maldives (Cambridge, Mass., 1903). / S. J. Gardiner, The Fauna and Geography of the Maldive and Laccadive Archipelagoes (Cambridge, 1903-1906 ; 2 vol.). / A. Gaudio, À la recherche des îles ignorées, du Radjastan aux Maldives (Julliard, 1956). / G. Fouquet, À Ceylan et aux Maldives (Hachette, 1975).